Jayshree, entourée de ses filles Versha et Natacha, unies dans la douleur après la mort de la victime (en médaillon).
C’est grâce à lui, disent les rescapés de l’accident de Sorèze, qu’ils ont la vie sauve. Ce chauffeur est décrit, par ses proches, comme un homme au «grand cœur» et son acte de bravoure est salué de toutes parts.
Des larmes et des cris d’incompréhension et de tristesse. Vendredi après-midi, au domicile des Gunness, à Petite-Rivière, l’atmosphère morose était à son comble. A l’intérieur, le corps de Deepchand Gunness, 50 ans, chauffeur au sein de la Compagnie nationale de transport (CNT), est drapé d’un linge blanc et orné de fleurs. À côté, sa veuve Jayshree, 49 ans, et ses deux filles Natacha et Versha, âgées de 24 et 20 ans, assises sur un banc, ont les yeux pleins de larmes.
«Ki fer to finn kit nou to finn ale», ne cesse de répéter Jayshree, en sanglots. Ses filles, elles, tentent de la calmer. En vain. Cette image, des plus poignantes, ne laisse pas insensible les proches et amis de la famille endeuillée. À l’extérieur de la maison, le climat est tout aussi pesant.
Vikram Gunness, le frère de la victime, a du mal à croire que celle-ci s’en est allée. «C’est une de mes belles-sœurs qui m’a appelé pour me dire que Deepchand avait eu un grave accident. Elle m’a demandé de vérifier, auprès de l’hôpital Victoria, si mon frère y avait été conduit», confie cet infirmier de l’hôpital Victoria. «Mais après vérification, j’ai appris qu’il avait été transporté à celui de Jeetoo. Le personnel m’a alors appris son décès. Ça a été un terrible choc», poursuit-il, en larmes.
Deepchand Gunness, l’aîné d’une fratrie de huit enfants, a, selon son frère, toujours été protecteur envers sa famille et ses amis. Son acte de bravoure en est la preuve, fait ressortir Vikram : «Il est mort en héros. Toutes les personnes que j’ai rencontrées le disent. Même les blessés affirment qu’ils ont eu la vie sauve grâce à lui. S’il n’avait pas dévié l’autobus de sa trajectoire initiale, le bilan aurait été beaucoup plus lourd.» (Voir circonstances du drame en pages 12 et 13).
Deepchand Gunness avait pris de l’emploi auprès de la CNT environ une année après son mariage avec Jayshree. «Sa femme et lui se connaissaient depuis leur enfance. Ils se sont mariés et ont eu trois enfants, dont deux filles et un fils, Avishek, âgé de 19 ans. Deepchand a toujours été un bon père et un mari aimant. Il a travaillé dur pour offrir le meilleur à ses enfants», souligne Vikram. Et d’ajouter : «Sa fille aînée travaille dans une pharmacie. La cadette, elle, a terminé son Higher School Certificate l’an dernier. Mon frère souhaitait qu’elle prenne de l’emploi dans la fonction publique. Avishek, pour sa part, est employé dans un hôtel. Cette année, Deepchand projetait de lui acheter un terrain. C’est un rêve qu’il ne pourra jamais réaliser. C’est la première fois, dans tout sa carrière, qu’il fait un accident.»
Dans l’entourage de la famille Gunness, l’on avance que la victime avait téléphoné à son frère Lucknarain, également chauffeur auprès de la CNT, pour le remplacer. «Mais son frère était déjà parti lorsque Deepchand l’a téléphoné. Donc, il est parti travailler», témoigne un proche de la famille.
«Homme au grand cœur», «Bon vivant»… Deepchand était, aux yeux de son jeune frère, un exemple à suivre. «Après la mort de mon père, c’est lui qui a veillé sur mes frères et ma sœur. Il était toujours d’un bon conseil et nous inculquait des valeurs humaines que je n’oublierai jamais. Il n’hésitait pas à se mettre au second plan pour aider les autres», soutient Vikram.
Passionné de football, Deepchand était un grand fan de Manchester United. La musique et les courses hippiques le passionnaient également. Des passions auxquelles il ne pourra, hélas, plus s’adonner.
Les funérailles de Deepchand Gunness ont eu lieu le samedi 4 mai, à 9 heures. C’est en «héros» qu’il s’en est allé, laissant sa famille et ses proches dans une tristesse sans fin.