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Par Michaëlla Seblin
11 octobre 2025 20:53
L’indécence justifiée par la loi ! C’est le Premier ministre lui-même qui, interrogé sur les Rs 5,5 millions, obtenues par Sithanen, ancien gouverneur de la Banque de Maurice, brandit le bouclier commode de la légalité. Comme si la loi suffisait à rendre acceptable ce qui, dans le fond, constitue une insulte à la moralité.
Certes, cette somme n’est que l’application d’un contrat. Certes, les blasés diront que ces quelques millions ne représentent pas grand-chose par rapport au salaire que percevait l’ancien Gouverneur de la Banque de Maurice. Mais ce chèque rappelle surtout que les pratiques demeurent inchangées, quels que soient les gouvernements ou leurs promesses de rupture.
Faut-il réellement perpétuer ces lois accordées à une poignée de privilégiés qui n’éprouvent aucune gêne à encaisser des millions provenant d’une caisse publique que l’on dit pourtant vide, après à peine dix mois de service ? Est-ce parce qu’on a toujours fait ainsi qu’il faudrait continuer, avec ces avantages favorisant une élite, dans un pays qui aspire à plus d’équité ? Le changement promis ne devait-il pas passer également par là ?
Cette manière de faire renvoie l’image d’un gouvernement pour qui la solidarité nationale (réclamée à la population à l’heure du Budget) concerne uniquement les citoyens ordinaires tandis que l’autre catégorie, celle des puissants, sera toujours protégée par un filet valant plusieurs millions lors d’éventuelles chutes !
D'un côté donc, les travailleurs à qui on demande de s’éreinter jusqu’à 65 ans parce que l’économie nationale est au bord de l’asphyxie, parce que le précédent gouvernement a maquillé les comptes et distribué généreusement ; de l’autre, on récompense un ancien responsable d’un corps para-étatique forcé de lev pake ale… Pourquoi n’invoque-t-on pas ici ce fameux intérêt supérieur du pays en faisant appel au sens patriotique de Sithanen – dont le salaire se comptait déjà par centaines de milliers de roupies mensuellement – afin qu’il ne s’enrichisse pas sur le dos des citoyens ?
Au-delà de ce cas, est-ce qu’on ne devrait pas saisir ce moment pour remettre en cause tous ces bénéfices, ces clauses abusives en inadéquation avec notre temps et qui relèvent d’une culture politique dépassée, illustrant des notables qui se protègent entre eux ? N’est-il pas temps d’apporter d’éventuelles réformes aux postes de ces hauts fonctionnaires du secteur public pour que la loi ne soit plus un paravent cachant l’immoralité institutionnalisée ?
C’est parce que la population ne pouvait plus supporter l’arrogance et les abus de l’ancien gouvernement que Ramgoolam et les siens ont été portés au pouvoir par une écrasante majorité. Or, graduellement au fil des mois, c’est un sentiment de trahison qui s’installe envers une équipe ne pouvant se débarrasser des agissements d’antan !
Il y a ceux qui n’ont pas le sens des valeurs, de la dignité et de l'honneur ! Et puis, il y a les autres, ceux-là qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, mais qui, dans l’ombre, font avancer à leur manière le pays.
C’est Noémi Alphonse, notre immense championne de para-athlétisme, qui, de retour des Championnats du monde, après avoir fait flotter notre drapeau national, remerciait chaleureusement son préparateur mental. Celui-ci, Sébastien Mallart, a fait le déplacement en Inde à ses frais ! On découvre aujourd'hui que l'accompagnement s'est avéré nécessaire pour celle qui a obtenu un second titre consécutif de championne du monde de para-athlétisme. Et ici pas de contrat juteux, pas de prime, juste du cœur et de l’engagement !
Un geste admirable qui donne espoir et qui apporte son lot d’enseignements : certains se servent, d’autres servent ! La décence ne s’achète pas, l’indécence est souvent justifiée par la loi !
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