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Franceska, 15 ans, et Jade, 30 ans, meurent après leur accouchement

Selon ses proches, Jade Monique était une jeune femme pleine de vie.

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Marie-France Bégué, attristée par la mort de sa fille (en médaillon), tient dans ses bras la fille de cette dernière, qui ne connaîtra hélas pas sa mère.

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Ce père de famille affirme que ce n’est que vendredi que sa femme Nafisa (à g.), a pu voir et allaiter son enfant.

Ces deux femmes ont accouché par césarienne, avant de décéder, assurent leurs proches, des suites de négligence médicale. Deux autres cas sont à déplorer, dont ceux d’un bébé blessé au scalpel lors d’une césarienne et d’une femme de 51 ans, morte des suites d’une crise d’asthme. Entre colère et tristesse, les familles affectées reviennent sur les circonstances de ces drames.

Franceska Bégué : trop jeune pour mourir

Elle n’avait que 15 ans. Mais Franceska Bégué était prête à assumer son rôle de jeune maman, confient ses proches. Cette ancienne élève du Prof. Basdeo Bissoondoyal College, à Flacq, avait même pris la décision d’arrêter ses études. «Elle a cessé l’école au début du troisième trimestre. Mais elle avait décidé de reprendre ses études après son accouchement. Elle voulait avoir de bons résultats et intégrer la force policière», confie Marie France Bégué, la mère de Franceska.

Cette dernière ne pourra pas, hélas, accomplir tous les rêves qui lui tenaient à cœur. Car le dimanche 14 avril, elle est décédée à l’hôpital SSRN, où elle avait été admise deux jours plus tôt. «Elle avait accouché d’une petite fille par césarienne le 4 avril, soit au lendemain de son admission. Deux jours plus tard, elle avait été autorisée à rentrer à la maison. Les médecins lui avaient conseillé de faire ses pansements au dispensaire de la localité, trois fois par semaine», explique Marie-France.

Elle ajoute : «Le mercredi 10 avril, elle s’est rendue au dispensaire. Elle avait un peu de fièvre. Elle a alors pris des ‘‘panadols’’. Deux jours plus tard, soit le vendredi 12 avril, lors d’une autre visite en ces lieux, l’infirmière aurait découvert que sa plaie s’était infectée, poursuit Marie-France.

«J’ai alors accompagné Franceska à l’hôpital du Nord, où elle a été admise. Le personnel soignant a nettoyé sa plaie et l’a rouverte. Son médecin lui avait dit qu’on allait lui poser, de nouveau, des points de suture. Mais personne n’a fait le nécessaire pour coudre sa plaie. Elle a fini par mourir sur son lit d’hôpital», déplore-t-elle. Pour Marie-France, comme pour les autres membres de la famille, Franceska aurait été encore de ce monde si l’on s’était occupé d’elle comme il se doit.

«On l’a laissée mourir. Elle a été victime d’une grosse négligence médicale», assure-t-elle, les yeux rivés sur sa petite-fille. «Jean-François Cers, le père de l’enfant, n’a que 18 ans. Il vient voir le bébé chaque après-midi. Il travaille comme aide-maçon. Ma fille et lui étaient en couple depuis trois ans déjà et allaient se marier une fois que Franceska aurait eu 18 ans. Pour l’heure, je m’occupe de ma petite-fille», raconte Marie-France, des sanglots dans la voix.

L’enfant se prénommera Franceska, comme sa mère. Jean-François Cers, le compagnon de cette dernière, lui, est écrasé par la douleur. Il lui sera difficile, dit-il, de se remettre de cette dure épreuve. «Franceska est partie, mais elle restera dans mon cœur pour toujours. Je ferai tout mon possible pour le bien-être de mon enfant», soutient-il.

Derrière cette terrible tragédie, se cache aussi une famille extrêmement pauvre. Ils sont dix, dont le nourrisson, à vivre dans une unique et petite pièce en tôle, servant à la fois de salon, de cuisine et de chambre à coucher.

Le triste destin de Jade Monique

Ses proches sont anéantis par sa terrible disparition. Parmi eux : son mari Steve Monique, dont le quotidien est désormais fait de souvenirs et de rêves brisés. Pour cet habitant de Terre-Coupé, Curepipe, tout a basculé le 10 avril, un jour qui aurait dû être le plus beau de sa vie, mais qui s’est révélé un véritable enfer pour lui.

«Jade était enceinte de sept mois et demi. Elle a ressenti des douleurs le matin et a par la suite été admise à l’hôpital Victoria. Elle allait bien. On l’a d’abord emmenée en salle de travail pour un accouchement normal. Mais elle n’a pu mettre au monde le bébé», raconte Steve. Et de poursuivre : «C’est alors que le gynécologue est arrivé et l’a examinée. Cela, avant de lui apprendre que le bébé était déjà mort dans son ventre et qu’il avait également constaté un décollement du placenta. Jade a par la suite été transférée au bloc opératoire pour une césarienne. Mais elle est tombée dans le coma juste après l’intervention.»

