Le constable était respecté dans le milieu de la force policière pour sa rigueur.
Logen Thandrayen et sa mère Saroj avancent que Selven est passé aux aveux après avoir été brutalisé.
Son corps a été retrouvé, le mardi 28 mai, à un arrêt d’autobus à Vacoas. Si dans une première déposition, Selven Thandrayen, le principal suspect dans cette affaire, avait avoué le crime, il est toutefois revenu sur ses aveux hier matin. Les proches de Bernard Rousselin, eux, sont inconsolables. Sa sœur Odile dresse un portrait de celui qu’elle voyait comme un hard worker.
La force policière est secouée par un nouveau drame, après celui qui a frappé la famille Ramkhalawan, le jeudi 16 mai. Le corps sans vie du constable Bernard Rousselin, 44 ans, a été retrouvé en début de semaine, gisant dans une mare de sang sous un abribus à Vacoas, aux environs de 20 heures.
Selven Thandrayen, un récidiviste notoire, a été arrêté le jeudi 30 mai. Il a, dans un premier temps, avoué avoir tué Bernard Rousselin. Et, il avait même déclaré avoir agi pour se venger d’une affaire qui remonte à quelques années de cela et dans laquelle il était impliqué. À l’époque, cette enquête avait été placée sous la houlette de l’officier Hurrydeo Raddhoa, décédé depuis, en collaboration avec Bernard Rousselin. Mais hier matin, Selven Thandrayen est revenu sur sa déposition initiale, consignée jeudi soir, alléguant avoir été brutalisé par la police. «Je suis innocent», a-t-il, cette fois, affirmé.
Quoi qu’il en soit, pour les proches de Bernard Rousselin, la disparition tragique de ce dernier est «inacceptable». Odile Edouard, sa sœur aînée, est toujours sous le choc. «Mon frère ne méritait pas de mourir ainsi. Notre famille est anéantie», confie-t-elle. «Après le décès de mes parents, c’est moi qui ai veillé sur lui. Il était le fils que je n’ai jamais eu», confie Odile péniblement.
Bien que très abattue, elle veut toutefois rester forte. «Bernard était un hard worker. Il était très minutieux lorsqu’il enquêtait sur une affaire. Il l’était aussi au quotidien. Il ne méritait pas un tel sort. Car il était un bon policier qui faisait très bien son travail», soutient Odile. Comme elle, les collègues de Bernard Rousselin qualifient ce dernier de «bosseur». «Il était un dur à cuire qui savait mener une enquête. Il n’abandonnait jamais avant d’obtenir des résultats. Il connaissait la loi sur le bout des doigts», avance un collègue de la victime. Et d’ajouter : «Dès qu’on faisait appel à lui, il répondait présent et ce, à n’importe quelle heure. Je me souviens que lors du braquage de la Bramer Bank l’an dernier, il avait été d’une grande aide à l’équipe qui s’occupait de l’affaire. Bernard était quelqu’un de très respecté, apprécié et populaire au sein de la force policière.»
Bernard Rousselin a toujours rêvé de devenir policier, ce depuis qu’il fréquentait les bancs de l’école. Il a fait ses études primaires à La Confiance RCA School, avant de rejoindre les bancs du Curepipe College.
Après une enfance relativement calme, un événement tragique est venu bouleverser sa vie. Bernard Rousselin avait 14 ans lorsque son père est décédé. «Après la disparition de mon père, ma mère l’a beaucoup aidé dans ses études. C’est elle qui voulait qu’il devienne policier. Et lui, caressait aussi ce rêve. Après le collège, il a d’abord travaillé avec un oncle, avant de se joindre à la force policière», se souvient Odile Edouard.
Descente aux enfers
Entre-temps, Bernard Rousselin avait fait une rencontre, celle de Jenny, une habitante de Cité l’Oiseau. Cette dernière est, quelques années plus tard, devenu son épouse et lui a donné un fils, Jean-Daniel, âgé de neuf ans. «Ils se sont mariés en l’an 2000. Ils étaient très amoureux. Mais leur relation s’est compliquée lorsqu’ils ont déménagé des appartements de la police aux Casernes, à Curepipe, pour s’installer dans ceux de Vacoas», raconte Odile.
Pour cette dernière, «la rupture de Bernard avec sa femme (qui, interrogée par 5-Plus, n’a pas souhaité réagir) a contribué à sa descente aux enfers. Son quotidien a aussi été bouleversé par la séparation d’avec son fils. Bernard buvait pour noyer son chagrin». Une séparation qui aurait également eu un impact négatif sur la vie professionnelle du policier. «Il a fait l’objet de plusieurs transferts. Dès qu’il se sentait à l’aise dans une équipe, un problème surgissait et il se faisait transférer. Cela le démoralisait. Il fallait à chaque fois qu’il se réadapte. Et à chaque transfert, il s’absentait pendant une ou deux semaines. J’avais très peur qu’il perde son emploi», se souvient Odile.
Et quelques semaines avant le drame, son frère avait eu une altercation avec un soldat de la Special Mobile Force. Ce dernier avait même été interpellé cette semaine dans le cadre du meurtre du policier. Il a toutefois été autorisé à rentrer chez lui.
Au-delà de ses déboires professionnels, Bernard Rousselin avait de beaux projets d’avenir pour son fils. «Il voulait ce qu’il y a de meilleur pour son enfant. Il souhaitait qu’il ait notamment une bonne éducation», précise Odile. Anéantie par le décès de son frère, elle espère fermement que justice sera rendue : «J’ai confiance en la justice mauricienne. Le ou les coupables vont payer pour ce crime.»
Car pour elle, Bernard Rousselin était un homme bon et respecté par sa famille et ses collègues. Un homme qui ne méritait certainement pas de mourir dans des circonstances aussi tragiques.