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20 septembre 2025 19:33
Le ministère du Commerce a organisé une réunion le 11 septembre avec les associations de consommateurs et les acteurs du commerce, avec comme objectif, notamment, la proposition d’une deuxième liste de produits susceptibles de bénéficier de subventions dans le cadre du Price Stabilisation Fund pour stabiliser les prix et soulager les consommateurs...
Les porte-monnaie sont-ils toujours sous pression ? Ces derniers temps, ils ont été victimes d’une hausse des prix qui les a mis en état de choc financier. Conséquences : des symptômes de réduction des ressources et des risques de crise budgétaire aiguë. Car le coût de la vie ces derniers temps n’a cessé de grimper, laissant les consommateurs face à une réalité cruelle :la cherté de la vie devient de plus en plus difficile à supporter. Faire ses courses est ainsi devenu un exercice stressant, où chaque décision est pesée et chaque dépense scrutée. Les budgets affichent des mines grises et sont de plus en plus serrés, et le syndrome du caddie vide est devenu une réalité pour beaucoup, tandis que l’angoisse de passer à la caisse est palpable, avec la peur de découvrir une addition salée.
Mais au milieu de cette tempête économique, le Price Stabilisation Fund (PSF), introduit en août, a promis de faire souffler un vent de soulagement. Les autorités, avec une rencontre qui a eu lieu le 11 septembre avec, notamment, les associations de consommateurs et acteurs du commerce, travaillent sur la seconde phase des produits qui devraient être concernés par une baisse de prix sous le PSF. En effet, on se souvient que les autorités avaient promis des mesures pour soulager les Mauriciens face à l’épineux problème de la cherté de la vie.

Le vice-premier ministre Paul Bérenger avait ainsi rappelé la création d’un fonds de Rs 10 milliards destiné à amortir l’impact des fluctuations de prix sur les produits de première nécessité. Il avait souligné que ce fonds avait été lancé avec une injection initiale de Rs 2 milliards, et qu’il était prévu d’y allouer Rs 2 milliards par an au cours des cinq prochains exercices financiers, pour atteindre un total de Rs 10 milliards. Il avait ainsi mis en lumière les recommandations du rapport du comité interministériel créé pour examiner la stratégie à adopter en vue d’une utilisation durable du PSF.
Ces recommandations comprenaient l’octroi de subventions sur les prix de cinq produits de base, à savoir le lait en poudre, l’huile alimentaire, le lait infantile, les couches pour bébés et le fromage, afin d’atténuer l’impact de la hausse des prix. Le prix du lait en poudre est depuis subventionné à hauteur de Rs 50 par kilogramme, celui de l’huile alimentaire à hauteur de Rs 15 par litre, celui du lait infantile à hauteur de Rs 55 par paquet de 900 grammes, celui des couches pour bébés à hauteur de Rs 25 par paquet de 50 couches et celui du processed cheese à hauteur de Rs 10 par paquet de 250 grammes. Mais cette solution suffit-elle à apaiser les inquiétudes des consommateurs et à les soulager ? Peut-elle vraiment les aider à faire face à la hausse des prix et à la baisse du pouvoir d’achat ?
«J'ai été surprise»
Du côté des consommateurs, certains applaudissent et accueillent positivement la baisse du prix de certains produits, tandis que d’autres souhaitent voir d’autres baisses avant de pouvoir vraiment parler de soulagement. Valentina Première, mère de famille, a noté, dit-elle, un changement en faisant ses courses. «J’ai été très agréablement surprise lorsque je suis allée au supermarché pour acheter le lait pour ma fille de 4 ans. Au lieu de Rs 408, c’est à Rs 373. C’est quand même un soulagement», nous confie cette maman. Pour un autre consommateur, Khrishna Ramnauth, il faudrait penser à produire plus localement. «Pour moi, un partenariat public-privé investissant Rs 2 milliards par an dans un programme dédié à la souveraineté alimentaire est inimaginable. Nous pourrions briser le cycle de l’inflation en produisant davantage localement. Nous devons nous concentrer sur la refonte de l’ensemble du processus alimentaire, ce qui peut apporter stabilité économique et durabilité. En conséquence, le gouvernement doit non seulement subventionner les aliments transformés, mais aussi les produits locaux nutritifs afin que toutes les classes sociales puissent mieux se nourrir et améliorer leur santé», nous dit-il.
