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La retraite à 65 ans ou le désenchantement post 60-0 !

21 juin 2025

Déception et questionnements ! Les deux manifestations qui ont eu lieu ce samedi – pour dire non au report de l’âge de la pension de vieillesse à 65 ans – cristallisent le désenchantement grandissant d’une population qui avait placé toute sa foi dans ce nouveau gouvernement, en lui offrant une victoire historique de 60-0. Il n’aura fallu que sept mois pour que l’équipe du Changement se retrouve dans une voie impopulaire. Une conséquence directe d’une série d’illusions vendues pendant la campagne électorale et d’un réveil brutal face à une réalité économique plus rude que prévu. Résultat : les promesses non tenues faites durant la campagne creusent graduellement une fracture avec le peuple.

Les exemples ne manquent pas : le ciblage controversé du 14e mois en décembre dernier, le transport et l’internet gratuit toujours attendus, la non-révision des prix des médicaments, l’absence de réel soulagement du panier de la ménagère malgré des annonces de baisses sur certains produits surgelés ou en conserve lors du dernier Budget. Doit-on ajouter la réforme constitutionnelle, dont le délai est déjà dépassé sans explication valable ? Ou encore l’engagement du Premier ministre – qu’on attend toujours de voir se concrétiser –, pris le 12 mars dernier, de se présenter devant la population tous les 100 jours pour «explik ou kouma travay-la pe progrese, ki manier bann proze pe fer, tenir ou o kouran seki gouvernnma pe fer pou ou» ?

Si pour l’heure on attend ce premier rendez-vous, le gouvernement prend le risque – en pleine conscience – de décevoir la population sur un sujet fondamental : la pension universelle à 60 ans, considérée comme un droit acquis. Selon les perspectives, cette décision peut être qualifiée de courageuse ou de trahison. Mais force est de constater qu’elle a été vécue comme un véritable coup de poignard dans le dos d’un peuple qui n’y était pas préparé. Le fameux «BLD», entre autres slogans entendus ce samedi dans les rues de Port-Louis et de Rose-Hill, ainsi que la menace d’une éventuelle grève des travailleurs témoignent d’une déception populaire.

C’est fort de leur score de 60-0 et face à une opposition morcelée que Ramgoolam et son équipe ont adopté, dès le début de leur mandat, une mesure impopulaire dans l’espoir que les résultats économiques à moyen terme effaceront ces premiers mauvais souvenirs. Est-ce qu’ils comptent sur la mémoire courte de l’électorat, espérant que d’ici le troisième ou quatrième Budget, la pilule sera digérée ? Toujours est-il que le refus – jusqu’ici – de revenir sur cette décision indique la volonté d’un gouvernement (trop sûr de lui ?) prêt à assumer les conséquences de son acte. Seule la création de deux comités, chargés de traiter certaines catégories de personnes (femmes au foyer, handicapés, ou pratique de quelques métiers pénibles), a été proposée. Une solution perçue comme un ciblage déguisé, loin d’un traitement égal pour tous.

Sauf qu’à voir les foules – plutôt honorables à Rose-Hill et à Port-Louis (où il y a eu une tentative de récupération politique d’un MSM démagogue), il est clair que ces décisions ne suffiront pas à apaiser la rue. D’autant qu’il y a un sentiment d’avoir été trompé. Comme s’il faut faire payer au citoyen une crise économique qu’il n’a pas créée – situation héritée de l’ancien régime – pendant que les nouveaux dirigeants ne donnent aucun signal de sacrifice.

«Eski gouvernnma pe ser sintir ?» s’est demandée une intervenante lors de la marche organisée par la plateforme citoyenne à Rose-Hill. Elle ne fait que reprendre ce qui n’échappe à personne depuis l’arrivée de la nouvelle équipe : aucune réduction du train de vie de ses élus, pas d’effort pour réduire les salaires des ministres, aucun frein sur les nominations partisanes. Le copinage semble avoir seulement changé de couleur politique. Du coup, l’impression de trahison persiste. Alors qu’en novembre dernier, c’était l’espoir, la foi, les rêves, aujourd’hui, le réveil, la désillusion, la réalité semblent brusques. La rue parle et dit son amertume teintée d’un sentiment d’avoir été utilisé.

La confiance commence à s’effriter. C’est l’heure de la déception et des questionnements…

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