Sandya et Ravindranath, les parents d’Avinesh veulent connaître la vérité sur la disparition de leur benjamin.
Ils vivent un véritable cauchemar depuis qu’ils ont appris que leur fils, porté manquant depuis plus d’une semaine, se serait noyé dans un bassin à Chemin-Grenier comme l’allèguent deux amis de la victime. Mais les parents d’Avinesh, eux, ne croient pas en cette thèse de noyade et vont jusqu’à parler de meurtre avec préméditation, alors que les membres du GIPM mettent les bouchées doubles pour retrouver le corps de l’adolescent.
Pour les Joydawo, le pire c’est de ne pas savoir. Ne pas savoir ce qui s’est vraiment passé le samedi 9 février dernier. Mais cette famille qui vit un horrible cauchemar depuis plusieurs jours refuse de s’écrouler et de jeter les armes en ce moment difficile. Et ce, pour faire triompher la vérité sur la disparition de leur tendre Avinesh, 16 ans à peine.
Entourés de leurs proches et leurs voisins qui leur apportent un soutien indéfectible, les Joydawo, plus que jamais soudés, ne quittent plus des yeux la photo du jeune homme que Sandya, la maman de ce dernier, serre de tout son cœur, entre ses mains. Car après neuf jours sans nouvelles de l’adolescent, sans le moindre signe de vie, c’est l’absence plus que troublante de ce dernier qui se fait sentir au domicile de ses proches à Chamouny.
Et pour cause, Avinesh Joydawo a quitté sa maison le vendredi 8 février dernier pour se rendre à son travail dans un hôtel. Depuis, ses proches sont sans nouvelles de lui. Toutefois, après une déposition consignée au poste de police de Chemin-Grenier, le lundi 11 février, par Ravindranath, le père de l’ado disparu, la police a progressé dans son enquête.
Car deux personnes ont été arrêtées. Il s’agit de deux adolescents habitant Chamouny âgés respectivement de 17 et 12 ans. Ils ont avoué aux enquêteurs avoir rencontré Avinesh Joydawo le samedi 9 février à Chemin-Grenier après la fin de son service de nuit dans un hôtel. Selon leur récit, les trois jeunes auraient par la suite décidé de se rendre à bassin Antoine pour une baignade.
Une fois sur place, Avinesh se serait jeté à l’eau, avant de se retrouver, selon eux, en difficulté. Pris de panique en ne le voyant pas remonter à la surface, ils auraient tout simplement ramassé les effets personnels du jeune homme, notamment ses vêtements, qu’ils auraient pris la peine de fouiller. C’est ainsi qu’ils auraient trouvé son téléphone portable de la marque Nokia, ainsi que des devises étrangères, soit 5000 roubles (monnaie russe) et auraient pris la fuite avec, en abandonnant Avinesh Joydawo sur place. Toujours selon leurs déclarations, ils auraient «vendu le cellulaire et échangé les devises étrangères dans un bureau de change contre un montant de Rs 1 000.» Ils ont été présentés en cour de Souillac sous une accusation provisoire de vol avant de recouvrer la liberté conditionnelle.
Des révélations choquantes pour les proches de la victime, qui ne croient pas en cette thèse et privilégient, entre autres, celle d’un meurtre avec préméditation. «Depuis vendredi dernier, mon fils était en possession de ces devises étrangères qu’il avait reçues comme pourboire d’un client de l’hôtel où il travaille. Il avait essayé de les changer mais en vain. Ses deux amis impliqués dans sa disparition savaient qu’il avait cet argent en sa possession. C’est à se demander si mon fils n’a pas été piégé à cause de cet argent», avance Ravindranath Joydawo, qui n’hésite pas à parler de foul play. Ses fils, Vicky, 23 ans et Vikesh 20 ans, anéantis par la disparition de leur jeune frère partagent l’avis de leur père sur cette sombre affaire qui a bouleversé tout le village de Chamouny.
