Jayshree est très accablée par la mort de son mari.
Elle n’a plus de larmes pour pleurer la disparition brutale de son mari. Assise dans sa modeste demeure à Petite-Rivière et l’air complètement désemparée, Jayshree Gunness, l’épouse du chauffeur Deepchand Gunness, ne s’est pas remise de la mort de son époux. Elle ne s’en remettra sans doute jamais.
«La CNT doit rendre des comptes. Cette compagnie est responsable de la mort de mon mari. Il me disait souvent que l’autobus 4263 AG 07 avait souvent des problèmes, liés, pour la plupart, au système de freinage. Parfois, il rentrait à la maison, car le bus était en panne et qu’il n’y avait pas d’autres autobus disponibles qu’on pouvait lui attribuer en attendant que son véhicule soit réparé. Parfois, lorsqu’il rentrait à la maison, il me disait que le bus avait eu une panne en plein trajet. Mais après 20 ans en tant que chauffeur, il n’a jamais pensé qu’une telle chose pouvait lui arriver», soutient Jayshree Gunness, mère de trois enfants, avec douleur.
Elle déplore l’attitude de la CNT qui, selon elle, ignore totalement la souffrance de sa famille. «Le directeur était venu le jour de l’enterrement, une visite éclair. Depuis, personne au sein de la CNT n’a daigné nous rendre visite. Nous sommes totalement ignorés par cette compagnie», déplore-t-elle. À ses côtés, la mère de Deepchand Gunness regrette aussi la manière de faire de la CNT qui, dit-elle, «konn zis kouraz so bann travayer».
Jayshree, soutenue par ses enfants et sa belle-mère, réclame également que le rapport émis par deux experts indiens qui ont fait le déplacement dans l’île pour examiner l’autobus 4263 AG 07, soit rendu public. «Nous sommes en droit de savoir ce que dit ce rapport. La CNT doit faire preuve de transparence et le rendre public», avance la veuve du chauffeur. Au-delà de sa souffrance, cette mère de famille ne peut s’empêcher de penser à l’avenir de sa cadette, âgée de 19 ans. «Son père avait de beaux projets pour elle. Après le secondaire, elle a suivi un cours en Health Care Assistance. Elle a obtenu de très bons résultats. Dans quelques mois, elle allait prendre un cours afin d’obtenir un diplôme. Son père devait demander un prêt de la banque, car le cours coûte Rs 40 000. Maintenant, je ne sais pas ce qui va se passer, car je suis une simple machiniste dans une usine», confie Jayshree, les larmes aux yeux. Anéantie, elle refuse toutefois de baisser les bras. Son but : obtenir justice pour son mari.