Reeaz Chuttoo : «Ce genre d’actions peut mener à des solutions concrètes»
Dharam Gokhool : «C’est une façon de faire qui témoigne d’un manque de dialogue»
La plate-forme syndicale a tenu, hier après-midi, une manifestation dans les rues de Rose-Hill pour demander la hausse des salaires des employés du secteur privé. Mercredi prochain, le comité des parents d’enfants qui fréquentent les écoles de l’APEIM organise une marche pacifique en marge de leur fermeture annoncée. Ce genre d’action mène-t-il à des solutions ? Le syndicaliste Reeaz Chuttoo et l’ancien ministre Dharam Gokhool s’expriment sur le sujet.
Pensez-vous que les manifestations mènent à des solutions concrètes ?
▲ Reeaz Chuttoo : Certainement. Ces manifestations ont leur raison d’être. Le
2 février 2009, deux nouvelles lois sont venues priver les travailleurs mauriciens de leurs droits. Il y a eu plusieurs manifestations pour dénoncer cela. Résultat : il y a eu, le
9 avril 2009, 25 amendements à ces lois. Ce qui prouve que ce genre d’action peut mener à des solutions concrètes.
▼ Dharam Gokhool : Ce qui arrive était prévisible. En 1968, Samuel Huntington, un écrivain, a prédit, dans un livre intitulé Political Order in Changing Societies, que le public allait se révolter si le pouvoir ne l’écoutait pas. En 2012, Moisés Naìm, dans son livre The end of power, reprend la même réflexion. Et ce qui se passe actuellement montre que les gens estiment ne pas être écoutés, d’où les manifestations à travers lesquelles ils s’expriment.
Pensez-vous que c’est une façon de faire du chantage aux autorités ?
▲ Reeaz Chuttoo : C’est une façon de se battre pour une cause. D’ailleurs, nous avons noté qu’il y a de plus en plus un regain de confiance chez les travailleurs mauriciens. La récente grève des employés de la Compagnie nationale de transport est un bon exemple.
▼ Dharam Gokhool : C’est une façon de faire qui témoigne d’un manque
de dialogue.
Y a-t-il d’autres moyens que de descendre dans les rues ?
▲ Reeaz Chuttoo : Ces dernières années, nous avons eu recours à plusieurs méthodes. Nous avons notamment fait campagne via les réseaux sociaux. Nous avons aussi fait une chaîne humaine. Bref, il y a plusieurs façons. Suite au rassemblement d’hier, il a été décidé de faire les manifestations dans l’après-midi.
▼ Dharam Gokhool : Ce qui se passe actuellement est un phénomène qui s’est produit ailleurs : en Tunisie, en Europe ou encore au Brésil récemment.