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L’affaire «Reward Money»

L’ACP Lilram Deal fixé sur sa demande de libération conditionnelle ce 1er juillet

28 juin 2025

Ce haut gradé est détenu à Moka après son arrestation pour blanchiment d’argent allégué.

Cet Assistant Commissaire de Police est accusé de blanchiment d’argent dans le cadre du scandale du Reward Money où il est soupçonné d’avoir détourné des primes policières pour un usage personnel. La FCC s’oppose à sa libération conditionnelle, craignant une fuite, la falsification de preuves ou l’influence sur des témoins. Son audition reprend ce 1er juillet.

Celui qui était jusqu’à récemment à la tête de l’unité antiterroriste est actuellement au cœur d’une affaire de blanchiment d’argent liée au scandale du Reward Money. Accusé provisoirement sous plusieurs sections du Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, l’assistant commissaire de police (ACP) Lilram Deal est maintenu en détention au centre de Moka en attendant la décision de la Financial Crimes Division concernant sa demande de remise en liberté conditionnelle, attendue pour mardi prochain.

L’enquête ouverte par la Financial Crimes Commission (FCC) pour détournement de fonds publics allégué a en effet conduit à l’arrestation de l’ACP Deal, âgé de 51 ans. L’organisme anticorruption soupçonne que des primes policières destinées à rémunérer des informateurs ont été détournées à des fins personnelles. Une somme de Rs 4,587 millions retrouvée sur un compte bancaire conjoint de l’ACP Deal et de son épouse serait, selon la FCC, le produit d’un crime. L’enquête a également révélé que Rs 2,087 millions, provenant toujours du Reward Money, auraient été utilisées pour l’achat d’un terrain et pour des travaux de construction. Les bénéficiaires de ces transactions n’ont pas encore été identifiés. Les autorités ont requis, pour cela, des titres de propriété, des bons de paiement et d’autres documents auprès des banques concernées.

Lors des débats entourant la motion de remise en liberté conditionnelle de l’ACP Deal, devant la magistrate Naazish Sakauloo au tribunal de Port-Louis, l’avocat de la FCC, Me Gheerish Bundhoo, s’est fermement opposé à cette éventualité. Les trois principaux motifs d’objection évoqués par Robert Seeruttun, Acting Head du département d’enquête de la FCC sont : le risque d’interférence avec des témoins ; le risque de falsification de preuves ; le risque élevé de fuite à l’étranger du fait que le suspect a de la famille à l’extérieur du pays. Le haut-gradé de la police a d’ailleurs effectué plus de 42 voyages internationaux au cours des cinq dernières années.

Secret d'État

Lors de l’audition, Robert Seeruttun a aussi déclaré que deux autres hauts gradés de la police seraient impliqués dans cette affaire, dont l’un aurait perçu Rs 500 000 du Reward Money. La crainte que Lilram Deal influence ces témoins est au cœur des préoccupations de la FCC. Face à ces arguments de taille, Me Roshi Bhadain, avocat du suspect, a mené un contre-interrogatoire vigoureux. Il a tenté de démontrer que l’argent retrouvé sur le compte de son client pouvait légalement lui appartenir, mais l’enquêteur Robert Seeruttun a répondu : «I don’t agree.»

L’avocat a ensuite soulevé un autre point sensible : la détention par la FCC de documents classifiés relevant du secret d’État, obtenus lors d’une perquisition. Il a invoqué la section 3(2) de l’Official Secrets Act de 1972 pour contester leur utilisation. Deux fonctionnaires affectés à la Security Division du Prime Minister’s Office se sont déplacés le 24 juin pour réclamer ces documents. Me Bundhoo a immédiatement demandé le retrait de la question du débat. La FCC insiste sur la gravité des accusations et les risques que pose une libération, tandis que la défense continue de contester les éléments présentés.

L’ACP Deal est connu pour sa proximité avec l’ancien régime ; il occupait d’ailleurs un bureau au Prime Minister’s Office et était pressenti comme potentiel commissaire de police en cas de victoire de l’ancien gouvernement aux élections de novembre 2024. Transféré de la cellule antiterroriste à l’Eastern Division après l’arrivée du nouveau gouvernement, son nom circulait déjà, depuis un moment, dans le cadre de certaines affaires controversées. Il est notamment soupçonné d’avoir effectué plusieurs voyages à l’étranger financés par des fonds publics et d’avoir tiré personnellement profit du système de *Reward Money. *

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