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Le parcours d’un combattant

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Dans son bureau du Sunday Vani qu’il devra peut-être bientôt quitter en emportant ses nombreux livres et documents.

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À sa sortie de prison en 1994. Il avait été condamné à trois mois pour avoir attaqué le chef juge et le système judiciaire.

On a du mal à le croire, mais il paraît qu’il ne va plus s’engager sur les plans social et politique. Après 40 ans sur le terrain, l’homme de Belle-Terre prend «sa retraite».

Il se retire de la bataille. Du moins, c’est ce qu’il affirme. Harish Boodhoo a fait ses adieux jeudi dernier, lors d’un meeting devant la Cour suprême, et clôt son combat aux côtés de ceux qui se disent victimes de la sale by levy, après avoir officiellement abandonné la politique il y a cinq ans. Est-ce vraiment définitif cette fois ? Il déclare qu’il laisse une imposte ouverte, mais que c’est très improbable. À 61 ans, «fatigué» et «criblé de dettes», il a décidé de se consacrer à l’écriture. L’éducation, la politique, sa maman Fooldee sont autant de thèmes auxquels il songe pour ses bouquins.

«Mon premier livre sera sans doute sur ma mère», avoue-t-il. Cette mère qu’il considère comme son «Dieu», à laquelle il voue une admiration sans bornes et pour qui son inconditionnel amour est resté intact même si celle-ci est décédée, il y a plusieurs années. Cette mère qui n’a pas hésité à prendre la pioche seulement deux semaines après son accouchement, en 1946, pour travailler comme laboureur et élever ses six enfants : «Mon père est mort trois mois avant que je ne vienne au monde.»

«Je n’ai peur de rien»

Harish Boodhoo se rappelle son enfance «extrêmement difficile» dans le petit village de Belle-Terre, sur la propriété sucrière de Highlands : «Nous vivions dans une case en paille. À cinq ans, je devais déjà aller couper l’herbe pour nourrir les animaux avant et après l’école.» Tous les jours, il fait trois kilomètres pour aller à l’école primaire de Camp-Fouquereaux. De son enfance, il garde aussi le souvenir de ses virées à la rivière du coin : «J’étais le champion de la pêche aux camarons. Je n’hésitais pas à plonger dans des endroits dangereux. C’est aussi cela qui m’a forgé le caractère et jusqu’à maintenant, je n’ai peur de rien, ni de personne.»

Après son School Certificate au collège Mauritius, le jeune homme travaille comme laboureur avant d’être admis au Teachers’ Training College. Devenu enseignant – il s’engage, en 1968, dans le mouvement socioculturel Siva Shivir avec lequel il sillonne l’île pour conscientiser les jeunes aux méfaits de l’alcool et de la cigarette. Il y rencontre Sarita, enseignante elle aussi, qu’il épouse en 1973. En 1976, Harish Boodhoo est approché par Sir Seewoosagur Ramgoolam pour rejoindre le PTr et dans la même année il est candidat chanceux aux élections générales.

L’homme de Belle-Terre devient député dans le gouvernement PTr-PMSD et se fait vite remarquer en tant que contestataire : «J’ai tout le temps été un révolutionnaire. Nous étions trois parlementaires de la majorité, Rada Gungoosingh, Rohit Beedassy et moi-même à contester les décisions gouvernementales qui nous paraissaient injustes.»

Plusieurs de ses «combats» de l’époque restent gravés dans sa mémoire : «La réforme des camps sucriers, la libération des plages, la désobéissance civile pour contester le budget Ringadoo.» En 1979, les trois compères sont mis à la porte du PTr.

En décembre de la même année, Harish Boodhoo lance le Parti socialiste mauricien (PSM) avec, entre autres, Rohit Beedassy et Rada Gungoosingh. En 1982, le parti contracte une alliance avec le MMM en vue des élections générales. Résultat : le premier 60-0 de l’Histoire. Mais des différends avec Paul Bérenger le poussent à dissoudre son parti pour se joindre à Anerood Jugnauth qui quitte le MMM pour fonder le MSM. Harish Boodhoo accepte le poste de Chief Whip en vue des élections de 1983. Là aussi, il prend des positions qui ne plaisent pas au leader du parti.

En 1986, Harish Boodhoo est évincé du MSM, mais il continue «à lutter» à sa façon contre les «injustices malgré les difficultés» : «J’ai été envoyé en prison une dizaine de fois sous le régime Jugnauth sous toutes sortes de prétextes.» S’il nie avoir dit au Ganga Talao, lors du lancement de la All Mauritius Hindu Conference, qu’il allait se retirer de la politique – «J’ai dit que je n’allais pas faire de la politique avec ce mouvement» – il affirme ne plus faire de politique active depuis 16 ans. Mais il n’a pu s’empêcher de s’en mêler, notamment en 2000, quand il a joué les intermédiaires entre le MSM et le MMM en vue d’une alliance : «La pays allait à la dérive, c’était la seule alternative possible.»

Il se lance par la suite dans des combats contre la prescription des terres, la vente à la barre tout en publiant le journal Sunday Vani. Le journal ne paraît plus depuis quelques temp faute de moyens financiers. Mais Harish Boodhoo en occupe toujours les locaux, il y dort même souvent sur trois bancs mis côte à côte. Il devra sans doute quitter les lieux bientôt car il n’a pas payé le loyer depuis plusieurs mois. C’est sans doute dans sa maison de Belle-Terre que Boodhoo se reposera en écrivant ses bouquins. Fera-t-il des révélations ?

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L’autodidacte

Il voulait devenir avocat. Mais n’a pu réaliser son rêve faute de moyens financiers. Il a donc potassé tous les documents sur le sujet et se targue de connaître la loi sur le bout des doigts. Une autre de ses grandes passions est la langue anglaise dans laquelle il n’arrête pas de se perfectionner en suivant les émissions de la British Broadcasting Corporation (BBC). Il lit aussi les magazines et les livres d’anglais en prenant soin de noter tous les nouveaux mots et les expressions nouvelles pour les intégrer à son vocabulaire. L’écriture est également l’un de ses dadas. Là aussi Boodhoo affirme n’avoir pas eu à se former, sinon sur le tas, pour le faire «avec facilité». Mais il ne sait pas se servir d’une machine à écrire, encore moins d’un ordinateur. Ses textes, c’est à la main qu’il les écrits. Et il conserve soigneusement tous ses agendas où il note les moindres détails de sa vie au jour le jour.

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