Ces clichés, dont plusieurs envoyés par nos lecteurs, témoignent de l’ampleur des dégâts.
Dans l’après-midi d’hier, quelques heures de grosses pluies ont suffi pour paralyser la capitale, ensevelie sous les eaux, et créer une panique générale dans tout le pays.
Elle a eu la frayeur de sa vie. Rien que d’y penser, Avinashi Salvatore en tremble encore. Comme plusieurs personnes, hier, elle a été prise au piège par les fortes averses qui se sont abattues sur Port-Louis. Elle se trouvait alors avec sa fille Alicia, trois ans, chez McDonald’s, au Harbour View, lorsque le niveau d’eau a subitement commencé à monter. À tel point que sa fille et elle se sont vite retrouvées prisonnières, avec plusieurs autres personnes. Un horrible scénario qui donne froid dans le dos. «C’était affreux. J’étais terriblement angoissée. Ma fille avait peur. Il y avait des gens qui pleuraient. C’était l’horreur», confie Avinashi Salvatore.
Dans les rues de la capitale, la panique et la peur se lisaient sur le visage de ceux qui étaient pris au piège. Un bouleversement total. Si certains se démenaient pour venir en aide aux personnes en détresse, d’autres étaient muets de stupeur devant cette scène d’horreur. Des véhicules immobilisés, d’autres engloutis sous les eaux, des gens qui abandonnaient leur voiture pour essayer de trouver un refuge, ne sachant pas où se mettre à l’abri… Quelques heures de grosses pluies ont suffi à paralyser Port-Louis et créer la panique générale.
Les grosses averses ont aussi causé de nombreux accidents de voitures spectaculaires dans plusieurs régions à travers l’île. Des carambolages de dizaines de véhicules, des bus pris au piège, des voitures complètement endommagées, entassées les unes sur les autres, au moins une centaine de voitures emportées par les eaux. Sur l’autoroute, à la hauteur de Cassis jusqu’à Réduit, des inondations causant un embouteillage monstre. Jusqu’à dans la soirée, les automobilistes étaient bloqués sur la route pendant plus de cinq heures.
Un triste et révoltant constat qui a soulevé colère et indignation chez les Mauriciens présents sur place. «Voilà notre île Maurice moderne», «Tant de millions pour des speed cameras et rien pour nos drains», «Où sont les autorités ?» Les réactions étaient vives.
Comme de nombreuses personnes bloquées à hauteur du marché central, Isabelle a, elle aussi, été dans l’obligation d’abandonner sa voiture : «Je n’ai jamais vu une telle scène. Les gens pieds nus, l’eau jusqu’aux hanches, des hommes, des femmes et même des enfants et leurs parents… Ils étaient tous désemparés.» Et d’ajouter : «Personne ne savait quoi faire et où aller. Le spectacle était désolant. Il y avait de l’eau partout. Caudan était désert et inondé, alors qu’il ne cessait de pleuvoir. L’eau était boueuse, puante. Il y avait des déchets qui flottaient de partout et des rats morts.» Un scénario horrible. Du jamais vu à Maurice.
Texte : Amy Kamanah et Christophe Karghoo