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Un «White Paper» qui fait couler beaucoup d’encre

Des consultations nationales pour décider de l’avenir du Best Loser System… Voici la proposition de Navin Ramgoolam.

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Paul Bérenger n’a pas caché son insatisfaction quant à la prise de position du gouvernement.

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Ashok Subron se demande si la tactique du Premier ministre n’est pas de gagner simplement du temps.

Navin Ramgoolam propose des consultations nationales afin d’aller de l’avant avec la réforme électorale. Une décision qui ne fait pas l’unanimité.

Un moment décisif. La chance de pouvoir prendre une nouvelle direction et de construire une nation. C’était le pari du gouvernement, cette semaine, qui se devait d’adresser sa réponse au Comité des droits de l’homme des Nations unies afin de ne pas dépasser la date-butoir – le 28 février – précisée par cette instance. Alors que Navin Ramgoolam estime qu’il «fait l’histoire», en proposant la publication d’un White Paper sur ce dossier, les membres de Rezistans ek Alternativ et de l’opposition pensent plutôt qu’il s’agit d’un rendez-vous manqué. Du côté du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), allié du Labour Party et membre de la majorité gouvernementale, on milite pour le maintient du Best Loser System (BLS).

C’est justement concernant ce système et l’obligation faite à tout candidat à une élection législative, lors du dépôt de candidature, de décliner son appartenance ethnique que le Comité de l’ONU avait donné gain de cause à Rezistans ek Alternativ en septembre 2012. Cet organisme avait considéré qu’il s’agissait d’une violation des droits fondamentaux de tout candidat, garantis sous l’article 25 de l’International Covenant on Civil and Political Rights (ICCPR). Le parti de gauche avait saisi cette instance internationale, l’invitant à dire si l’obligation de décliner son appartenance ethnique était conforme à la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Et pour les membres de cette formation politique, la réponse de Navin Ramgoolam à cette instance est un peu fade et constitue un manque de volonté de changement. «Nous sommes vraiment sceptiques face à la proposition du Premier ministre et nous craignons que ce soit un énième procédé pour ne rien faire sur le plan de la réforme», a déclaré Ashok Subron, le porte-parole de cette plate-forme.

La proposition du chef du gouvernement, en réponse à cet organisme de l’ONU sur le dossier de la réforme électorale, est de tenir des consultations nationales : «Nous acceptons le point de vue (du comité des Nations unies). Nous consulterons tout le monde, y compris les journalistes. Il y aura un débat. (……) Je propose que nous venions avec un White Paper», a-t-il déclaré cette semaine. Ce consultative paper devrait permettre de proposer différentes options et de pouvoir comparer les avantages et désavantages de chacune d’entre elles. «Ce sera fait cette année. Nous allons susciter un débat élargi sur la réforme électorale, et la présentation du projet de loi suivra», a précisé le chef du gouvernement qui n’a pas écarté l’idée d’un référendum.

Ashok Subron estime, lui, que cette proposition vient avec huit ans de retard. Huit ans après le premier jugement local en faveur de la prise de positon sur le BLS de Rezistans ek Alternativ. «Le jugement du juge Balancy sur la question de l’appartenance communale et le Best Loser System a été rendu en 2005», souligne-t-il. Pour le syndicaliste et travailleur social, Navin Ramgoolam jette de la poudre aux yeux des Mauriciens. Il est d’avis que l’évocation du White Paper n’est qu’une annonce. Une façon de gagner du temps : «Ce n’est rien de concret.» Pourtant, le point de vue de ce comité de l’ONU était clair. La présente exigence du BLS constitue une infraction.

Paul Bérenger, qui a animé un point de presse avant de s’envoler pour la France pour la suite de son traitement, le vendredi 1er mars, a, lui aussi, dit son insatisfaction concernant la prise de position du Premier ministre.  «C’est une honte non seulement pour Navin Ramgoolam, mais aussi pour l’image de notre pays vis-à-vis des Nations unies», a-t-il laissé entendre. Alan Ganoo, l’actuel remplaçant du leader de l’opposition, n’a, également pas mâché ses mots. Selon lui, la proposition concernant un éventuel Livre blanc évoqué par le chef du gouvernement est un «subterfuge». «Combien de temps encore va-t-on perdre ? Les consultations nationales autour du livre blanc vont durer éternellement.»

Point de vue partagé par le leader du Mouvement socialiste militant (MSM), Pravind Jugnauth. «C’est une stratégie de diversion», a-t-il déclaré en fin de semaine. Un moyen de donner l’impression de s’engager sans réellement s’engager. Une posture qui conviendrait au PMSD. Les Bleus ont animé un point de presse le samedi 2 mars, et le nouveau porte-parole de cette formation politique, Jacques Panglose, a souhaité le maintien du BLS dans sa formule actuelle pour la protection des minorités.

Non au recensement

Un White Paper, oui. Mais pas de nouveau recensement national sur la base des communautés ! C’est la décision de Navin Ramgoolam. Néanmoins, comme le souligne le Comité des Nations unies, un système ne peut se baser sur des chiffres du recensement de 1972 (année du dernier recensement fait sur la base communale). Or, c’est effectivement sur de telles données que s’effectue la répartition des sièges selon la formule du BLS «La démarche de nommer des Best Losers sur la base de ce même recensement est irrationnelle selon le pronouncement du Comité des Nations unies sur les droits de l’homme. Paul Bérenger et moi avons dit que nous ne voulons pas de nouveau recensement et nous pensons que ce n’est pas bon d’organiser des élections sur la base de l’appartenance ethnique. Toutes les composantes doivent cependant être représentées à l’Assemblée nationale et il n’y a pas qu’un seul système qui peut le faire», a déclaré, en fin de semaine, Navin Ramgoolam.

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