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Ma liberté d’être

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Le président du Collectif Arc-en-ciel entouré de quelques partenaires actifs dans la lutte contre l’homophobie.

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En compagnie de sa mère Indiana, dont il est très proche.

À la présidence du Collectif Arc-en-ciel, ce militant de la cause homosexuelle lance une charte pour la protection des personnes subissant des violences physiques ou verbales et du harcèlement basés sur leur orientation sexuelle et identité du genre. Rencontre…

Heureux comme un gay qui s’assume ! C’est comme cela que Jean-Daniel Wong, 36 ans, se décrit. Point de gêne, ni de honte, car il ne fait rien de mal, dit-il : «Je suis tout simplement différent de par mon orientation sexuelle.» Complètement décomplexé, celui qui entame sa deuxième année à la présidence du Collectif Arc-en-ciel est bien dans sa peau et ne s’en cache pas. Il clame son droit d’exister sans être provocateur. Et cela, depuis qu’il a fait le choix, il y a plusieurs années, d’assumer sa sexualité, de se montrer tel qu’il est, sans fard, de faire son «coming out» et d’affirmer son homosexualité.

Jean-Daniel estime avoir le droit d’afficher ses préférences, d’exister, d’être, sans avoir peur de sa réalité. Un droit, estime-t-il, que tous ceux qui sont dans son cas devraient avoir. Et c’est pour cela qu’il mène le combat depuis 2010, l’année où il a rejoint l’association qui milite pour le droit et le bien-être de la communauté, contre l’homophobie et les discriminations liées à l’orientation sexuelle et qui travaille pour la promotion des droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT).

Mais avant d’arriver à cette sérénité qu’il affiche aujourd’hui, il y a eu, raconte Jean-Daniel, beaucoup de questionnements, de doutes. Comme c’est le cas de beaucoup de jeunes, garçons et filles, qui réalisent, à un certain moment, qu’ils «ne sont pas comme les autres» et se retrouvent à subir la terrible loi du silence, car ils ont peur, en parlant de leur réalité, d’être exclus, de subir le rejet des autres, d’être pointés du doigt.

Un sujet qui dérange

Jean-Daniel a su très tôt qu’il avait une orientation sexuelle différente et avait conscience que les choses n’allaient pas être faciles. Car depuis toujours, l’homosexualité choque, dérange, inquiète, fait peur et est un sujet à éviter. C’est pour cela que, comme beaucoup de ceux qui sont attirés par des personnes du même sexe, le jeune homme a préféré, à un moment de sa vie, se cacher derrière «une fausse normalité», tout en ayant envie de crier au monde ce qu’il était, de dire tout haut qu’il n’avait pas cherché à naître homosexuel, mais que c’était comme ça tout simplement : «J’évitais tout simplement d’en parler…»

Mais le jeune homme s’est vite rendu compte que cela ne servait à rien : «Je ne pouvais me résoudre à renier ce que je suis et je ne voulais certainement pas vivre caché.» Il y a quelques années, poussé par le désir de donner une autre dimension à sa vie, il décide de révéler sa réalité à ses parents : «J’ai voulu me libérer, être tout simplement vrai avec eux.» Certes, précise-t-il, ce fut difficile pour eux d’accepter sa réalité. Comme un peu tous les parents qui doivent faire face à l’homosexualité de leur enfant et se retrouvent dans un désarroi total, une grande solitude devant l’acceptation d’une différence qui engendre souvent de la honte, un sentiment de culpabilité, «la peur de ce que vont penser les autres».

Aujourd’hui, les choses se sont apaisées. Sa mère Indiana et lui – son père est décédé – se sont retrouvés et sont plus proches que jamais : «Ma maman a réalisé que je ne faisais rien de mal. Que je vivais une vie respectable, que j’étais heureux en amour et dans ma vie, et elle a compris que c’était l’essentiel.» Désormais, Jean-Daniel respire la sérénité tout en admettant qu’assumer son homosexualité, dans une société sujette aux médisances et à l’intolérance, est une bataille au quotidien. Mais lui sait ce qu’il est et ce qu’il vaut : «Je suis un homme, comme tous les autres. Quelqu’un qui aime et qui a des droits… comme tous les autres.»

Le jeune homme épanoui mène tranquillement sa «petite vie» aux côtés de son amoureux, faisant fi des tabous, au vu et au su de tous, sans se préoccuper du qu’en-dira-t-on. Jean-Daniel, qui compte 13 ans d’expérience au sein de la compagnie nationale d’aviation en tant que personnel navigant, assume aussi, avec beaucoup de conviction, la présidence du collectif qui entame cette année sa huitième année d’existence : «Le voyage n’est pas encore terminé et les défis et obstacles sont très importants. Les avancées dans le domaine des droits des LGBT à Maurice et ailleurs nous donnent de l’espoir et nous motivent pour aller plus loin. Aujourd’hui, nous ne parlons pas uniquement des droits de personnes homosexuelles, mais de l’égalité des droits, des droits de l’homme.»

Une longue lutte qui le motive et lui permet aujourd’hui d’affirmer… sa liberté d’être !

Act now

Huit ans de lutte, huit longues années durant lesquelles le Collectif Arc-en-ciel et ses partenaires «ont milité pour obtenir des droits pour les personnes LGBT, pour de meilleures conditions de vie, pour obtenir l’égalité des droits, ni plus, ni moins». Et cette année, en sus de la traditionnelle «Rainbow Parade», le collectif vient de l’avant avec une charte : un protocole d’accord non contraignant entre la communauté LGBT, représentée par l’association, et la société mauricienne en général, avec l’objectif d’engager les activistes sociaux et politiques de même que la population, à œuvrer en faveur de la promotion et la protection des droits de la communauté homosexuelle. «Différents objectifs, dont celui de travailler avec le gouvernement, les entreprises et les institutions afin d’œuvrer pour la protection de la communauté homosexuelle contre les violences et pour l’égalité de traitement, selon les dispositions de l’Equal Opportunity Act, résument notre engagement pour les années à venir. Avec le soutien de tout un chacun, beaucoup peut être fait», assure le président du Collectif Arc-en-ciel.

Le «oui» historique de Vincent et Bruno

«On y croit», déclare Jean-Daniel Wong en évoquant la possibilité que deux personnes du même sexe puissent s’unir à Maurice. Le sujet est très d’actualité avec l’union historique de Vincent Autin et Bruno Boileau (photo), lors du premier mariage gay célébré en France. C’est mercredi dernier à 17 heures, à la mairie de Montpellier, que les amoureux se sont dit «oui», malgré les tentatives de déstabilisation des opposants à la loi Taubira.

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