Publicité

Les municipales ou les doutes du MSM !

9 mars 2025

Un embarras visible ! Interrogé sur la participation du MSM aux prochaines élections municipales, son président, Joe Lesjongard, s’est contenté, lors de la première conférence de presse de son parti, d’un laconique «c’est en discussion». Le leader de l’opposition a ajouté qu’il fallait attendre la sortie du writ, laissant ainsi entendre qu’il ne croit pas totalement à la date annoncée du 4 mai prochain pour l’appel aux urnes.

Une réponse vague, un ni oui ni non, qui trahit la gêne d’un dirigeant de l’opposition issu d’un parti ayant systématiquement bafoué la démocratie municipale en reportant ces élections à trois reprises, sous des prétextes peu crédibles. Si le MSM ne croit pas à la date des municipales qui a été annoncée, c’est parce que son leader a toujours secrètement gardé les dates des élections jusqu'à la dernière minute, utilisant ce droit comme un avantage sur ses adversaires qu’il prenait alors par surprise.

Doit-on rappeler que même le mensonge faisait partie de la stratégie quand l’ancien Premier ministre a annoncé deux partielles qui n’ont finalement pas eu lieu ! Désormais, depuis le discours de Ramgoolam à l’Assemblée nationale ce vendredi révélant que le dépouillement sera prévu le même jour, Jugnauth et les siens sont forcés de faire connaître leur position sur ces prochaines municipales !

Si alors qu’il était au pouvoir, le MSM n’a jamais eu le courage d’affronter l’électorat urbain, usant de toutes les manœuvres pour priver les citadins de ce nécessaire exercice démocratique, aujourd’hui qu’il est dans l’opposition après une défaite historique de 60-0, on peut deviner le mood pourri de ses dirigeants ! Ce revers sans précédent laisse ce parti dans une position délicate : prendra-t-il le risque de déclarer forfait en ne participant pas à ce scrutin ?

Une absence du MSM aux municipales serait périlleuse d'autant que depuis la chute brutale de novembre dernier, les partisans orange sont laissés à eux-mêmes sans véritable communication ni explication. Le leader Pravind Jugnauth n’a jamais jugé utile de s’adresser à son électorat pour analyser l’écrasante victoire de l’Alliance du changement. Hormis un message en début d’année où il reconnaissait la défaite et une apparition officielle lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, l’ancien Premier ministre s’est fait discret. Il n’a refait surface que récemment sous les projecteurs – et de quelle manière ! – après son arrestation dans l’affaire de la saisie des valises d’argent.

Est-ce que le MSM est en position de se permettre une absence aux municipales, tout en laissant le champ libre au Reform Party qui veut s’approprier le rôle de l’opposition dans les mairies ? Pour Bhadain, un éventuel 120-0 signifierait un contrôle total de l’ensemble des institutions par le gouvernement, éliminant ainsi toute voix contestataire. Et il n’a pas totalement tort ! D’où son appel pour un «koudmin» afin de réunir ses 120 candidats !

Alors que le MSM reste prudent jusqu’ici, ces élections permettront-elles à Pravind Jugnauth de sortir de son silence pour remobiliser ses troupes malgré plusieurs handicaps ? Son parti n’a jamais eu d’ancrage solide dans les régions urbaines – d’où le renvoi répété des élections municipales ; il sort d’un échec électoral historique ; il est personnellement sous le coup d’une accusation ; les révélations des Moustass Leaks restent gravées dans les esprits ; plusieurs responsables et proches du parti défilent devant la Financial Crimes Commission (FCC) à cause de multiples scandales !

Et même si Lesjongard a affirmé, lors de sa conférence de presse, que «nou ankor touzour pe travay avek bann kamarad dan lalians», son parti et les anciens partenaires n’ont pas fait montre d’une image unie dans la défaite. Après l’arrestation du leader du MSM, il n’y a pas eu de marque de solidarité de la part des leaders d’autres partis de l’opposition ! Au contraire ! Collendavelloo a même suggéré que Jugnauth démissionne pour laisser la place à un autre leader au sein du MSM, «surtout dans la perspective des municipales».

Quant au mariage de raison MSM-PMSD qui avait choqué les Mauriciens après le revirement de veste de Xavier Duval, sa fin semble désormais consommée ! La surprenante déclaration d’Adrien Duval qui a jugé «choquant» le silence de l’ancien ministre Padayachy sur l'état de notre économie, et l'annonce du leader de l'opposition confirmant que le PMSD «inn dir ki li nepli dan lalians», un rabibochage en vue des municipales semble incertaine.

Un MSM en miettes face à une majorité puissante, un leader complètement absent de la scène politique car ne détenant plus les cartes du jeu, des municipales qui arrivent à grand pas ! L'embarras est visible !

Publicité