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13 janvier 2025 01:03
Le fondateur et directeur de Lizie Dan La Main est décédé à l’âge de 77 ans après avoir dédié sa vie à un combat inlassable pour la cause des personnes vivant avec un handicap visuel. Ses enfants, Florianne et Jean-Ian, lui rendent un émouvant hommage.
Une force tranquille. C’est ce que représentait Reynolds Permal, fondateur de l’association Lizie Dan La Main, une ONG qui est devenue au fil des années un point de repère pour les personnes malvoyantes et non-voyantes, mais aussi une référence dans le paysage social du pays.
En créant Lizie Dan La Main en 1981, Reynolds Permal avait une vision : celle de permettre aux Mauriciens atteints d’un handicap visuel de vivre une vie autonome et de trouver leur place au sein de la société. Au cours de ces quatre dernières décennies, de nombreux enfants et jeunes sont passés par l’association, trouvant au sein de celle-ci accompagnement, encadrement, soutien, apprentissage et épanouissement. Lorsque nous l’avions rencontré à Curepipe il y a quelques années de cela pour parler des difficultés financières que rencontrait alors l’institution, Reynolds Permal avait dit : «C’est beaucoup plus qu’une école, qu’un centre spécialisé. Ici, nous vivons comme une famille.»
Aujourd’hui, cette famille pleure la disparition d’un pionnier, d’un pilier. Reynolds Permal est parti sur la pointe des pieds le 6 janvier dernier à l’âge de 77 ans, laissant sa famille de sang et de cœur dans une grande tristesse. Lors de ses funérailles, qui se sont tenues le lendemain, de nombreuses personnes et personnalités sont venues rendre un dernier hommage au grand homme qu’il a été, le qualifiant de «grand défenseur» des droits des personnes aveugles et malvoyantes, de «militant infatigable», et «d’ami fidèle».
De sa vie teintée d’un engagement profond et sans faille, Reynolds Permal a touché la vie de nombreuses personnes laissant chez elles une empreinte indélébile. Mais derrière l’homme l’engagé qu’il était, Reynolds Permal était avant tout un père aimé et respecté par ses deux enfants Jean-Ian et Florianne. Son départ, souligne cette dernière, est très difficile à accepter et laisse un grand vide au sein de leur famille. «Il était un papa plus que formidable qui aimait sa famille plus que lui-même. Dans chaque moment que nous avons partagé, j'ai trouvé la chaleur de l'amour inconditionnel. Il était mon pilier, la lumière dans mes jours sombres. Sa voix résonne encore dans mon cœur. C’est vraiment difficile de surmonter son absence.»
«À jamais dans mon coeur»
Pour Jean-Ian, son père était une personne irremplaçable. «Mon papa était une personne extraordinaire, aimant et plus que formidable. Il était un papa exemplaire, un ami et, surtout, mon confident. Malgré son handicap et les difficultés de la vie, il a su nous guider et nous transmettre les vraies valeurs. Je suis fier d’être son fils, car c’est un homme au cœur d’or. Il était toujours présent pour toutes les personnes en situation de handicap.»
De tous les souvenirs qui vivent dans sa mémoire, Florianne se souvient d’un en particulier. «Ce sont les petits gestes du quotidien qui laissent les souvenirs les plus précieux : un mot, un conseil, son rire, mais mon plus beau souvenir reste celui-là : un jour, alors que j'étais encore petite et que je l’accompagnais, j’ai vu un perron et je lui ai dit "papi attention décalage". Il a ri et il m'a dit "tu comprends déjà que papi est aveugle". Ce moment est resté gravé à jamais dans mon cœur.»
Son handicap, souligne Jean-Ian, n’a jamais été un frein. «Les souvenirs, il en a tellement. Chaque jour avec lui était un souvenir. Je me rappelle qu’un jour il m’a dit "mon garçon, je n’ai jamais vu ton visage. Viens, approche-toi. Je veux toucher ton visage". Il a pris sa main et l'a passée sur mon visage afin de m’imaginer dans sa tête, car tout le monde le disait que je lui ressemblais et que j’étais "ene bel nasion". Malgré sa cécité, il m’avait nourri au biberon quand j’étais bébé.» C’est fort de cet amour que Florianne et Jean-Ian envisage aujourd’hui l’avenir. «Il nous laisse un bel héritage d'amour. Sa force et sa sagesse ont toujours été mes sources d'inspiration. Un modèle de courage et de détermination. Chaque instant passé à ses côtés a été précieux, et je chéris tout ce qu'il m'a transmis. Sa capacité à écouter les autres, à comprendre m'a toujours rassurée, et sa confiance en moi m'a donné la force d'avancer dans la vie. Je suis fière d'être sa fille», confie Florianne.
Pour faire perdurer le travail de Reynolds Permal et continuer à faire vivre sa mémoire, Florianne et Jean–Ian comptent reprendre les rênes de Lizie Dan La Main. «Je suis fière de pendre la relève et de poursuivre ses rêves et de continuer l’excellent travail qu’il a entrepris pour Lizie Dan La Main avec le président et le comité de direction. Ensemble, nous allons contribuer à l’avancement de l’association. Je prends la relève avec mon frère Jean-Ian afin de poursuivre l’œuvre remarquable que papa a réalisée au cours des 42 dernières années, car c’est un héritage précieux. Lizie Dan La Main continuera à œuvrer pour le bien de toute personne portant un handicap visuel en préservant les valeurs et les accomplissements qui ont été établis au fil des années.» C’est sa promesse à son père.
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