Vaseni et Soundiren criant leur douleur.
Vadivel, le grand-père de la victime, est très accablé par ce malheur.
Soundiren : «Pourquoi ne suis-je pas mort à la place de ma fille ?»
La vie de leur enfant unique a été arrachée par un cruel sort du destin. Aujourd’hui, Soundiren et son épouse sont dévastés. Unis dans la douleur, ils s’efforcent de garder, dans leur cœur, les bons souvenirs passés en compagnie de leur fille. Témoignages.
Son cœur saigne. Sa douleur est immense, indescriptible. Les cris de détresse qui s’échappent de son appartement de la NHDC, à Cottage, ne font qu’accroître sa souffrance. Assis sous la tente qui a été dressée pour accueillir ses proches, Soundiren Permal, âgé de 39 ans, veille l’arrivée de la dépouille de sa fille Azagui, décédée sur son lit d’hôpital, le vendredi 5 juillet, aux alentours de 00h30. Quelques jours plus tôt, soit le dimanche 30 juin, elle a été victime d’un accident de moto.
Ce jour-là, Soundiren a désespérément cherché un taxi pour conduire Azagui au dispensaire de Goodlands, car celle-ci avait de la fièvre. Pooven Viren, l’oncle maternel d’Azagui, raconte que les Permal «habitent dans cet appartement depuis quelques mois seulement. Ils n’ont le numéro de téléphone d’aucun taxi. Ils ont eu beau chercher un véhicule, ils n’en ont pas trouvé. Au final, ils ont fait appel à mon père, qui a une moto, pour les emmener au dispensaire».
Ce dernier, Vadivel Viren, âgé de 67 ans, se souvient que le jour de l’accident, «on était à trois sur la moto, soit ma petite fille, son père et moi qui pilotais l’engin. L’enfant était assise au milieu. À hauteur du rond-point de Beau-Plateau, une voiture qui se trouvait derrière, nous a percutés et projetés au sol». Et de poursuivre : «Le conducteur de la voiture s’est arrêté et nous a demandé de l’excuser. Puis, c’est lui-même qui nous a conduits à l’hôpital. Ma petite-fille, elle, était inconsciente avant même d’être admise aux soins intensifs de l’hôpital SSRN.»
Depuis, la famille et les proches d’Azagui n’ont cessé d’espérer son rétablissement. Hélas, la fillette s’en est allée vendredi, laissant ses parents dans une tristesse sans pareille. «Ma femme et moi avons beaucoup prié pour qu’elle aille mieux. On croyait fermement qu’elle allait s’en sortir. Mais Dieu a voulu d’elle à ses côtés. Azagui a passé cinq jours aux soins intensifs. Pourquoi ne suis-je pas mort à sa place ?» lâche Soundiren, terrassé par la douleur, en ce vendredi 5 juillet.
Le visage ravagé par le chagrin, le regard vide, Soundiren vit sans doute l’épreuve la plus dure de sa vie. Et il le crie haut et fort : «Mo leker fer mal ! Mo leker fer mal !» Sa femme, Vaseni, s’est, elle, murée dans le silence. Sa peine, elle la traduit à travers ses larmes.
L’atmosphère est lourde. Pesante. La tristesse se lit sur le visage de tous ceux présents au domicile des Permal, à Cottage. Et à 12h10, lorsque l’on amène la dépouille de la petite Azagui, drapée dans un linge blanc, les cris de douleur se succèdent. La tristesse est à son comble. Soundiren s’effondre en sanglots. Un membre de sa famille le soulève.
L’homme s’avance alors péniblement vers le corps sans vie de sa fille. Il tremble et fond, de nouveau, en larmes. Et c’est avec beaucoup de mal qu’il entre dans sa maison pour rendre un dernier hommage à sa petite. Quarante-cinq minutes plus tard, il en ressort, le visage bouffi à force d’avoir pleuré. «C’était ma princesse, ma raison de vivre. Elle aurait fêté ses huit ans le 6 octobre. Je lui avais dit que j’allais organiser une fête d’anniversaire et inviter ses amis de classe. Elle en était complètement folle», confie Soundiren qui balance la tête de gauche à droite, n’arrivant toujours pas à comprendre ce coup dur du destin.
