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Par Michaëlla Seblin
18 octobre 2025 19:28
La clairvoyance de Bérenger ? Les tribulations de l’homme d’affaires malgache Ravatomanga sur notre sol avec l’enquête initiée par la FCC pour blanchiment d’argent à la suite d’un transfert d’une forte somme, son admission en clinique sur toile de fond de crise politique à Madagascar, mettent en perspective la dernière conférence de presse du vice-Premier ministre.
Une initiative salutaire, d’autant plus que la FCC a ensuite ordonné un Criminal Attachment Order sur les comptes bancaires de Ravatomanga. Si la FCC fait ici preuve de rapidité, elle met aussi sous les projecteurs l’épisode du jet privé ayant atterri à Maurice dans la nuit du 11 octobre, avec à son bord un ancien Premier ministre malgache et l’homme d’affaires controversé Ravatomanga.
Cette fuite vers Maurice aurait-elle été planifiée avec la complicité de relais locaux ? Est-ce un hasard du calendrier si tout cet épisode s’est déroulé en l’absence du Premier ministre du pays ?
Le leader du MMM, choisissant l’humour, s’est demandé si on avait préféré ne pas le déranger dans son sommeil pour l’informer de ce qui se tramait à Plaisance ! Sauf que derrière cette ironie, le récit qu’il livre sur les circonstances de l’autorisation d’atterrissage du jet laisse entrevoir des manoeuvres douteuses pour contourner les procédures au mépris des lois de l’aviation civile.
Le non-respect de la règle préalable interdisant tout décollage sans landing permit, la demande initiale d’évacuation sanitaire transformée ensuite en motif touristique, ou encore le prétexte d’un manque de carburant invoqué pour justifier l’atterrissage sont autant d’éléments qui laissent planer le doute sur la sincérité des démarches entreprises. Avec, au bout, les rôles joués par certains qui semblent avancer leur pion en regardant leur propre agenda.
Bérenger, tout en soulignant la nécessité d’attendre le retour du Premier ministre avant de rendre public un rapport complet, en a tout de même dit suffisamment pour que l’opinion mesure la gravité de la situation. Selon ses propres mots, cette affaire sérieuse nécessite des «décisions graves qui seront bientôt prises».
L’incident, déjà transmis à la police après une enquête préliminaire de la fonction publique pour possible infraction criminelle, fera également l’objet d’un avis du DPP en vue d’éventuelles poursuites. En attendant, toutes ces révélations soulèvent plusieurs interrogations légitimes : y aurait-il des réseaux d’influence opérant dans l’ombre, nourrissant des intérêts troubles, et qui n’hésitent pas à adopter une forme de défiance envers les autorités et nos institutions ?
C’est au cours de cette conférence de presse solo de Bérenger qu’on aura mesuré les tensions qui existent entre lui et le président du Conseil d’administration d’Air Mauritius. Ainsi, si pour le vice-Premier ministre, le vol du 13 octobre à destination de Tananarive n’aurait pas dû être annulé, un long communiqué d’Air Mauritius vient justifier cette décision qui n’aurait pas été prise à la légère. La situation sociopolitique à Madagascar, la sécurité de l’équipage, le sentiment anti-mauricien suscité après l’atterrissage du jet privé sont autant d’éléments pris en compte, selon le communiqué, pour juger que les opérations de vols vers Tana sont dangereuses et doivent être suspendues dans l’intérêt des passagers. Le communiqué ne manque pas de souligner que le président du Conseil d’administration d’Air Mauritius a personnellement appelé le ministre des Affaires étrangères qui a, à son tour, informé le gouvernement !
Y a pas à dire ! Le retour du Premier ministre est définitivement attendu. C’est en revenant d’un voyage en Inde qu’en septembre dernier Ramgoolam avait tranché en demandant à Sithanen de démissionner. Est-ce que d’autres têtes tomberont dans les jours à venir ?
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