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La face cachée d’un jeune homme sans histoire

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C’est sur le réseau social Facebook quela jeune femme avait fait la connaissance
de Kunal.

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Tarkeshwar Ramchurn est inconsolable depuis le meurtre de sa fille.

Il était un fils «doux et sensible», à en croire son père.
Mais c’était avant que le jeune homme ne rencontre Janeeta qu’il souhaitait épouser. Les parents de cette dernière s’opposant à cette union, il a fini par tuer celle qu’il disait aimer. Portrait d’un jeune présumé meurtrier.

On dit que l’amour fait perdre la raison. Qu’il donne des ailes et pousse à faire des choses que l’on ne pensait pouvoir commettre. Selon Vinay Prayagsing, 43 ans, c’est un peu ce qui est arrivé à son fils aîné, Kunal, 19 ans. «Il était amoureux fou de cette fille», lâche ce père de six enfants, les larmes aux yeux.

Son fils a été inculpé, le jeudi 7 mars, du meurtre de sa petite amie, Janeeta Ramchurn, une habitante de Montagne-Longue, âgée de 18 ans. Interrogé par la police, le jeune homme a avoué l’avoir étranglée la veille, sur les flancs de La Citadelle, à Port-Louis (voir les dessous du drame en hors-texte). Avec ce drame, il a l’impression de découvrir la face cachée de son fils, jusqu’ici sans histoire.

«Kunal est quelqu’un de doux et sensible. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête pour qu’il commette une telle atrocité», confie, perplexe, Vinay Prayagsing, entouré de son frère qui le soutient dans cette dure épreuve. Impossible pour lui d’expliquer le geste de son fils qui, dit-il, avait considérablement changé depuis qu’il avait rencontré sa dulcinée.

En effet, Vinay soupçonne son fils du vol de bijoux et de vêtements appartenant aux membres de la famille : «Les bijoux, d’une valeur de Rs 100 000, que j’avais offerts à ma femme pour notre mariage, avaient disparu. Les vêtements de ma fille, qui valaient plusieurs milliers de roupies, avaient également disparu. Je suis sûr que c’est mon fils qui a fait main basse sur ces objets. Je pense qu’il a dû les offrir à sa petite amie. J’ai voulu lui en parler, mais il menaçait de se suicider. J’ai préféré ne rien dire par peur de le perdre.»

Et d’ajouter : «Il m’avait confié qu’il voyait une jeune fille qui vivait à Montagne-Longue et dont il était très amoureux. Mais il ne me l’a jamais présentée.»

Il reconnaît qu’il ne voulait pas vraiment se mêler de la vie de son fils. Mais aujourd’hui, il semble s’en mordre les doigts : «Mo ti bizin inn fini koz ar li. Mai mo ti per. Akoz li ti pe dir li pou suicide. Je ne le reconnaissais plus.»

Et dans la soirée de mercredi soir, en voyant son fils dans tous ses états, pleurant sans relâche, Vinay s’est douté que Kunal avait des problèmes de cœur. Mais il n’a pas pensé, ne serait-ce qu’un instant, que c’était des larmes de remords pour avoir tué sa petite amie. «Monn dir li dir papa ki to problem. Mais il a continué à pleurer. Toute la famille a essayé de savoir ce qui lui était arrivé, mais sans succès», explique Vinay.

Ce n’est que le lendemain matin de cette soirée inhabituelle chez les Prayagsing à Closel Road, Phoenix, que Vinay découvrira le drame : «Des éléments de la Criminal Investigation Division ont débarqué chez moi, cherchant mon fils. Mais il était absent. J’ai voulu savoir de quoi il s’agissait, mais on ne m’a rien dit. Je leur ai dit que mon fils se trouvait sur son lieu de travail, à Rivière-Noire. Une fois qu’ils étaient partis, j’ai allumé la radio. C’est comme ça que j’ai su que mon fils était impliqué dans le meurtre de Janeeta.»

Qu’est-ce qui a poussé son fils à entrer dans une colère noire au point de tuer celle qu’il voulait épouser envers et contre tous ? À cette question, Vinay ne peut répondre. Pour lui, son fils était un jeune homme bien dans sa peau, surtout sans histoire avant qu’il ne fasse la connaissance de Janeeta.

«Indigne de confiance»

«Il a grandi à Phoenix. Il a fréquenté le collège Eden de Rose-Hill jusqu’en Form III. Puis il a arrêté l’école. Il faut dire que cela ne l’intéressait pas. Il a commencé à faire des petits boulots de serveur, puis récemment, il exerçait comme mécanicien. Quand il ne travaillait pas, il faisait un peu de baby-sitting à la maison. Il veillait sur ses frères qui sont en bas âge. À ses heures perdues, il sortait de temps en temps avec ses amis, sans plus», raconte Vinay.

Mais cette image bien gardée de Kunal n’a, semble-t-il, eu aucun effet sur le père de Janeeta, qui voyait en lui une personne «indigne de confiance». Le 1er janvier 2013 est une date que Tarkeshwar Ramchurn n’oubliera jamais de sa vie. C’est ce jour-là qu’il a fait la connaissance de Kunal qui était venu lui demander la main de sa fille.

