Le député a critiqué les «ministres médiocres», entre autres.
Il n’a pas la langue dans sa poche et quand il dégaine, ça peut faire mal. Le député correctif du no 19 a encore sévi, égratignant au passage ses propres collègues. Deux camps se dessinent depuis : ceux qui approuvent et ceux qui ne sont pas du tout d’accord.
Il a jeté un pavé dans la mare. Les uns, une minorité, sont (un peu) d’accord avec lui, les autres, plus nombreux, se dissocient de ses déclarations, voire condamnent vivement celles-ci. Quoi qu’il en soit, les récents propos du député correctif rouge du no 19 (Stanley/Rose-Hill) ne laissent pas indifférent dans le camp des travaillistes.
Depuis le début de la semaine, en effet, les réactions pleuvent du côté du PTr. Certaines sont même assez virulentes. Et ce n’est pas un de leurs adversaires qui est visé mais un des leurs : Reza Issack. Celui-ci a, dans des interviews sur une radio privée ainsi que dans l’express samedi et l’express dimanche de la semaine dernière, formulé plusieurs critiques à l’encontre du gouvernement, disant notamment que certains ministres sont médiocres et qu’il faudrait un remaniement ministériel.
Des déclarations qui ont suscité une vague de désapprobation dans la bande à Navin Ramgoolam. La rencontre parlementaire de lundi dernier aurait même été assez houleuse car certains ministres n’auraient pas hésité à faire part de leur désaccord au député du no 19. Seule Nita Deerpalsing aurait pris la défense de ce dernier en disant que le Premier ministre encourageait la liberté d’expression et que seulement «les médiocres» devraient se sentir visés. Le ministre Deva Virahsawmy s’est, lui, fait le porte-parole de ceux qui sont contre les propos de Reza Issack lors d’un forum durant la semaine écoulée : «Je ne partage pas le point de vue de Reza Issack. Je ne vois pas pourquoi un parlementaire se doit de commenter le travail d’un ministre.»
Pas de «temblement de terre»
Les déclarations du député semblent définitivement avoir créé une certaine crispation chez les Rouges. «Effectivement, beaucoup ne sont pas contents des propos de Reza Issack. Certains se sentent visés évidemment et pensent qu’il veut leur place ou qu’il a un hidden agenda. Ils aimeraient voir le Premier ministre prendre des actions contre le député. C’est plutôt tendu en ce moment au PTr», souligne une source proche du parti.
Point de vue que ne partage pas Patrick Assirvaden. «Il n’y a pas de tension. Le mood est un mood de démocratie. Le PTr, contrairement à d’autres partis, prône la liberté d’expression. Reza Issack a son point de vue, les autres ont les leurs, chacun s’exprime dans un mood de fraternité. C’est ça la beauté du PTr», déclare le président des Rouges.
Et lui, que pense-t-il des propos de Reza Issack ? «La personne qui est à même d’évaluer ces déclarations et d’agir en conséquence est le Premier ministre. En tout cas, si ce que Reza Issack a dit peut donner un coup de fouet, faire prendre conscience de certaines choses, c’est tant mieux. Et puis, qui se sent morveux se mouche. Moi, la seule chose avec laquelle je ne suis pas du tout d’accord c’est quand il vient dire que le gouvernement ne fait rien au no 19», soutient Patrick Assirvaden.
Toujours est-il que certains au parti n’approuvent pas, alors là pas du tout, les déclarations de Reza Issack. À l’instar du ministre Cader Sayed Hossen : «Je respecte l’opinion de Reza Issack qui est un collègue et un ami du parti mais aussi un ami en dehors du parti. Toutefois, je ne suis pas d’accord avec ses récentes déclarations et sa façon de faire. Il y a certaines choses qui doivent être discutées en interne et non publiquement. C’est son choix de le faire ainsi, mais moi je ne suis pas d’accord avec ça.»
Mais, selon le ministre, ces déclarations n’ont pas non plus «causé un tremblement de terre au PTr» : «Le mood est bon au niveau du parti, il n’y a aucune tension, chacun exprime son opinion en toute liberté. Car le PTr a un mode de démocratie interne qui laisse une grande latitude à ses membres de s’exprimer. Quoi qu’il en soit, nous avons un Conseil des ministres soudé derrière le Premier ministre qui est celui qui décide de l’orientation politique du gouvernement.»
Pour, contre ou réaction mitigée… en tout cas, les récentes interviews de Reza Issack ont fait leur effet au PTr. Le Premier ministre, actuellement absent du pays, réagira-t-il à ces propos ? On attend son retour pour le savoir.