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Geeta : «Coupable ou pas, mon fils ne méritait pas de mourir»

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La mère du kidnappeur est tourmentée par les circonstances qui entourent la mort de son fils, en médaillon. Les funérailles auront lieu à
10 heures aujourd’hui.

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La fillette a été retrouvée aux petites heures du matin dimanche dernier.

Celui qui avait provoqué l’émoi la semaine dernière en enlevant une petite fille sous les yeux de son père a, hier matin, rendu l’âme dans des conditions jugées suspectes par ses proches. La mère du kidnappeur nous raconte son fils…

Le ciel lui est comme tombé sur la tête. Les traits tirés, les yeux dans le vague, Geeta, 55 ans, ne comprend pas ce qui se passe autour d’elle. Car, depuis une semaine, elle se retrouve, dit-elle, au cœur d’un véritable cauchemar. Si samedi dernier, elle apprenait que son fils, Vishal Doorgah, 35 ans, était recherché pour le kidnapping de Vaishnavi Beestobchurn, une fillette de 8 ans, elle a dû, hier matin, faire face à un autre choc en apprenant le décès de ce dernier.

«Coupable ou pas, mon fils ne méritait pas de mourir», lâche-t-elle, en essayant de faire face à la terrible épreuve qui l’accable. Le principal concerné se trouvait à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq lorsqu’il a rendu l’âme. Il avait préalablement été lynché par des habitants de son voisinage.

Entre incompréhension et désolation, ces derniers jours, raconte Geeta, ont été très pénibles. Alors que les choses s’activent autour d’elle pour l’organisation des funérailles de son fils qui auront lieu aujourd’hui, dans la maison familiale à Gokhoola, des doutes subsistent : «Je veux savoir ce qui s’est passé entre le moment où mon fils a été battu par les habitants et le moment où il s’est retrouvé, entre la vie et la mort, à l’hôpital. Je me demande comment il a pu donner un statement s’il se trouvait alors en mauvais état ?»

Dans sa douleur, Geeta, une employée d’usine, est épaulée par sa fille Hema, 34 ans : «Je l’ai vu en photos dans les journaux, menottes aux poignets, supposément juste après son passage à tabac par des habitants énervés contre lui. Sur ces clichés, il n’avait pas l’air si amoché. Je ne comprends pas comment son état a pu se détériorer si vite quelques heures plus tard pour qu’il se retrouve à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq. Je trouve tout cela fort suspect.»

Si des allégations de brutalités policières ont été évoquées par des proches du défunt, le Police Press Office indique ne pas être en présence d’une telle allégation : «Dans ce genre de cas où il y a des allégations de brutalités policières, une enquête est généralement initiée et à la lumière des conclusions, des sanctions appropriées s’en suivent.»

Zones d’ombre

Ne cherchant absolument pas, dit-elle, à trouver des excuses concernant l’acte de son fils par rapport aux traumatismes causés à la petite Vaishnavi suite à son enlèvement, Geeta – veuve depuis 35 ans – qui a retenu les services d’un avocat, Me Raj Ramsaha (voir hors-texte plus loin), pour faire la lumière sur la mort de son fils, ne peut pas s’empêcher de se poser plusieurs questions : «Je trouve qu’il y a beaucoup de zones d’ombre autour du décès de Vishal.»

C’est difficile, confie-t-elle, de ne pas être bouleversée, quand tout un village est contre son fils et c’est d’autant plus impossible, ajoute-t-elle, de ne pas se sentir concernée lorsqu’on apprend que ce même fils a été «battu violemment» suite à son acte malveillant. Un cas de trop qui a provoqué la colère des habitants de la région. Car Vishal était connu pour être «une tête brûlée», un «bai looké» impliqué dans «trois cas d’attentat à la pudeur sur trois jeunes femmes.» Mais Geeta, pour sa part, dit ne pas être au courant de toutes ces allégations imputées à son fils : «Je reconnais le fait qu’il buvait, mais je ne sais pas si oui ou non, il est impliqué dans des cas d’agressions.»