Qu’en est-il des associations de consommateurs ? Quel bilan font-elles de l’entrée en vigueur du PSF ? Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), suit l’impact de la mesure sur le budget des foyers : «Les consommateurs qui se trouvent au bas de l’échelle et qui font leurs achats dans les hyper et supermarchés ont pu bénéficier immédiatement de la baisse de prix sur les cinq produits concernés. Mais ceux qui font leurs achats dans les boutiques du coin n’ont pas pu immédiatement bénéficier de cette mesure. Pas toutes les boutiques du coin ont ajusté leur prix. Ils le font lentement. C’est lorsque le ministère s’adonne à des exercices de supervision que ces commerçants ajustent leur prix. C'est à partir de là que les consommateurs sentiront vraiment la baisse qui a été annoncée. Concernant les consommateurs issus de la classe moyenne, les baisses sous le PSF n’ont aucun impact.»

D’autres produits, explique-t-il, devraient être concernés par une baisse de prix : «Il y a une nouvelle proposition de cinq produits très consommés par la population qui pourraient ainsi accuser une baisse sous le PSF. Parmi eux, il y a les grains secs, par exemple. Il y a aussi d’autres articles sur lesquels le ministère pense baisser le mark-up. Le PSF, pour moi, n’est pas la solution au problème dont souffrent certaines familles s'agissant du pouvoir d’achat. Pour moi, la solution, c’est le targeting, c’est-à-dire identifier ces personnes qui sont vraiment dans le besoin.» Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (l’ACIM), estime, lui, que les prix des produits dérivés auraient dû baisser eux aussi : «Dans la première phase des produits qui ont subi une baisse sous le PSF, il y a cinq produits qui sont concernés. Parmi eux : deux sont des produits pour les bébés. Il y a un certain nombre de familles qui a pu bénéficier de la baisse de prix sur les couches et le lait pour les bébés. De l’autre côté, il y a eu une baisse sur le lait pour adulte, l’huile et le fromage, qui touche une plus grande partie de la population. Ces baisses ont eu un effet conséquent, comme pour le lait qui est très consommé, mais ce n’est pas suffisant pour être considéré comme ayant un impact significatif sur le budget des familles. C’est clair qu’il faut que le coût d’autres produits baisse. Toujours concernant la première phase des articles de première nécessité qui ont connu une baisse du prix, on insiste sur le fait que c’est important que les produits dérivés suivent l’évolution des prix des matières premières. Quand le coût de l’huile avait augmenté, les produits comme les gâteaux frits, par exemple, avaient immédiatement connu une majoration et maintenant que le prix de l’huile a baissé, c’est normal que celui de ces produits suivent la même tendance. Idem pour les produits laitiers comme les yaourts.»
Selon le secrétaire de l’ACIM, les attentes des consommateurs sont grandes concernant la deuxième série de baisse de prix sur des produits de base à venir : «Concernant la deuxième phase, la population s’attend à ce que d’autres produits de grande utilité connaissent une baisse de prix. Au niveau de l’ACIM, on s’attend à ce que les autorités approuvent les propositions qu’on a faites. On a demandé à ce que le prix des produits comme le thé local, les grains secs, certains conserves – comme le poisson en boîte, par exemple – soit révisé. Maintenant, c’est au gouvernement de décider mais les attentes de la population sont grandes surtout avec le coût de la vie qui ne cesse d'augmenter», nous dit Jayen Chellum qui, comme de nombreux Mauriciens, espère que dans un proche avenir, les porte-monnaie ne seront plus autant sous pression...
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