«Il ne m’inspirait pas confiance. Il était plutôt bizarre, avec une apparence qui ne dégageait rien de positif. Lorsque ma fille me l’a présenté, j’ai su tout de suite que ce garçon n’était pas fait pour elle. De plus, elle l’avait rencontré sur Facebook quinze jours seulement avant qu’il ne fasse sa demande. Je lui ai dit que je ne pouvais accepter, car ma fille n’avait alors que 17 ans (Ndlr : Janeeta a eu 18 ans le 1er février). J’ai dit à Kunal de revenir une prochaine fois, accompagné de ses proches. Il m’a dit qu’il attendait que son frère aîné rentre de l’Angleterre. Mais en vain», explique Tarkeshwar, âgé de 55 ans.

Si Kunal n’osait pas se montrer au domicile de sa petite amie, il téléphonait régulièrement aux proches de cette dernière. «C’était presque du harcèlement», affirme Tarkeshwar. «Il m’appelait souvent pour me dire de lui accorder la main de ma fille. Mais j’ai toujours dit non. Un jour, je lui ai même menacé d’aller porter plainte au poste de police. Il m’a menacé à son tour en disant ki sa pa pou fini kumsa mem.»

Pourtant, le mercredi 6 mars, tout se passait comme d’habitude au domicile des Ramchurn, à Montagne-Longue. «Ma fille s’est réveillée à l’heure habituelle. Depuis une quinzaine de jours, elle travaillait comme vendeuse dans un magasin à Port-Louis. Sa mère lui avait préparé un rougail de soya et des frites, car elle jeûnait pour la fête de Maha Shivaratree. Elle a quitté la maison vers 7h45. Avant de partir, elle m’a demandé si j’avais bien mis une bouteille d’eau dans son sac. J’ai répondu oui. Puis elle m’a dit au revoir. C’est la dernière fois que j’ai vu ma fille en vie», pleure ce père de famille, un vigile à la retraite depuis trois mois. Son état de santé ne lui permettant plus de travailler.

Sa fille, qui était selon lui une personne pleine de vie, avait des projets plein la tête. «Même si elle a échoué aux derniers examens du School Certificate (SC), elle ne voulait pas baisser les bras. Elle a voulu travailler avant de reprendre ses études. Cela aurait dû être sa dernière semaine au travail, car elle envisageait de retourner à l’école pour une nouvelle tentative aux examens du SC. Elle rêvait de devenir infirmière. Lorsque je me suis fait opérer du pied, c’est elle qui faisait mes pansements. Elle disait aussi que si elle n’exerçait pas comme infirmière, elle suivrait un cours de coiffure. Elle aimait aussi l’esthétique», confie Tarkeshwar. Mais Janeeta est partie tragiquement, sans pouvoir réaliser ses rêves qui lui tenaient tant à cœur.

Son présumé meurtrier, lui, demeure toujours en détention policière et fait l’objet d’une accusation provisoire de meurtre. Le vendredi 8 mars, alors que son père lui rendait visite à Alcatraz, où il est incarcéré, il suppliait ce dernier de verser une caution en vue de le faire libérer. «Je lui ai dit que je n’en avais pas les moyens. De toute façon, la police a objecté à sa remise en liberté», lance, avec fermeté, Vinay Prayagsing.

Ce qui est fait ne peut malheureusement pas être effacé. Et Kunal, lui, devra se contenter d’une liberté restreinte derrière les barreaux. Et ce, certainement pour de nombreuses années encore.

Les dessous du drame

Arrêté par la police, Kunal Prayagsing est finalement passé aux aveux. Il a reconnu avoir tué sa petite amie Janeeta Ramchurn le mercredi 6 mars, à La Citadelle. Lors d’une reconstitution des faits au lendemain du drame, il a expliqué son itinéraire dans les moindres détails
aux enquêteurs.

C’est à la gare du Nord, à Port-Louis, que tout a commencé. Kunal explique qu’il s’y est rendu dans la matinée, pour faire une surprise à Janeeta. Sur place, les tourtereaux ont eu une dispute suite à laquelle la jeune fille aurait, selon Kunal, proposé d’aller à La Citadelle pour poursuivre la discussion.

Là, elle lui aurait fait une révélation des plus choquantes. Soit son désir de mettre un terme à leur idylle, tout en lui précisant qu’elle avait rencontré quelqu’un d’autre. Fou de rage, Kunal aurait demandé des explications à Janeeta qui l’aurait giflé. Ce qu’il n’a, semble-t-il, pas digéré.

Pour se venger, il aurait poussé la jeune fille et l’aurait étranglée jusqu’à l’étouffement. Paniqué, il se serait ensuite enfui, laissant la victime inerte, sous un soleil de plomb. D’ailleurs, lorsque le corps de celle-ci a été retrouvé, son visage avait été complètement brûlé par le soleil.

Pris de remords, Kunal serait toutefois retourné sur les lieux du crime pour tenter de réanimer Janeeta, mais en vain. Il est alors parti, non sans lui avoir laissé un baiser d’adieu sur le front. Plus tard, pour masquer son meurtre, il a téléphoné plusieurs fois à la patronne de la jeune fille pour savoir si cette dernière s’était rendue à
son travail.

Puis, c’était au tour du père de Janeeta de recevoir un appel de Kunal. Pour se mettre à couvert, ce dernier lui a lancé qu’il avait reçu un appel de Janeeta qui disait que des gens l’avaient kidnappée.

Et dans l’après-midi, il s’est rendu au poste de police de Phoenix pour signaler le «kidnapping» de sa petite amie. Des actes qui n’ont finalement fait qu’alimenter les soupçons.

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