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Par Yvonne Stephen
22 mars 2025 19:35
La maladie est lourde à porter et à vivre. Mais il est possible, dans le malheur, de trouver des éclats de joie. Comme des journées de partage et de positivité, comme celle organisée cette semaine par l’organisation non gouvernementale (ONG).
Une rencontre de couleurs. De fleurs de toutes les teintes qui s’impriment sur les jupes, les robes et les blouses des femmes. Une explosion de joie, comme ça, pour le plaisir. Sans se donner le mot, les femmes présentes ce jeudi 20 mars dans la cour arrière de Link to Life, ONG qui apporte soutien et réconfort aux personnes atteintes de cancer, elles ont voulu faire voleter un vent de positivité. Et quoi de mieux que des fleurs pour exprimer la fragilité et la force de la résilience qui les habite toutes. Ces madam, de tous les âges, qui sont atteintes de cancer ou l’ont été, font partie d’une communauté de warriors qui se soutiennent et s’entraident. Des liens forts, d’amour et de fraternité.
Ce jeudi, l’organisation a organisé une journée de partage et de connexion dans le cadre de la Journée mondiale des droits des femmes. Aux commandes de cet atelier du bonheur, la psychologue, Dr Anjum Heera Durgahee : «Cette initiative est un hommage sincère à leur résilience, leur courage et leur détermination face à l'adversité. Elle s'inscrivait parfaitement dans le thème de la Journée internationale du bonheur (NdlR : célébrée le 20 mars), rappelant à tous que le bonheur ne réside pas dans l'absence de difficultés, mais dans la capacité à trouver la lumière même dans les moments les plus sombres.»
Une matinée de rires, d’applaudissements (elles parleront de leur achievements, de ce qui les rend heureuses). Mais aussi de lâcher prise et de danse ; Big Frankii était là pour faire roule matak ! Il y a aussi la pluie qui s’est invitée à la fête. Quelques gouttes, d’abord. Puis, une averse persistante. Mais rien qui ne puisse diluer cette belle vague d’émotions positives, teintée, bien sûr, par des écumes de sentiments moins légers. La discussion sur le dépistage précoce a mené, d’ailleurs, vers le témoignage de Benita Nabab, 50 ans. Pétillante. Coquette. Chanteuse (un de ses titres Mama Oh Mama : https://www.youtube.com/watch?v=vShv4L-9jm0). Et atteinte d’un cancer avancé.
Elle raconte comment, si elle avait participé à un screening quelques mois avant la terrible nouvelle, elle aurait pu découvrir la maladie plus tôt : «Je ne sais pas où j’en serais si ça avait été le cas.» Ce n’est qu’après avoir senti une grosseur à la base de son cou, en août 2024, qu’elle s’inquiète. Le diagnostic tombe : c’est le choc. Le choc d’apprendre la nouvelle de la maladie. Mais aussi de comprendre qu’elle s’est propagée. Le cancer s’est métastasé et après une série de traitements, elle doit patienter pour continuer à se battre : «Ma moelle est trop affectée. Les globules blancs sont trop bas. Je dois attendre de reprendre des forces.»
Il émane de Benita, maman de quatre enfants, une force qui n’est pas tranquille. Elle irradie et elle se ressent : «Je crois que c’est le chant et ma famille qui me donnent ce courage.» Il y aussi ces «sœurs» de l’association qui partagent cette volonté d’avancer, ce courage de ne pas baisser les bras. Se sentir entourée, comme elle l’est, c’est une bénédiction : «Ça me donne la force de continuer.» Dans l’adversité, la sororité apaise et galvanise. Elle nourrit et guérit, comme l’explique la Dr Durgahee : «Voir ces femmes incroyables sourire, rire et trouver du réconfort dans la présence des autres témoigne du pouvoir de la résilience émotionnelle et du soutien.»
Pour se rapprocher et nourrir le lien : cercle de gratitude, atelier peinture et partage. On découvre Meenakshi qui partage son envie de vivre à fond, avec sa combi rouge (aux fleurs imprimées, bien sûr !) et un petit bob de la même couleur. À 69 ans, elle veut croquer la vie, partir en voyage, encore. Découvrir le monde et se découvrir : «N’ayez peur de personne. Si vous avez envie de sortir, de vous habiller, faites-le. Ou anvi manz enn bon manze? Manz-li! Enjoy life. La maladie est venue, mais la vie ne s’arrête pas là.» Le cancer a souligné ce qui est essentiel, ce qui nourrit l’âme. Comme ces victoires partagées à haute voix. Celle d’Anne-Marie ? Pouvoir élever sa fille qui est atteinte du syndrome de trisomie. Vedi raconte, elle, que sa plus grande fierté, c’est de voir ses filles diplômées : «C’était mon rêve, mais je n’ai pas pu le faire à cause de la maladie. Néanmoins, mes filles l’ont réalisé pour moi.» Janine évoque le fait d’avoir pu marier ses deux garçons : «Quand j’ai appris que j’étais malade, je pensais que je n’aurais pas le temps, mais j’y suis arrivée.» Des paroles d’espoir qui accompagnent. Qui font naître des émotions, comme les couleurs.
**Dr Anjum Heera Durgahee : «Un tremplin vers la création d'un réseau de soutien» **
La psychologue accompagne ces personnes qui ont survécu à un cancer et ceux.celles qui se battent pour s’en sortir. Elle parle de la journée du 20 mars.
Se réunir, s’entraider. «Cet événement a réuni des femmes inspirantes qui ont lutté, ou qui luttent encore, contre le cancer avec une force extraordinaire. Ce fut une journée riche en rires, en émotions et en un puissant sentiment d'appartenance. Notre objectif était non seulement de célébrer leur parcours, mais aussi de leur offrir un espace sûr où elles pouvaient partager leurs histoires, trouver du soutien et savourer la joie de vivre après le cancer.»
Le bien-être mental à cœur. «En tant que psychologue et psycho-oncologue, je comprends l'impact psychologique profond que peut avoir un diagnostic et un traitement contre le cancer. La santé mentale est tout aussi cruciale que la récupération physique, et cet événement a mis l'accent sur les soins personnels, la pleine conscience et le bien-être émotionnel. Grâce à des discussions guidées et à des activités thérapeutiques, nous avons abordé des problèmes courants tels que l'anxiété, la dépression et les ajustements post-traitement.»
Une mission continue. «Cet événement n'était pas une simple célébration d'une journée, mais un tremplin vers la création d'un réseau de soutien à long terme pour les patients.es atteints.es de cancer et les survivants.es. Ma mission demeure de rendre les soins de santé mentale accessibles et de continuer à défendre le bien-être émotionnel parallèlement à la guérison physique. À tous les combattants.es, votre force est une source d'inspiration. Vous n'êtes pas seuls.es dans cette épreuve, et ensemble, nous continuerons à diffuser la sensibilisation, l'espoir et le bonheur.»
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