«Mon Ba Pris en Selfie» : la vision du monde de Dinesh Bachoo

Trouver sa musicalité est un don. Le rythme de ses mots qui épouse l’essence de soi et de son rapport au monde ; c’est une forme de magie. Celle de Dinesh Bachoo, professeur des écoles, enseignant de Kreol Morisien (KM) depuis 2013, détenteur d’une licence en Technologie éducative de l’Université de Maurice et auteur. Son dernier-pensé, c’est un recueil de poésie en français publié par les Éditions Joseph Ouaknine, basées en France, cette année, Mon Ba Pris en Selfie. Une consécration pour le poète : son ouvrage a été déposé à la Bibliothèque Nationale de France et est en vente sur plusieurs plateformes en ligne dont celle de Kindle, Amazon. D’ailleurs, vous pouvez le découvrir en version numérique ou imprimée. En attendant de vous plonger dans cette lecture introspective, découvrons ce qui s’y dévoile…

Qui est-il ? Grand timide, il s’exprime mieux en écrit qu’à l’oral. C’est ce que nous explique Dinesh Bachoo. Dans son monde de mots, il se pense mieux dans la graphie. Ses émotions s’y impriment avec plus de finesse et de panache : «Je ne suis pas un beau parleur. Kote koze mo inpe rezerve. Mais quand il s’agit d’écriture, je suis intarissable.» Sortir de lui-même pour évoquer ce recueil lui demande un engagement supplémentaire. Il faut l’y pousser : «J’ai tout le temps écrit. C’est un de mes grands plaisirs. Et l’appel de la poésie a été une voix directrice de ma vie.» L’écriture fait partie de son socle de vie, depuis l’adolescence, explique-t-il. Il a, d’ailleurs, publié un premier recueil en KM en 2020, Refle Mo Lam.

De quoi parle son recueil ? De sa vision sur le monde et sur soi. Cet ouvrage est un travail introspectif, mais tourné vers les autres, vers une exploration de l’âme humaine avec ses fulgurances et sa noirceur, sa capacité de penser et de se transcender : «Je trouve qu’avec la poésie, nous pouvons passer des messages qui peuvent apporter du changement. Qui peuvent modifier notre lien avec ce qui nous entoure. J’évoque la philosophie, la spiritualité, la tolérance, les relations, l’environnement, la nature…» Mon Ba Pris en Selfie parle du rapport avec soi (son identité) mais aussi de celui qui nous lie aux apparences que l’on souhaite mettre en avant, dans un monde où on se montre avant d’être. Il appelle à un voyage intérieur, une découverte de ce que nous sommes réellement.

Mais c’est quoi le «Ba» ?! Imaginez un oiseau au plumage d’or et de cuivre, portant votre visage. Il plane au-dessus des dunes, longe les toits familiers, frôle la surface des eaux où vous avez rêvé. Cet oiseau, c’est votre Ba. Pour les Égyptiens, il était bien plus qu’un symbole : il était votre empreinte vivante. Vos rires, vos colères, vos passions, vos habitudes – tout ce qui vous rend unique – se déployaient dans ses ailes. Vous l’avez compris ; il s’agit du for intérieur dans la philosophie égyptienne.