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Enquête judiciaire au tribunal de Souillac

Le SP Goorah : «Personne n’a vu Pravin Kanakiah après son départ d’Ébène»

7 avril 2025

L’ancien responsable de la MCIT South quittant le tribunal de Souillac après son audition du jour.

Les travaux de l’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques pour faire la lumière sur le décès troublant de Pravin Kanakiah ont repris devant le tribunal de Souillac durant la semaine écoulée avec l’audition du SP Goorah. L’ancien responsable de la Major Crime Investigation Team (South) était responsable de l’enquête après la découverte du corps sans vie de ce fonctionnaire à la Roche-qui-Pleure le 11 décembre 2020, au lendemain de sa mystérieuse disparition.

Le meilleur pour la fin ! Cette expression populaire est souvent utilisée pour indiquer que la meilleure partie d’une histoire est réservée pour la conclusion. L’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques pour faire la lumière sur le décès troublant de Pravin Kanakiah vient de franchir une dernière étape importante devant le tribunal de Souillac avec l’audition d’Heyman Dass Goorah.

Ce surintendant de police (SP), ancien responsable de la Major Crime Investigation Team (South), dirigeait l’enquête policière après la découverte de la dépouille de ce fonctionnaire à la Roche-qui-Pleure le 11 décembre 2020, au lendemain de sa mystérieuse disparition. L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, actuel Chief Police Medical Officer, a attribué son décès à une «traumatic subarachnoid haemorrhage».

Le SP Goorah a été auditionné pour la première fois, le mercredi 2 avril 2025, devant la magistrate Ameerah Dhunnoo qui préside les travaux de cette enquête judiciaire. Me Damodarsingh Bissessur, Senior State Counsel, a axé toutes ses questions du jour sur les images CCTV relatives à cette enquête. Le principal concerné a alors fait une révélation de taille. «Personne n’a vu Pravin Kanakiah après son départ d’Ébène», a-t-il déclaré.

À l’époque, le SP Goorah était affecté à la Brigade des mineurs. En janvier 2021, il avait été muté à la MCIT, qu’il dirigeait conjointement avec l’ASP Seebaruth. «L’enquête sur la disparition et la découverte de la dépouille de Kanakiah avait débuté sous la supervision de l’ASP Seebaruth. J’ai repris le dossier après», a précisé le policier. Les questions suivantes ont ensuite porté sur le visionnage, par le constable Seedanie, des images des caméras de Safe City des régions de Roche-qui-Pleure, de Gris-Gris et de la gare routière de Souillac au moment de la disparition et celui de la découverte macabre. Le policier était en poste à Souillac à l’époque. Ceux présents en cour se souviennent que plusieurs points contradictoires avaient été notés dans ses réponses.

Le constable Seedanie avait déclaré qu’il avait reçu des instructions formelles de son chef hiérarchique, l’inspecteur Rughoonundun, pour visionner des images des caméras Safe City. Il avait révélé que seulement huit caméras sur environ 30 fonctionnaient au moment des faits et que chacune d’elles contenait 26 heures d’images. Fait troublant : il avait affirmé avoir visionné un total de 130 heures d’images en 7 heures seulement. Il avait aussi confié qu’il n’avait pas vu Pravin Kanakiah sur les différents enregistrements. Il avait par ailleurs admis qu’il avait pu le manquer car il avait regardé les images de quatre caméras en même temps sur un seul écran en mode accéléré.

Le SP Goorah a révélé que la MCIT ne s’était pas davantage penchée sur la piste des caméras de Safe City. Cette unité spécialisée pour «handle serious crimes» s’était contentée du témoignage du constable Seedanie qui avait déclaré qu’il n’avait vu Pravin Kanakiah sur aucune des images. Mais il y a pire : le SP Goorah a déclaré que la MCIT n’avait pas sécurisé les enregistrements des caméras de surveillance après avoir pris connaissance des conclusions du constable Seedanie. Me Bissessur lui a ensuite adressé une autre série de questions pour savoir si les limiers de cette unité avaient étudié d’autres pistes. Le Senior State Counsel a ainsi voulu savoir si quelqu’un d’autre que le sergent Tapsee avait croisé Pravin Kanakiah le jour de sa disparition.

Rien de suspect

Ce policier habitant Souillac est la seule personne qui a affirmé avoir vu l’ancien fonctionnaire vivant après sa mystérieuse disparition. Il avait expliqué en cour qu’il n’y avait rien de suspect dans le comportement de l’habitant de Plaine-Magnien lorsqu’il l’avait aperçu aux alentours de 17h30, le 10 décembre 2020, à Roche-qui-Pleure, alors qu’il faisait son jogging. Selon ses dires toujours, Kanakiah ne présentait aucun signe de détresse. Le sergent Tapsee avait aussi confié que Kanakiah n’avait pas de sac à dos sur lui à ce moment-là. Il avait précisé que l’homme, qui portait un pantalon et une chemise noire, était seul et semblait admirer la nature. Il était, à en croire le policier, dans un «normal state» et n’avait aucune blessure visible à ce moment-là.

Le sergent Tapsee avait aussi déclaré avoir appris, le lendemain, que la National Coast Guard avait découvert un cadavre dans cette région de Souillac. Il avait su qu’il s’agissait de l’homme qu’il avait vu la veille lorsqu’un collègue lui avait envoyé une photo du cadavre via WhatsApp. L’homme en question était Pravin Kanakiah, dont la disparition avait été signalée au poste de police de Moka depuis la veille. Il en avait alors informé son Station Commander au poste de police de Chemin-Grenier. Celui-ci lui avait conseillé de consigner un statement. C’est ce qu’il avait fait le 12 décembre au poste de police de Souillac. Le policier avait même participé à un exercice de reconstitution des faits organisé par les hommes du SP Goorah le 16 septembre 2021.

Lors de son audition, le SP Goorah a déclaré que la MCIT n’avait pas consigné la version du sergent Tapsee en lien avec la polémique sur les vêtements que portait l’ancien fonctionnaire. Dans sa déposition pour signaler la disparition de son époux, Reshmee Kanakiah avait déclaré que celui-ci portait un pantalon beige et une chemise noire. Il avait également des chaussures noires et un sac à dos de la même couleur. La veuve du fonctionnaire avait consigné un «further statement» peu après pour apporter des précisio ns sur la couleur de la chemise que portait son époux. Après avoir visionné les images des caméras de vidéosurveillance à son domicile, elle avait précisé à la police que son mari portait une chemise bleu pâle.

Or, le sergent Tapsee avait, lui, affirmé que Kanakiah portait une chemise noire. C’est pour cette raison que Me Bissessur a voulu savoir si la MCIT l’avait interrogé sur cette contradiction. Le SP Goorah a alors évoqué la possibilité que l’ancien fonctionnaire ait changé de chemise. Le Senior State Counsel lui a fait comprendre que cette opinion n’engage que lui car aucune preuve n’a été mise en avant à cet effet. L’ancien responsable de la MCIT lui a donné la réplique en lui rappelant que l’épouse du fonctionnaire avait fait une erreur concernant la couleur de la chemise que portait celui-ci le jour de sa disparition. Les travaux de l’enquête judiciaire se poursuivent le 6 mai avec une nouvelle audition du SP Goorah.

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