Nadine Sayepermal, la cousine de la victime, est tout aussi attristée par la mort de cette dernière. La mort de Jade Monique est un cas de trop, dit-elle. «Elle allait bien lorsqu’elle a été conduite au bloc opératoire. Elle nous faisait même des signes de la main. Mais une fois sortie de cette salle, elle n’a plus jamais ouvert les yeux. Elle a sombré dans un profond coma et au fil des jours, il y a eu de nouvelles complications de santé, jusqu’à ce qu’elle rende l’âme», se souvient Nadine.

Pourtant, quelques jours plus tôt, soit le 3 avril, Jade Monique avait été hospitalisée dans cette même institution, car elle avait des contractions. «On l’a renvoyée chez elle le 4 avril. On lui avait fait une échographie. Apparemment, tout allait bien. Quelques heures avant son admission, elle sentait même le bébé qui bougeait. C’est sûr, elle a été victime d’une négligence médicale», soutient Nadine.

Jade Monique est décédée sur son lit d’hôpital, le mercredi 17 avril. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain, à 10 heures, en l’église Ste -Thérèse, à Curepipe. Sa famille, elle, attend que justice soit rendue.

Lormus Bundhoo, ministre de la santé : «Je suis agacé et très en colère»

Il est lui aussi révolté, tout comme les proches des victimes. «Je suis agacé et très en colère», a laissé entendre le ministre de la Santé, Lormus Bundhoo. Et il ne le cache pas. Contacté au téléphone au sujet des cas de négligence médicale alléguée, il s’est dit «bien amerde». «Le cas de cet enfant qui été blessé au scalpel est terrible. Je ne comprends pas comment un médecin peut faire une telle erreur. Je suis de tout cœur avec ce bébé qui a dû subir une telle épreuve. Je sympathise avec sa famille. Je l’assure que je veillerai personnellement à ce que des sanctions soient prises», affirme Lormus Bundhoo.

Et quid des trois autres cas ?

«Des enquêtes ont été initiées. Mon ministère attend les conclusions des trois rapports. Celles-ci seront prises en considération et on prendra les actions nécessaires», avance Lormus Bundhoo.

Noorrani Rannoo : «Le médecin a blessé la tête de mon bébé lors de la césarienne»

La colère se traduit dans ses propos. Et pour cause. Noorrani Rannoo, 33 ans et habitant Port-Louis, est plus que remonté contre un médecin de l’état, en poste à l’hôpital Jeetoo à Port-Louis. Le médecin en question, qui serait le responsable du département gynécologique de cet établissement était chargé de l’accouchement de sa femme qui a donné naissance, par césarienne, à une petite fille, le 17 avril.

Toutefois, lors de cette opération, tout ne s’est malheureusement pas déroulé comme prévu, car le bébé a été blessé au scalpel. Bilan : la petite fille s’en est sortie avec quatre points de suture à la tête et se retrouve actuellement à la salle néonatale de cet hôpital.

Ce qui révolte davantage Noorrani Rannoo, c’est le fait que personne ne lui a dit ce qui s’est réellement passé lors de la césarienne. «Après l’accouchement, ma femme a demandé à voir son bébé. Le personnel lui a dit qu’elle avait eu une fille et qu’on allait lui montrer son bébé plus tard. Mais tel n’a pas été le cas. Toutefois, à 15h15, j’ai demandé à voir l’enfant. On m’a informé qu’elle se trouvait à la salle néonatale. C’est à 16h45 que j’ai été autorisé à voir ma fille. Là-bas on m’a dit qu’elle allait bien, mais qu’elle a été blessée au niveau de la tête, sans me donner plus de détails», relate Noorrani.

Le lendemain, soit le jeudi 18 avril, son épouse qui se faisait une joie de tenir, enfin, sa fille dans ses bras, a été privée de ce bonheur et de celui de se sentir pleinement mère pour la première fois. «Lorsque je suis allée la voir dans l’après-midi, elle n’avait toujours pas vu le bébé. On m’a fait comprendre que l’enfant était sous un traitement d’antibiotique. Le lendemain, je ne pouvais plus voir ma femme dans cet état. Je suis allé voir le pédiatre qui s’occupait de l’enfant. Il m’a expliqué que le bébé avait été blessé au scalpel pendant l’accouchement. Or, celui qui a pratiqué la césarienne ne nous a rien dit quand il a rendu visite à ma femme après l’opération. Il n’a pas été franc», lâche Noorrani.

Il décide alors de contacter le directeur et le surintendant de l’hôpital avant de porter plainte, quelques heures plus tard, au poste de police de Line Barracks, pour négligence médicale alléguée. Selon lui, il y aurait eu tentative de camouflage. «Ma femme est traumatisée. Ne voyant pas son bébé, elle avait cru que l’enfant était mort. Il y a eu une tentative de cover-up, parce que lorsque je suis allé voir ma fille, une infirmière l’a tenue dans ses bras en prenant le soin de masquer le bandage. Je voulais faire des photos, on me l’a interdit. Ce n’est que lorsque le directeur et le surintendant sont intervenus que ma femme a eu l’autorisation d’allaiter le bébé. Pourquoi ?» s’interroge-t-il. Pour l’heure, selon le père, la santé du nourrisson serait stable.

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