Celle qui était sa source de bonheur, sa raison de vivre, n’est plus de ce monde. Et il a du mal à le réaliser : «C’est dur à croire. Mais c’est réel. Elle aimait tellement la vie. Elle faisait de la danse tamoule et aimait chanter. Pour la Fête de la musique, elle a proposé à sa prof de langue orientale de présenter quelque chose en tamoul. Elle a alors récité un poème pour l’occasion. D’ailleurs, le clip a même été posté sur YouTube.»
Celle qu’il considérait comme son rayon de soleil avait aussi une très grande foi. «Linn lev Cavadee deux fois. La dernière, c’était en février. Elle l’avait fait en compagnie de sa mère. Azagui avait invité cette dernière à faire ce sacrifice à ses côtés. À chaque fois, elle faisait son carême. D’ailleurs, tous les jours, avant d’aller à l’école, elle disait ses prières. Elle était exceptionnelle», souligne Soundiren.
Intelligente, la petite Azagui l’était, aux dires de ses proches. «Elle fréquentait l’école primaire du morcellement St André avant qu’on déménage. Ensuite, je l’ai transférée à l’école du gouvernement de Cottage. Le changement a été plutôt dur, mais elle s’est très vite adaptée. Les samedis, elle prenait des leçons en langue tamoule. Elle voulait enseigner cette matière une fois grande», poursuit Soundiren.
Malgré ses modestes revenus, ce dernier faisait tout pour assurer l’avenir de sa fille. «Je voulais qu’elle réussisse dans ses études. Nous sommes une famille modeste, mais ma fille ne se plaignait pas quand on ne pouvait pas lui acheter quelque chose dans l’immédiat. Elle était très patiente et comprenait nos difficultés financières. J’ai perdu mon bras droit. Je lui avais promis de construire sa chambre jusqu’à décembre. Mais elle ne l’aura jamais», lâche Soundiren, avant de se lever brusquement en voyant arriver un cercueil blanc. Il est alors environ 14h30. Des prêtres religieux font au même moment leur entrée dans la maison endeuillée. Les prières se mêlent aux pleurs des proches de la famille Permal.
À 14h50, le corps d’Azagui est placé dans le cercueil. Ses parents ne la quittent pas des yeux. L’instant est beaucoup trop dur. Les prières s’enchaînent jusqu’au moment de la fermeture du cercueil. Soundiren et Vaseni s’effondrent. Trop. C’est trop dur pour eux de voir partir leur petit ange.
Quelques minutes plus tard, Soundiren, accompagné d’autres hommes de la famille – comme le veut la tradition tamoule –, porte le cercueil au cimetière de Belmont. Alors que Vaseni, elle, regarde, de loin, partir le cortège funèbre, avant de s’évanouir. Son cœur de mère est meurtri. La vie sans sa fille ne sera plus la même.
Désormais, c’est avec un poids sur le cœur que les Permal auront à affronter les jours à venir, qui s’annoncent très sombres. Une vie sans Azagui qui était et restera leur rayon de soleil.
Le chauffeur toujours recherché
Il n’aurait pas encore été arrêté par la police. Le chauffeur de la voiture impliquée dans l’accident qui a conduit à la mort d’Azagui Permal est toujours recherché. Certaines sources affirment que cet habitant de Petit-Raffray aurait été admis dans une clinique après avoir appris le décès de l’enfant. D’autres encore avancent qu’il bénéficierait d’une protection. Il n’était pas à son domicile, le vendredi 5 juillet, lorsque nous nous sommes rendus chez lui pour tenter d’obtenir sa version des faits. Ses proches, eux, n’ont pas souhaité commenter cette affaire. Du côté de la police de Goodlands, en charge de l’enquête, nul n’a souhaité donner des détails quant à l’arrestation de ce chauffeur qui devrait être poursuivi pour homicide involontaire.