Quelques Mauriciens ont hier soir participé
à un candlelight à la mairie de Port-Louis.
Les proches des disparus ont également participé hier à une messe à la cathédrale St James.
Cette semaine a été riche en émotions. Depuis samedi dernier, avec la disparition de 11 personnes lors des inondations qui ont pris d’assaut la capitale, l’île Maurice panse ses blessures. Depuis lundi dernier, jour de deuil national, les Mauriciens n’ont cessé de témoigner de la solidarité envers ceux affectés par ce drame. Hier encore, certains avaient tenu à être présents à des cérémonies en mémoire des disparus…
Le silence. Les mêmes regards, les mêmes expressions. Comme une seule et grande famille, des Mauriciens s’étaient donné rendez-vous, hier après-midi, sur l’esplanade du Port-Louis Waterfront. Leur motivation : témoigner de la sympathie aux familles de tous ceux et celles qui ont perdu un proche lors des inondations qui ont pris d’assaut la capitale, samedi dernier. Mais aussi pour être solidaires avec tous ceux qui ont tout perdu lors du désastre.
Une semaine plus tard, ils étaient nombreux, hier, à être encore sous le choc. Dans la ferveur, en communion à travers les chants interprétés par la chorale de St-Mathieu ou encore par les musiciens de l’atelier Mo’zar, mais aussi unies dans la prière, des personnes ont fait le déplacement pour rendre hommage aux personnes qui y ont laissé leur vie lors du sinistre de samedi dernier.
À l’instar de Chintamanee Bhurtun, une habitante de Vallée-des-Prêtres, qui était présente sur l’esplanade depuis 15 heures alors que la fonction a débuté vers 18 heures : «Je suis venue tôt, car je ne voulais pas rater cela. On a tous un membre de notre famille qui travaille à Port-Louis. Cela aurait pu arriver à n’importe qui. Depuis samedi dernier, les Mauriciens pleurent leurs frères et sœurs qui sont morts dans des conditions dramatiques.»
Tout comme elle, Kavita Ramparsad et Kogheela Goornaden, deux jeunes qui travaillent au Harbour Front Building, n’auraient pour rien au monde raté cette occasion de saluer la mémoire des personnes décédées. Prises au piège elles aussi pendant des heures par la montée des eaux, elles sont conscientes qu’elles ont évité le pire. «Ce n’est pas le drame de quelques familles uniquement, c’est quelque chose qui touche tout le monde. Je suis là pour partager la douleur des proches», nous fait part Kavita. Son amie, Kogheela, qui s’est déplacée en famille, se dit aussi concernée par cette tragédie : «On est là pour prier, mais aussi pour faire entendre notre voix. On ne veut plus que ce genre de chose se reproduise.»
Émotions
Dans l’assistance, beaucoup d’anonymes, ceux qui travaillent dans les environs du Caudan Waterfront, mais aussi les proches des victimes, Shezad Hassenally, ami de Vikesh Khoosye et Keshav Ramdhari ou encore Nigel Laï Kim, 21 ans, le fils de Vincent Laï Kim, une des victimes des inondations, tous se disent très touchés par l’intérêt des Mauriciens à montrer leur solidarité et leur affection.
Revenant d’une cérémonie religieuse qui s’est tenue plus tôt dans la journée à la cathédrale St James, il ne pouvait pas ne pas être présent à cette célébration en mémoire des victimes, organisée par un groupe de volontaires : «C’est réconfortant de voir autant de soutien. On se dit qu’on n’est pas seul dans ce malheur.» Prenant la parole, Allan Wright, époux de Sylvia et père de Jeffrey Wright, emportés par les flots, s’est aussi dit touché par tant de messages de sympathie de la part des Mauriciens : «Au nom de mon épouse et de mon fils décédés, mais aussi au nom de tous mes amis qui ont péri dans les inondations, merci de nous montrer que vous êtes à nos côtés.» Un témoignage poignant qui n’a pas manqué d’émouvoir Chloë Beugue qui se devait, dit-elle, d’être présente à cette cérémonie symbolique en la mémoire des victimes des inondations. Quittant l’esplanade, elle s’est par la suite dirigée vers la mairie de Port-Louis où, comme d’autres Mauriciens, bougie à la main, pour le Candlelight, elle a tenu à faire briller une petite flamme en mémoire de tous les disparus… dans le silence.