Alain Jeannot : «L’éducation et la sensibilisation sont plus que jamais nécessaires»
Ashok Matar : «Il faut laisser le permis à points faire son chemin»
Cette semaine encore, des accidents ont fait la une. Et à la suite de cela, certaines personnes ont questionné l’utilité du permis à points. La parole à Alain Jeannot, président de l’ONG Prévention routière avant tout (PRAT), et l’inspecteur Ashok Matar de la Traffic Branch.
Les accidents de la route continuent d’occuper l’actualité. Qu’en pensez-vous ?
Alain Jeannot : C’est triste et regrettable car les accidents de la route génèrent beaucoup de souffrance et ont un coût social énorme. Il faut réaliser qu’en 30 ans, notre réseau routier a augmenté de 19 %, alors que notre flotte de véhicules a grossi de 500 % et qu’elle ne cesse de croître chaque jour.
Ashok Matar : Un mort, c’est toujours un mort de trop. Et chaque accident suscite des interrogations. Maintenant, il s’agit d’étudier ce qui est arrivé et de se poser les bonnes questions : comment est-ce arrivé et pourquoi c’est arrivé ?
Malgré l’entrée en vigueur du permis à points, les accidents sont toujours fréquents. N’est-ce pas là un échec du système ?
Alain Jeannot : L’efficacité d’un projet de cette envergure ne peut se mesurer en un mois. Nous ne pouvons certainement pas parler d’échec. Le permis à points a lancé un signal fort aux automobilistes. Ils semblent faire plus attention. Cependant, beaucoup de piétons sont toujours aussi indisciplinés. Il n’y a qu’à observer combien d’entre aux traversent l’autoroute au niveau de Réduit ou Pailles, alors que les véhicules y roulent à 80 km/h ou plus !
Ashok Matar : Il ne faut absolument pas tirer des conclusions hâtives. Nous, policiers qui sommes sur le terrain, avons constaté un changement de comportement sur nos routes. Quand nous rencontrons des chauffeurs, nous voyons qu’ils sont de plus en plus conscients des enjeux de cette nouvelle mesure. Les changements d’habitude se font graduellement. Il faut laisser le permis à points faire son chemin.
Comment faire pour diminuer le nombre de morts sur nos routes ?
Alain Jeannot : Les usagers de la route doivent apprendre à identifier et à bien comprendre les causes des accidents qui sont notamment l’alcool, la vitesse, le manque de visibilité, le non respect des distances de sécurité entre les véhicules, le non-respect du port de la ceinture de sécurité, l’état défectueux des véhicules, le non-respect du Code de la route, la fatigue et d’autres distractions. Pour y arriver, l’éducation et la sensibilisation sont plus que jamais nécessaires. Il faudrait encourager davantage la discipline et instaurer des lois répressives pour les appliquer chez les récalcitrants.
Ashok Matar : Comme tout le monde, je souhaite aussi que le nombre de morts sur nos routes diminue. Ça ne va pas arriver tout de suite, mais je suis confiant que c’est possible.