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Gavin Glover : la vie en plaidoirie

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Son bureau à Port-Louis et sa maison à Quatre-Bornes, sont les deux endroits où il passe la plupart de son temps.

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L’homme de loi avec sa mère Lady Ginette, son père Sir Victor et feu son grand-père Harold.

Sa passion va au-delà du métier qu'il exerce depuis 23 ans. Il a l'art du verbe et une détermination à broyer le roc. Rencontre avec une figure incontournable du barreau mauricien qui a beaucoup fait parler de lui avec l’affaire des haut-parleurs…

Le droit, c’est son cheval de bataille. Sa marque de fabrique : la défense envers et contre tout. Gavin Glover, 45 ans dans quelques jours, qu’on a beaucoup vu dans les journaux ces derniers temps dans le conflit l’opposant à la mosquée de Quatre-Bornes, définit son rôle comme le moyen de se battre pour les justes causes : «C’est cela même le sens du métier.»

Chez lui, on retrouve un homme qui ressent «une grande fatigue» après les trois semaines mouvementées, qu’il a, dit-il, vécues depuis que le juge Paul Lam Shang Leen lui a donné gain de cause en interdisant à la mosquée Hiddayat-E-Islam de sa localité d’utiliser ses haut-parleurs et amplificateurs pour l’Azaan (appel à la prière). De très longs silences précèdent ses réponses. C’est dire qu’il pèse chacun de ses mots : «Je pense que j’ai été peut-être mal compris et c’est dommage.»

L’affaire, qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a débouché sur une manifestation devant la demeure de l’homme de loi et devant l’Assemblée nationale, devait connaître un heureux dénouement avec l’accord signé pour baisser le volume des instruments dont se sert la mosquée pour l’appel à la prière : «Grâce à des personnes de bonne volonté, on a pu trouver une solution.»

S’il reste modeste sur ses activités personnelles, Gavin Glover a tendance à s’attarder davantage sur son métier. Lucide, amoureux de la dialectique et du combat juridique, il maîtrise, à l’entendre, sa profession à la virgule près. Parfois un peu trop, d’ailleurs : «Je suis conscient que j’accorde beaucoup de mon temps à mon travail.» Il est charismatique et semble le savoir : «Je fais souvent en sorte que mes clients acquièrent le sentiment que leur avocat, au-delà de sa compétence pratique, a une vaste connaissance de la condition des hommes.»

Ce qui frappe chez lui, c'est son besoin apparent de côtoyer des gens : un jeu complexe et subtil de liens qui se nouent et se dénouent au gré des rencontres avec ses clients qui lui confient leur procès, leurs rêves, leurs espoirs, leurs illusions et désillusions. Il dit connaître l'envers de leur décor et met un point d'honneur à les rendre dociles, donnant un naturel à leurs relations : «Passer d'un client à un autre, c'est comme passer d'un personnage à un autre.»

On aperçoit avec intérêt les détails de son chez lui. Tout y paraît rassurant, chic, élégant. Gavin Glover, heureux époux et père comblé de trois adolescents, décrit son itinéraire avec un humour élégant : «Comme tous ceux qui s’accrochent à réussir leur vie.» Né dans une famille aisée : une maman, ancien prof de maths, un papa, Sir Victor Glover, ancien chef juge, un petit frère, Brian, aussi avocat, sa chance, dit-il, est d’avoir eu des parents qui ont compris que la meilleure voie pour changer les conditions de vie de leur progéniture consiste à orienter celle-ci vers la recherche de la connaissance.

Enfant rêveur et heureux, il dévore les livres – son grand passe-temps – en quête de l'imaginaire : «Parcourir les pages d’un bouquin m’aidait à me détendre, à varier mes plaisirs dépendant de mes humeurs.» En grandissant, le plaisir de la lecture gagne en durée sans jamais perdre en vivacité chez lui.

Après sa scolarité à l’école primaire Notre-Dame-des-Victoires, puis au collège du Saint-Esprit – ses «meilleurs souvenirs d’adolescence» – lauréat de la cuvée 79 – le jeune Gavin marche sur les traces de son paternel après avoir fait ses études à l’université d’Oxford. Quelques années plus tard, soit en 1985, il fait ses débuts au barreau : «Je me souviens parfaitement du premier cas que j’ai traité. J’assurais la défense d’un habitant de Pamplemousses, accusé d’avoir volé le ballon de foot du fils de son voisin. Malheureusement, j’ai perdu l’affaire.»

Gavin, grand amateur de chevaux et joueur de tennis de table, embrasse dès lors tous les genres, toutes les connaissances et les sujets relatifs à la justice. Il comprend qu'il est sommé de trouver la réponse aux questions impossibles, d'accompagner au mieux l'évolution d'un procès. Il cherche alors une écriture neuve, une authenticité propre et est vite réputé pour l'intensité de son plaidoirie. Il nous livre les détails d'un procès, celui qui l’a le plus marqué : «L’affaire Bacha en 96 dans laquelle j’avais assisté Ivan Collendaveloo dans la défense de Joyce Castellano avec feu Sir Gaëtan Duval, Sir Marc David, Sir Ahmid Moollan et Jacques Panglose, entre autres.»

Autre tournant de sa carrière : son année à la présidence du Bar Council en 2003 : «Je résumerai cette année comme une continuité du travail accompli par Sir Marc David QC à qui j’ai succédé.»

Son épouse lui est d'un soutien précieux et lui prodigue de nombreux conseils. Elle réussit même le tour de force de l'éloigner un peu de son univers. Il partage son temps libre avec ses enfants : «J’essaye de passer tous mes week-ends avec eux.» Il s’adonne aussi à la lecture. Quand il n’a pas le nez plongé dans les romans du genre : le dernier Rankin ou Connelly, il apprécie un bon match de foot, étant un grand fan de Liverpool, ou simplement se fait plaisir en dégustant une «bonne rougaille de poisson salé avec du margoze et des grains secs» ou encore en s’amusant avec son fidèle compagnon, son chien Noé.

De temps en temps, lui qui croit à l'humanisme, à la paix, à la tolérance et aux droits de l'homme, ressent aussi le besoin de s’isoler dans son «anti-chambre», son «havre de paix», entouré de ses dossiers et ses livres, écoutant les airs de Billy Joel ou en se laissant bercer par les mélodies de son groupe préféré, les Beatles, et son morceau fétiche, Imagine de John Lennon, qui est «un beau résumé de ce que je pense et auquel j’aspire.»

Son plus grand défaut ? On le lui reproche souvent : «ramener du travail à la maison», mais passionné jusqu’au bout des ongles, «c’est plus fort que moi», conclut-il.

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