Les yeux rougis par le chagrin. Le regard perdu. Linley Nunkoo répond faiblement aux marques de sympathie. Il n’attend qu’une chose en ce vendredi après-midi : que le corps de sa mère Ruth Marimootoo, 51 ans, soit ramené à la maison, avec les siens.
Qu’elle soit enfin «en paix», confie le jeune homme de 30 ans. Dans sa voix, un sanglot qu’il essaye de maîtriser. Dans son cœur, un chagrin immense. Avec ceux qui se sont déplacés pour soutenir la famille de Cité-Saint-Jean, Quatre-Bornes, il tente, comme il le peut, de régler les détails concernant l’enterrement de sa mère. Les funérailles ont eu lieu hier, le samedi 4 mai.
Quelques heures plus tard, de nombreuses personnes se sont regroupées devant et à l’intérieur de la maison de Ruth Marimootoo pour lui rendre un dernier hommage. Jean Paul, l’époux de la victime du tragique accident de la route du vendredi 3 mai, et sa fille Grace sont inconsolables. Ils n’arrivent pas à comprendre comment le pilier de la famille a pu s’en aller si brusquement. En ce vendredi matin, comme tous les jeudis et vendredis, la quinquagénaire a pris le bus pour se rendre à la foire du Café-du-Vieux-Conseil, à Port-Louis. Un geste banal : «Elle cousait des vêtements et les vendait», confie Linley.
En apprenant la nouvelle de l’accident, le jeune homme, père d’une petite fille, ne s’imaginait pas que sa maman pouvait se trouver parmi les victimes : «C’est ma marraine qui a appelé sa fille pour lui dire que ma maman n’était pas encore arrivée à la foire.» C’est à partir de là que le long cauchemar a débuté pour la famille, confie-t-il : «Je me suis alors douté qu’elle était dans l’autobus, mais pas qu’elle était décédée». Difficile pour lui de revenir sur les instants douloureux qui ont suivi : «J’ai parlé à ma mère au téléphone, jeudi soir. Nous étions très proches. C’est très dur.»
Afin d’accepter cette perte, il lui est impossible, dans un premier temps, de ne pas ressentir un sentiment de révolte. Alors, en cette nuit de veille, le chagrin se mêle à la colère chez les Marimootoo. Ceux présents pleurent la disparition de Ruth, et se désolent pour un drame qui, selon eux, aurait pu être évité.
D’autres préfèrent se rappeler la personne qu’elle était : «C’était une femme tellement joyeuse. Et elle était coquette. En plus. Ruth venait de réaliser un rêve avec d’autres membres de l’association de femmes entrepreneurs où elle évoluait. Elle avait ouvert un magasin à Rose-Hill», confie une amie de la défunte. Débrouillarde, souriante, serviable… les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Ruth Marimootoo.
Une personne partie trop tôt. Une personne qui sera toujours regrettée par son mari, ses enfants et tous les gens qui la côtoyaient.