Et concernant l’enlèvement de la petite Vaishnavi, Geeta dit ne rien savoir sur ce qui s’est réellement passé. «Je n’étais pas là et je ne sais ce qui s’est passé dans sa tête. Je n’arrive pas à dormir depuis que j’ai appris ces choses horribles», dit-elle. 

Geeta ne cache toutefois pas que son fils était mentalement instable. «Il suivait un traitement depuis maintenant 15 ans», indique-t-elle. Vivant de petits boulots, Vishal, «un homme à tout faire», selon sa mère, est aussi décrit comme «un solitaire». Sa petite sœur est aussi très affectée par ce décès : «Personne ne peut disposer de la vie d’autrui. C’était à la justice de décider de son sort. La famille est déterminée à connaître les circonstances dans lesquelles il a trouvé la mort.» Selon elle, son frère a commencé à avoir des moments difficiles après une rupture sur le plan amoureux. «Il aimait une femme, mais finalement ça ne s’est pas concrétisé. Depuis, il ne se portait pas très bien.»

Geeta se rappelle encore de la dernière fois qu’il a vu son fils en vie : «C’était samedi denier et il revenait de Grand-Bassin… » Et c’est deux jours plus tard, soit lundi, qu’elle a eu vent qu’il se trouvait à l’hôpital : «Je l’ai vu à l’hôpital et il était branché à plusieurs appareils.»

Elle le sait, cette image la hantera à jamais tout comme cette terrible histoire qui l’a plongée en plein cauchemar…

La petite Vaishnavi est «traumatisée»

Elle n’arrive toujours pas à comprendre ce qui lui est arrivé. Selon Vinay Beestobchurn, le père de la petite Vaishnavi, sa fille gardera définitivement des séquelles de la terrible expérience qu’elle a vécue dans la nuit de samedi à dimanche dernier. C’est alors qu’elle se trouvait sur le bord de la route sur la route principale à Gokhoola pour assister au retour des pèlerins de Grand-Bassin que la petite fille a été enlevée par Vishal Doorgah. Selon la police, le kidnappeur a «traîné la fillette dans un champ de cannes, l’a déshabillée, s’est lui-même dévêtu avant de la caresser». L’agresseur n’est toutefois pas allé plus loin. «Vaishnavi est traumatisée, d’ailleurs elle ne va plus à l’école depuis. Elle me pose toujours des questions en me demandant pourquoi cette personne l’a emmenée dans un champ de cannes et qu’est-ce qu’il voulait lui faire. C’est pour cela que j’essaie, par tous les moyens, de lui changer les idées pour qu’elle n’y pense pas trop», nous a déclaré Vinay Beestobchurn.

Me Ramsaha : «Dans quel état était Vishal Doorgah lorsqu’il a donné son statement ?»

Il est déterminé à faire jaillir la vérité sur les circonstances de la mort de Vishal Doogah. Me Raj Ramsaha, dont les services ont été retenus par la famille du défunt, est catégorique. Il y a des zones d’ombre autour de ce décès, dit-il. «J’ai demandé qu’une enquête judiciaire soit instituée pour qu’on sache ce qui s’est exactement passé dans cette affaire. Mon client avait été arrêté à la suite de l’enlèvement d’une fillette de 8 ans à Gokhoola et avant cela, il avait été lynché par des habitants de la région. Ma question est : dans quel état était-il lorsqu’il a donné sa version des faits ? Car quelques heures plus tard, il s’est retrouvé à l’hôpital.  J’ai d’ailleurs insisté pour qu’un médecin du privé assiste à l’autopsie.»

Le Dr Amah Charya Gujjalu : «Des évidences qu’il a été battu»

Interrogé à la fin de l’autopsie qui a eu lieu hier après-midi, le Dr Gujjalu, ancien médecin légiste qui exerce dans le privé, nous a fait la déclaration suivante : «La victime est décédée d’une acute renal failure qui n’est pas directement liée à des coups qu’elle a reçus. Il y a toutefois des évidences qu’elle a bien été battue.» Le Dr Sudesh Kumar Gungadin, Chief Police Medical Officer confirme la «cause of death».

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