L’agent du MR dans sa tabagie à Cité Barkly.
Il est au centre du bras de fer entre le ministre de la Justice et le leader de l’opposition. Considéré comme un gros bras ayant un lourd casier judiciaire, il a accepté mercredi, lors d’une rencontre, de nous parler de lui.
Que d’accusations ! Toutes fausses, selon lui. C’est dans sa tabagie, au cœur de la cité Barkly, que l’homme nous reçoit. «Bérenger se sert de moi pour attaquer Rama Valayden», déclare-t-il tout de go. Mardi dernier, le leader de l’opposition, Paul Bérenger, a déposé un document à l’Assemblée nationale pour soutenir que l’Attorney General serait intervenu le 25 décembre dernier, pour faire relâcher sur parole Marcelin Humbert, arrêté pour l’agression alléguée d’un policier. Rama Valayden réfute ces allégations (voir «Questions à Rama Valayden»).
Marcelin Humbert affirme également que l’Attorney General n’est pas intervenu en sa faveur ce jour-là et explique les circonstances dans lesquelles il avait été arrêté. «Quand le véhicule dans lequel je roulais a percuté un bœuf, j’ai été chercher son propriétaire. Comme certaines personnes ont commencé à s’exciter, j’ai appelé la police. J’ai été arrêté par la suite.»
C’est ce soir-là que Rama Valayden serait intervenu en téléphonant à l’ASP Vadamalay pour faire libérer le suspect. Si celui-ci avait effectivement retrouvé la liberté ce soir-là, il dit ne pas savoir qui est intervenu en sa faveur.
Toutefois, il ne nie pas être proche du MR. Il explique avoir épousé la cause de ce parti car son leader est très proche des petites gens. Il dit être lui-même issu d’une famille nombreuse et modeste.
L’habitant de Barkly est catégorique : «Je ne suis pas celui que certains décrivent. Que Bérenger n’utilise pas des ti-dimoun dans ce conflit l’opposant à Valayden. Je donne un coup de main au MR quand il y a des affiches à coller». Pourtant il a un casier judiciaire bien chargé et n’a pas bonne réputation. Quand nous revenons sur les accusations portées contre lui, il se défend et dit à chaque fois être victime de coups montés. Il sera tout le temps libéré sous caution.
En septembre 2005, il est accusé du viol d’une adolescente de 14 ans. Dans sa déposition, la jeune fille raconte que l’homme aurait abusé d’elle dans une pension de famille. Marcelin Humbert nie cette allégation : «je suis populaire dans le quartier et nullement un agresseur.»
En mai 2007, il est interpellé par la brigade anti-drogue. 35 tablettes de Subutex auraient été trouvées sur lui. Il réfute cette accusation et affirme avoir été piégé.
En mars 2008, il est accusé d’avoir mortellement agressé un habitant de la cité Barkly. L’agent du MR clame cette fois encore son innocence : «Ayant entendu du bruit dans la rue, je suis allé voir et j’ai remarqué deux hommes qui se bagarraient. Je suis intervenu pour qu’ils cessent puis je suis rentré chez moi».
Selon d’autres versions Marcelin Humbert se serait comporté d’une manière agressive ce soir-là
Paul Bérenger : «Il faut saisir l’occurrence book de la police»
Le leader de l’opposition s’insurge. Il monte au créneau lors d’un point de presse hier: «Nous avons entendu des choses disturbing sur l’enquête de la police dans l’affaire de Subutex, Valayden et Sada Curpen. En ce qui concerne celle de Marcelin Humbert, il faut saisir l’occurrence book de la police de Terre-Rouge pour voir s’il y a eu ingérence». Selon lui, la population a le droit de connaître la vérité.
L’Attorney General défie le leader de l’opposition
Q : Connaissez-vous Marcelin Humbert comme allégué par le leader de l’opposition ?
R : Oui.
Q : Quels sont vos liens avec lui ? Il nous a fait comprendre qu’il est l’un de vos agents politiques.
R : Je connais la famille depuis l’époque de sir Gaëtan Duval. Marcelin Humbert m’a aidé pendant la compagne électorale.
Q : Depuis combien de temps le connaissez-vous ?
R : Lui et sa famille, depuis 1992.
Q : Est-ce que vous êtes intervenu le 25 décembre dernier pour le faire libérer sur parole ?
R : Non.
Q : Qu’avez-vous à répondre aux nombreuses allégations de Paul Bérenger à votre sujet, mardi, à l’Assemblée nationale ?
R : C’est facile de faire des allégations. Je défie Paul Bérenger de jurer un affidavit et de dire qu’il n’a jamais téléphoné et qu’il n’est jamais intervenu au niveau de la police.
Q : Peut-on avoir des détails sur vos relevés téléphoniques relatifs à cette affaire ?
R : Je suis transparent.
Q : Vous auriez pu avoir utilisé un autre téléphone ?
R : Facile comme explication. Comme c’est facile aussi de faire des allégations. Si j’ai un autre numéro, il n’est pas difficile de remonter jusqu’à moi.
Q : Suite à ces allégations, est-ce que le Premier ministre vous a demandé des explications ?
R : Il est normal qu’il le fasse.
Q : Pouvez-vous toujours compter sur son soutien ?
R : Comme je ne suis jamais intervenu pour protéger qui que ce soit, je ne vois pas comment ce serait le contraire.
Q : Comptez-vous démissionner de votre poste comme le souhaite l’opposition ?
R : Les souhaits de l’opposition ne sont pas mes priorités. Au contraire !
Q : La semaine dernière, vous avez parlé de la préparation d’un document qui contiendrait plusieurs jugements de la cour en défaveur de Paul Bérenger. Pourquoi faites-vous cette démarche ?
R : Attendons voir !
Q : Que contiendra ledit document ?
R : Soyez patient et demandez à Paul Bérenger s’il connaît les jumeaux.
Jean Marie Gangaram et Kendy Mangra