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Cedric Lisette

L’histoire d’une renaissance

13 mai 2025

«Je ne parle pas seulement en mon nom. Je parle pour tous ceux qui ont été brisés, ignorés, étouffés par la honte ou la peur. Cette démarche est importante parce que le silence protège les agresseurs, pas les victimes», confie le jeune homme.

«C’est une autobiographie, oui, mais ce n’est pas juste l’histoire d’un homme. C’est le récit de ce qui se passe quand on vit avec une douleur invisible, une fracture que personne ne voit, mais qui nous suit partout. Je ne raconte pas tout. Pas tout de suite. Ce n’est pas un livre qui dit tout haut, c’est un livre qui chuchote, qui retient, qui fait monter l’émotion page après page...» C’est en ces termes que Cedric Lisette, jeune enseignant, nous parle de son projet qui raconte son histoire, ses blessures...

Il s’est fait connaître comme professeur d’Économie et de Business Studies, notamment en offrant gratuitement des cours en ligne durant la pandémie de Covid-19, ainsi qu’à travers sa page Facebook «Economics made easy with Mr Lisette». Ses conseils et ses petites vidéos destinées aux étudiants se sont aussi révélés très populaires. Et récemment, c’est en encadrant des jeunes qu’il a aidé au lancement d’une association engagée contre la masculinité toxique. Ce sont là quelques-unes des activités qui font courir le jeune enseignant passionné qu’il est...Mais depuis quelque temps, c’est un autre aspect de sa personnalité que Cedric Lisette, 28 ans, met en avant. Car il y a peu, c’est à travers l’écriture qu’il s’est lancé dans une nouvelle aventure pour, dit-il, se raconter et ouvrir son cœur sur tout ce qui fait qu’il est devenu l’homme qu’il est aujourd’hui. Car si l’éducation l’a sauvé, celui qui a dû faire face à des tourments durant son enfance raconte aussi comment il s’est reconstruit après des blessures encore vives dans sa mémoire.

Mais qu’est-ce qui l’a donc poussé à se glisser dans la peau d’un auteur pour donner vie au projet Reborn : Après vingt ans de silence, sur lequel il travaille en ce moment ? «On m’a souvent vu comme enseignant, mentor ou militant auprès des jeunes, mais très peu de gens savaient que, derrière tout cela, l’écriture a toujours été mon refuge silencieux. J’ai commencé à écrire bien avant d’enseigner. Au départ, c’était une forme de survie. Mettre des mots là où je ne pouvais pas parler. Pendant des années, l’écriture a été l’endroit où je pouvais dire ce que je n’osais pas partager à voix haute. Aujourd’hui, avec Reborn : Après vingt ans de silence, ce refuge devient public. L’écriture, pour moi, ce n’est pas juste une passion, c’est une guérison, une renaissance, et maintenant un acte de transmission. En tant qu’éducateur, je crois que les mots peuvent sauver, éveiller, réparer. Ce livre, c’est ma manière de dire à tous ceux qui portent un poids en silence : "Vous n’êtes pas seuls"», nous confie le jeune homme, qui estime que c’est pour lui le bon moment pour la sortie de son livre et pour raconter cette ombre noire qui plane sur son enfance.

«Je ne pouvais plus me taire. Pendant 20 ans, j’ai porté ce silence comme un fardeau, comme une seconde peau. J’ai appris à vivre, à travailler, à sourire. Mais tout en cachant une douleur profonde. Et puis, un jour, j’ai compris que le silence ne me protégeait plus, il m’étouffait. Lancer ce livre aujourd’hui, c’est un acte de libération, mais aussi de responsabilité. Je le fais maintenant parce que je suis enfin prêt, parce que ma voix est suffisamment solide pour porter cette histoire, et parce que je sais qu’elle peut résonner chez d’autres. C’est aussi le bon moment car je suis entouré de jeunes, d’élèves, de collègues, de parents, et je vois chaque jour combien les blessures invisibles détruisent en silence. Ce livre, c’est une réponse à cela. Je veux briser le tabou, ouvrir un espace de vérité, de parole, de guérison.»

L’écriture de son livre est donc pour lui comme une thérapie : «Reborn : Après vingt ans de silence est un livre que j’ai mis 20 ans à écrire, non pas parce que je manquais d’encre, mais surtout parce que je manquais de souffle. C’est une autobiographie, oui, mais ce n’est pas juste l’histoire d’un homme. C’est le récit de ce qui se passe quand on vit avec une douleur invisible, une fracture que personne ne voit, mais qui nous suit partout. Je ne raconte pas tout. Pas tout de suite. Ce n’est pas un livre qui dit tout haut, c’est un livre qui chuchote, qui retient, qui fait monter l’émotion page après page. On y entre par des souvenirs d’enfance, doux-amers, presque ordinaires. Et puis peu à peu, on sent qu’il y a quelque chose qui ne se dit pas. Quelque chose qui pèse. C’est là que le livre devient autre chose, un témoignage, un cri étouffé, un miroir tendu à tous ceux qui, comme moi, ont appris à survivre en silence. Mais attention : ce n’est pas un livre de tristesse. C’est un livre de résistance, de retour à soi, de renaissance.»

