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Par Cloé L'aimable
30 mars 2025 10:09
«Pa peur, mo la mem, Constable Caramben.» Ce message, qui pourrait sembler anodin pour certains, a pourtant été une vraie libération pour une jeune femme enceinte. Ces mots griffonnés sur un bout de papier et envoyés au bon moment ont suffi à apaiser une situation potentiellement dangereuse. Le constable Sivaraj Caramben, par son courage et son humanité, nous rappelle l’essence même de son métier : protéger et servir. Parfois un simple geste peut faire toute la différence. Il nous raconte cette mésaventure qui s’est bien terminée et qui l’a mis au-devant de la scène cette semaine.
Dans un monde où l’indifférence gagne du terrain, son acte de bravoure est une lueur d’espoir, un rappel que l’humanité a encore toute sa place. «Je me suis sentie protégée, comme si un ange gardien veillait sur moi et mon bébé», confie sur les réseaux sociaux une jeune femme enceinte, profondément reconnaissante envers le constable Sivaraj Caramben. Connu sous le surnom de Hissen, ce policier de 32 ans n’a pas hésité à venir en aide à cette femme en détresse, ce mercredi 26 mars, dans un autobus en direction de l’Est.
Après sa journée de travail ce jour-la, vêtu en civil, il a pris le bus comme à son habitude et s’est installé sur la huitième banquette, une place pour deux. Mais très vite, une scène inhabituelle a attiré son attention. Une jeune femme enceinte, assise juste devant lui, semblait mal à l’aise car un homme d’une trentaine d’années, initialement assis à l’arrière du bus, avait changé de place pour venir s’asseoir juste à côté d’elle, alors que plusieurs autres sièges étaient libres. «Monn remarke ki garson-la pa ti ena bon lintansion, parski linn kol pre ek madam-la. Telman linn koste pre ek li ki enn lot dimounn ti kapav asiz lor banket-la», raconte le constable Caramben.
L’homme, portant des lunettes teintées, fixait la jeune femme avec insistance, ce qui la mettait encore plus mal à l’aise. Très vite, la panique s’est emparée d’elle, son visage a rougi, elle s’est mise à transpirer. «Un policier a toujours l’instinct dans ce genre de situation», confie Caramben, qui a immédiatement compris qu’il devait intervenir. Sans attirer l’attention, il a sorti un stylo et un bout de papier, puis a griffonné quelques mots rassurants qu’il a glissé à la jeune femme : «Pa peur, mo la mem, Constable Caramben.» Ce simple message, discret mais puissant, a suffi à apaiser celle qui savait désormais qu’elle n’était pas seule.
Un parcours semé d’embûches
L’homme assis aux côtés d’elle a remarqué le geste du policier et son comportement aurait changé instantanément. Comme s’il venait de comprendre qu’il était sous surveillance, il s’est levé précipitamment et est descendu du bus au prochain arrêt, jetant un dernier regard au constable Caramben. La dame, jusque-là en proie à la panique, a retrouvé peu à peu son calme. Elle se sentait en sécurité. «Prise d’émotion, la dame m’a regardé avec les larmes aux yeux, m’a fait un signe de tête. J’ai tout compris», confie le policier avec humilité. Face à cet incident, le constable Sivaraj Caramben exprime d’ailleurs son inquiétude : «Sa ti kapav mo ser ou mem mo mama si li ti ankor la.» Ces mots résonnent comme un rappel que la violence et la peur peuvent toucher n’importe qui, et que la vigilance et l’entraide restent essentielles.
Le lendemain, sans s’y attendre, le policier a vu son histoire se propager sur les réseaux sociaux. La femme, qui se présente sous le prénom de Jen, a raconté son expérience et exprimé sa gratitude, le petit mot remis par le constable Caramben à l’appui. Très vite, une vague de messages de remerciement et de fierté envers le constable a envahi la toile. Pour Sivaraj Caramben, cette reconnaissance a une valeur immense. «La vie ne m’a pas toujours fait de cadeaux», confie-t-il. Ce jeune policier, qui vit avec son père malade et ses deux grandes sœurs dans leur modeste maison à la NHDC de St-Pierre, a traversé de nombreuses épreuves. Depuis la mort de sa mère en 2020, il veille sur son père qui est souffrant avec dévouement. Malgré les défis et les espoirs brisés, il n’a jamais baissé les bras. Avant d’entrer dans la police, il a dû enchaîner les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Diplômé en management, il a d’abord exercé comme marchand ambulant, puis laveur de voitures, tout en suivant des cours pour obtenir un diplôme en allemand.
C’est en 2016, alors qu’il lavait une voiture, qu’il a reçu la lettre qui allait bouleverser son destin : son admission dans la force policière. Gravissant les échelons avec détermination, il est promu sergent alors qu’il est posté au National Security Service (NSS) le 23 août 2023. Une grande fierté pour sa famille et lui. Mais son parcours n’a pas été sans embûches. «En 2024, mon père et moi avons été anéantis. J’ai été rétrogradé au rang de simple constable. C’était une épreuve difficile pour toute la famille.» Sa voix se brise en racontant cette période sombre. Aujourd’hui, pourtant, il est submergé par une vague d’encouragements. «Je n’aurais jamais cru recevoir autant de soutien des internautes… et surtout, voir mon père être très fier de son fils», dit-il.
«Mes parents m’ont toujours enseigné l’importance du respect envers les femmes. C’est pourquoi, en voyant cette femme en détresse, je n’ai pas hésité à lui venir en aide. Avant tout, c’est mon devoir de policier», ajoute-t-il. En ces quelques mots pour conclure, le constable Caramben rappelle un message essentiel : «Personne ne devrait se sentir seul face à une situation de danger ou d’inconfort. Vous avez votre cercle de soutien, votre inner circle. Ne pensez jamais que vous êtes seul, il y aura toujours quelqu’un pour vous aider. Mais surtout, n’hésitez pas à réprimander ceux dont les actions sont déplacées.»
«Comme si un ange gardien veillait sur moi et mon bébé»
«Je me suis sentie protégée, comme si un ange gardien veillait sur moi et mon bébé», confie la femme enceinte, se livrant sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Jen. Dans son témoignage émouvant, elle exprime sa profonde reconnaissance envers le constable Caramben. Elle raconte comment, dans une situation particulièrement malaisante et où elle se sentait totalement impuissante, c’est le constable Caramben qui est venu à son secours, tel un ange tombé du ciel. Grâce à sa présence et son intervention, elle a pu se libérer de cette angoisse paralysante. «Je ne cesse de le remercier pour son geste de bravoure. Cela peut sembler simple pour d’autres, mais pour moi, cela signifie bien plus», avoue la jeune femme, visiblement émue par cet acte de bienveillance. «Je tiens à remercier profondément le constable Caramben. Grâce à votre présence et à votre vigilance, j’ai retrouvé ma sérénité dans ce moment de peur. Vous avez été un véritable sauveur pour moi aujourd’hui, et je vous remercie au nom de mon bébé et de moi-même», a-t-elle ajouté.
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