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Quand Yousuf Mohamed raconte son père sir Abdool Razack…

Sir Abdool Razack Mohamed

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Les Mohamed, père et fils

Les préparatifs vont bon train pour
commémorer les 100 ans du fondateur du Comité d’action musulman (CAM). Nous avons demandé à son fils de brosser un portrait intime du politicien qui débarqua ici en 1928…

«Homme sévère et austère. Un père pour qui les enfants devaient être plutôt vus et non entendus.» Propos francs et directs de Yousuf Mohamed quand on lui demande de se plonger dans ses souvenirs d’enfance aux côtés de son illustre père, sir Abdool Razack Mohamed, décédé en 1978 et dont le centième anniversaire de la naissance sera commémoré à travers plusieurs activités en août. «Il était très rigoureux et exigeant concernant mon éducation et celle de mes trois frères et deux sœurs. Ce qui fait que je me rapprochais plus de ma mère, une jolie créole, née Ducasse - convertie à l’islam après son mariage - que mon père avait rencontrée chez la famille Ducasse où il apprenait à danser.»

Si leurs caractères ne facilitent pas la communication entre père et fils, la divergence est aussi sur le choix de carrière. «Lui me forçait à apprendre les sciences pour devenir médecin alors que j’ai toujours rêvé de devenir avocat», se souvient Yousuf Mohamed qui quitta Maurice pour la Grande péninsule pour terminer ses études secondaires. «Comme il est originaire de l’Inde (Abdool Razack avait débarqué à Maurice à l’âge de 22 ans le 16 novembre 1928), il m’envoie chez sa sœur estimant que je n’apprends pas assez ici.» Pendant que son fils goûte à une autre vie, sir Abdool Razack Mohamed n’est pas seulement le commerçant connu de Quatre-Bornes.

La politique commence à l’attirer. Et il répond à l’appel en se jetant dans l’arène. Élu conseiller municipal à Port-Louis en 1946, il occupe ensuite le fauteuil de maire à trois reprises. En 1953, il fait son entrée à l’Assemblée nationale sous la bannière de l’Union mauricienne.

Relation transfomée en complicité

Il devient ministre du Logement en 1959, et la même année le CAM voit le jour. Un parti qui, selon Yousuf Mohamed, naît sur les conseils d’un maulana. «Il avait dit à mon père qu’il fallait s’occuper de la minorité que représentaient les musulmans».

Le CAM, un parti communal ? «Oui, c’est vrai, mais ce n’était pas un parti extrémiste. Mon père se battait pour des causes qui interpellent la communauté musulmane sans pour autant négliger les autres minorités. Il fut de ceux qui luttaient pour l’autorisation aux musulmans de se rendre à la prière les vendredis. Il était soucieux de faire ce qu’il pouvait pour sa communauté. D’ailleurs, il quitta la loge maçonnique qu’il fréquentait quand il comprit que c’était en contradiction avec sa religion.»

Le fils finit par convaincre son père de l’envoyer en Angleterre étudier le droit. Avant son départ, un précieux conseil du fondateur du CAM : «Ne fais jamais de politique.» Faut dire qu’entre-temps, la relation difficile s’est transformée en une certaine complicité entre les deux hommes qui se voient régulièrement à Londres.

Mais le père garde toujours une certaine influence sur le fils. «Alors que j’étais un célibataire endurci, il réussit à me convaincre de me marier. D’ailleurs, c’est lui qui choisit ma femme (Zeinah Ramjanally) qu’il avait vue lors d’un passage chez sa sœur en Inde. Je suis ensuite parti, j’ai vu et j’ai été conquis.»

Alors qu’Abdool Razack a lui-même conseillé à son fils de ne pas embrasser une carrière politique, il change d’avis en 1967 et demande à Yousuf de se présenter aux élections législatives. «Je refuse. Il se met en colère et me dit que c’est un signe d’ingratitude et de désobéissance. Devant mon intransigeance, il demande à ma femme de me convaincre. Mais elle non plus ne me voit pas en politicien. Je me souviendrai toujours de la phrase de mon père à ce moment-là. Avec son accent baroque, il dit à ma femme : ‘Ou le garde ou mari pou ou tou sel.’ Finalement, je me laisse convaincre et c’est ainsi que je fais mes débuts en politique.»

L’image du politicien que Yousuf garde de son père ? «Un excellent ministre, un bon orateur» qui a le «cœur brisé» en 1976 quand il perd les élections. «Il fut marqué à vie quand des partisans d’un parti d’un autre bord passe devant notre porte avec un cercueil en disant ‘nou pe al enter’ Razack Mohamed.»

Le tribun meurt deux ans plus tard à 72 ans. Son décès signe la mort de son parti.

Aujourd’hui, pour célébrer le tribun qui aurait été centenaire le 8 mai, le gouvernement a mis sur pied un comité pour se souvenir de l’homme que fut sir Abdool Razack. Pour son fils Yousuf, l’heure est à la revanche de l’histoire…

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Plus d’infos

Ashock Jugnauth toujours là

Mélange de bonne humeur et de sérieux. C’est dans ce mood qu’Ashock Jugnauth a rencontré les journalistes, hier. Arrivé une trentaine de minutes à l’avance à l’hôtel le Labourdonnais où se déroulait la conférence de presse, la première depuis le lancement de l’Union nationale en avril, le leader du parti fait un brin de causette avec ses collègues présents.

Parmi, des anciens et des nouveaux venus. On compte cinq membres présents qui ont rejoint le groupe de l’ex-ministre de la Santé qui a claqué la porte du MSM. Deux avocats, un chef d’entreprise, un human resource manager et un consultant. Un nouveau membre, connu pour avoir été ministre et membre du parti MSM, est absent. Anil Gayan est en voyage d’affaires.

Les membres du parti feuillettent les journaux du matin et, le temps que tout le monde soit prêt, Dick Ng Sui Wa a la bonne idée de distribuer des bonbons à l’assistance. Que de douceur pour commencer la journée ! Les présentations faites, place aux thèmes qui vont être évoqués. On parle d’abord du parcours du parti. «On nous accueille favorablement», dit Ashock Jugnauth. Il affirme que le dégoût prime chez ceux qu’ils ont rencontrés : «C’est la grogne, la déception et la frustration généralisée qui gagnent la population.»

Autre sujet abordé, la compensation salariale : «Le parti soutient les syndicalistes à 100 %». Il explique que le ministre des Finances doit mettre en place une structure bien établie s’il veut que les employés, des secteurs sucre et textile, quittent leur travail pour intégrer un autre secteur, qu’on estime plus fructueux. Les produits pétroliers, les substances nocives découvertes à St-Pierre et le Certificate of Morality Bill étaient, entre autres des thèmes évoqués. Le leader de l’Union nationale déclare : Je suis sceptique par rapport au Morality Bill».

Dix bougies pour le MR

«Les adhérents augmentent de jour en jour et il faut leur montrer qu’on est toujours là», déclare un membre du Mouvement républicain. Le parti fête ses 10 ans aujourd’hui par un grand congrès à la salle des fêtes du Plaza. Ce lieu est «hautement symbolique car il a été un des bastions du Mouvement militant mauricien pendant des années», explique un proche du ministre Rama Valayden, leader du parti. Ce congrès est l’occasion de revoir les rôles attribués aux différents membres et de faire le bilan des activités et réalisations du MR après six mois au pouvoir afin d’analyser les forces et les faiblesses du parti. D’autres congrès suivront dans différentes régions de l’ile.

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