«Un lourd secret»

À travers son histoire, il met ainsi le doigt sur un sujet sensible : «Oui, je révèle des moments très difficiles. Mais ce n’est pas pour choquer ni pour attirer la pitié. C’est parce que je crois que certaines vérités, aussi dures soient-elles, méritent enfin d’être dites. Pendant 20 ans, j’ai gardé en moi un secret lourd, douloureux, un drame vécu dans l’enfance qui a façonné ma manière d’être, de me taire, de survivre. Dans Reborn, je n’entre pas immédiatement dans les détails. Je laisse le silence parler. J’amène le lecteur à ressentir, à comprendre, à deviner peut-être, avant de savoir. Parce que c’est aussi ça, le vécu d’un traumatisme : un long silence, des fissures qu’on cache, et des années à essayer de rester debout sans rien dire. Je parle de solitude, de perte d’innocence, de rage muette, de nuits sans sommeil. Mais je parle aussi de résilience, de reconstruction, d’amour de soi. C’est un parcours intime, parfois brutal, mais jamais sans espoir. Ce que je partage dans ce livre, c’est ce que j’aurais aimé lire à 8 ans, à 15 ans, à 25 ans. C’est pour cette raison que je parle : pour ceux qui n’osent pas encore. Cette démarche est importante parce que le silence protège les agresseurs, pas les victimes. Parce qu’il est temps que des voix masculines, venues de milieux simples, de petites îles comme Rodrigues, puissent dire l’indicible avec force et dignité. C’est aussi un acte d’amour envers les jeunes que j’accompagne. Je veux leur montrer qu’on peut survivre, qu’on peut se reconstruire, qu’on peut écrire sa propre histoire même après l’impensable. Reborn, c’est ça : transformer la honte en parole, et la parole en libération.»

Mais en se lançant dans cette aventure, il était loin de se douter de tout ce qu’implique la publication d’un livre. «Ce n’est pas facile de publier un livre. Écrire un manuscrit, c’est déjà un chemin douloureux, surtout quand il touche à des blessures personnelles. Mais ensuite, transformer ce texte en livre concret, visible, distribué, lu… c’est un autre combat. Il faut d’abord affronter les doutes : est-ce que ça vaut la peine ? Est-ce que les gens vont lire ? Est-ce que je suis légitime ? Ensuite, il y a les aspects techniques et financiers : trouver un éditeur, ou assumer l’autoédition, payer un graphiste, une correctrice, un imprimeur. Chaque étape coûte. Et chaque étape peut retarder le rêve. Dans mon cas, j’ai fait le choix de rester fidèle à ma voix, à mon style, à mon histoire. Je ne voulais pas la transformer pour plaire au marché. Mais ça veut dire aussi prendre plus de risques, et avancer sans le soutien financier d’une grosse maison. Aujourd’hui, tout est presque prêt. Je travaille sur l’édition et la couverture. Mais ce qui bloque le lancement, c’est le manque de financement. Je veux que ce livre ait une vie digne. Qu’il puisse atteindre les librairies, les écoles, les associations, les mains de ceux qui en ont besoin. Mais sans soutien, cela prend plus de temps.»

Cedric souhaite ainsi s’adresser à celles et ceux qui pourront l’aider à sortir son livre : «Je lance un appel : si ce projet vous touche, si vous croyez en la force des mots pour changer des vies, alors aidez-moi à faire naître ce livre. Chaque soutien, qu’il soit financier, logistique ou même moral, est une manière de dire : "Ta parole compte"». Son objectif maintenant est de voir son livre être publié. «Reborn : Après vingt ans de silence, est prévu pour août 2025, à Rodrigues, au cœur de Petit Gabriel, là où j’ai grandi, et surtout, là où tout a commencé et tout s’est tu. Ce lieu n’est pas un hasard. C’est mon point d’origine et mon point de renaissance. C’est là que le silence s’est installé. C’est donc là que je veux le briser. C’est plus qu’un lancement, c’est un retour aux racines, un moment symbolique, presque sacré. Aujourd’hui, je suis prêt. Le manuscrit est terminé. La vision est claire. Mais ce rêve, je ne peux pas le porter seul. Je suis encore en plein processus d’édition et de mise en page. Le prix n’est pas encore défini, car il dépendra des moyens que je réussirai à réunir. C’est pourquoi je me permets de lancer un appel aux sponsors, institutions ou particuliers sensibles à ce projet.»

Il croit plus que jamais dans son projet : «Ce livre peut faire du bien. Il peut ouvrir des dialogues, sauver des silences, toucher des jeunes qui n’osent pas parler. Mais pour cela, j’ai besoin d’aide, pour couvrir les frais d’édition, d’impression, de diffusion et, surtout, pour organiser un lancement digne, humain, ouvert à tous. Si ce projet vous parle, si vous croyez que les mots peuvent guérir, alors soutenez cette démarche. Aidez-moi à faire entendre cette voix restée trop longtemps enfouie. Chaque contribution, petite ou grande, est une pierre posée sur le chemin de ceux qui n’ont jamais pu dire "moi aussi"», conclut Cedric Lisette – qui, au moment de l’interview, se préparait à aller à Rodrigues en lien avec son livre – en nous parlant de l’histoire de sa renaissance après 20 ans de silence...

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