Mala Chetty : «Le chômage a un visage
plutôt féminin»
Aurore Perraud : «Les autorités seront toujours à leur chevet pour les encadrer et les encourager»
Les temps sont durs pour ces personnes qui ont démarré un business. Est-ce que les femmes entrepreneuses sont en danger ? Mala Chetty, ancienne présidente du National Women Entrepreneur Council, et Aurore Perraud, députée du PMSD, s’expriment sur le sujet.
Selon le Mauritius Research Council (MRC), la femme entrepreneuses fait face à beaucoup de difficultés : l’accès au financement ou encore s’acquitter de la taxe, entre autres problèmes. Votre avis sur le sujet ?
Mala Chetty : Face à la crise économique, la problématique homme-femme dans l’entrepreneuriat nous interpelle pour plusieurs raisons. À Maurice, le chômage a un visage plutôt féminin.
Aurore Perraud : Effectivement, étant donné le contexte économique mondial et la crise financière, les femmes entrepreneuses se retrouvent confrontées à des difficultés. Mais, comme elles participent au développement de l’économie mauricienne, tout sera fait pour les aider à y faire face.
Comment se porte à ce jour l’entrepreneuriat féminin à Maurice ?
Mala Chetty : Je constate qu’il y a actuellement beaucoup de petits business, tenus par des femmes, qui se ferment. Cet état de choses rejoint le constat du Mauritius Research Council, dans le sens où les femmes entrepreneuses n’ont pas accès au financement. Je remarque aussi qu’il y a, à Maurice, une saturation du marché de l’artisanat. Il faudrait réorienter ces personnes vers d’autres secteurs, celui de l’agroalimentaire, par exemple. À ce niveau, elles pourront alors répondre à une demande de la population. Ne l’oublions pas, 64 % de nos chômeurs sont des femmes.
Aurore Perraud : Les temps sont durs certes, mais il faut saluer le travail qu’elles effectuent. Elles sont courageuses, fortes et persévèrent pour leur survie. Les autorités seront toujours à leur chevet pour les encadrer et les encourager.
Est-ce qu’il y a suffisamment d’action, selon vous, pour aider les femmes entrepreneuses ?
Mala Chetty : Je pense qu’il faudrait, par exemple, que les facilités de Corporate Social Responsibility soient mises à la disposition des femmes entrepreneuses et qu’on devrait aussi régionaliser les services de facilités et les orienter davantage vers les zones de pauvreté. On pourrait accorder à celles qui remboursent leurs dettes un moratoire de 5 ans et à celles qui démarrent une entreprise, un grant de Rs 200 000. Selon moi, les financements devraient aussi être accompagnés d’un service d’aide en entrepreneuriat. Il serait aussi judicieux de mettre sur pied un projet expérimental qui serait un laboratoire entrepreneurial à l’île Maurice. Ce laboratoire constituerait un Think Tank avec les ressources de l’entrepreneuriat qui existent ici. Son rôle serait par exemple d’entreprendre des études de recherche sur l’entrepreneuriat ou encore de travailler en partenariat avec l’académie pour le transfert de technologie, entre autres.
Aurore Perraud : Nous croyons dans leur capacité et nous serons toujours en faveur des femmes entrepreneurs. D’ailleurs, certaines mesures enclenchées le démontrent.