«Quand une personne se noie sous vos yeux et que vous ne pouvez pas lui venir en aide, votre premier réflexe est d’aller chercher du secours. Et non pas fouiller ses poches, prendre son argent et vendre son téléphone portable. Cette façon d’agir est très suspecte. On est surtout très révoltés du fait que les deux ont participé aux recherches avec nous depuis lundi. Ils étaient inquiets, disant ne pas savoir où se trouvait mon frère alors qu’ils savaient toute la vérité et ne nous ont rien dit. Pourquoi avoir agi de la sorte ? Ils ont certainement quelque chose à cacher », avance Vikesh, le cadet de la famille. Il est le dernier membre de la famille à avoir vu Avinesh en vie. Il revient péniblement sur la dernière journée passée en compagnie de son frère, le vendredi 8 février.
«Nous sommes allés faire un tour à Curepipe. Puis on s’est quittés dans l’après-midi car je devais me rendre à mon travail et lui de même. Vers minuit trente, il m’a appelé pour prendre de mes nouvelles. Il m’a dit qu’il allait passer la nuit à l’hôtel. C’est la dernière fois que j’ai eu de ses nouvelles. Puis, le lendemain, ma mère l’a appelé à plusieurs reprises, mais il n’a pas répondu. Puis durant la journée, elle a essayé à nouveau.
Mais le téléphone était cette fois-ci éteint. Toutefois, on ne s’est pas inquiétés. On s’est dit qu’il devait sûrement être très pris par son travail à cause de la fête du Printemps. Mais ne le voyant toujours pas rentrer, lundi, je suis allé à l’hôtel pour voir de quoi il en était. J’ai failli m’évanouir quand son supérieur m’a dit qu’il ne s’était pas présenté à son travail le samedi et le dimanche», raconte Vikesh, encore sous le choc. Depuis, c’est toute sa famille qui est plongée dans la tourmente.
«A partir de lundi, nous avons commencé à chercher Avinesh. Et ce n’est que mercredi que nous avons eu des doutes quant à la sincérité des deux amis de mon frère, impliqués dans cette affaire. Car lors d’une conversation, le plus jeune a confié à mon père qu’il avait retrouvé des devises étrangères qui étaient tombées devant une boutique. Il a décrit le billet et j’ai su que c’était celui d’Avinesh. Lorsque je suis allé voir le propriétaire du commerce où le jeune homme aurait prétendument ramassé cet argent, ce dernier m’a avoué qu’il avait vu mon fils, le samedi matin du 9 février, en compagnie de deux jeunes garçons.
À la suite de cette indication j’ai su qu’il avait quelque chose à voir avec sa disparition. J’ai alors demandé au responsable de l’enquête de les convoquer. Ils ont fini par dire une partie de la vérité», affirme Vikesh qui est déterminé à faire triompher la vérité sur la mystérieuse disparition de son frère. Selon lui, il est impossible que celui-ci se soit jeté à l’eau ce jour-là.
Une mère traumatisée
«Il ne savait pas nager. À chaque fois qu’on allait à la mer, il ne nageait pas, même pas pour faire trempette car il avait toujours peur des drames en mer ou de se noyer.» Depuis que toute cette affaire a éclaté, le Groupe d’intervention de la police mauricienne met les bouchées doubles pour retrouver le corps de la victime. Cette unité effectue des recherches depuis le jeudi 14 février au Bassin-Antoine, le lieu du drame. Mais à hier après-midi les recherches n’avaient rien donné. Car les grosses pluies de ces derniers jours ne leur rendent pas la tâche facile, l’eau étant devenue boueuse. D’autre part, on avance aussi que le corps de la victime aurait pu avoir été entraîné ailleurs par les eaux des récentes pluies torrentielles.
Sandya, la mère d’Avinesh, complètement anéantie, ne cesse d’implorer le ciel pour retrouver son fils. Entre deux sanglots, elle se livre difficilement. «Je veux au moins retrouver son corps pour qu’il ait droit à des funérailles et qu’il puisse reposer en paix. Je vis un cauchemar. Je ne sais pas où se trouve mon enfant. Je ne dors plus, je ne mange plus», murmure-t-elle les larmes aux yeux. À ses dires, Avinesh était apprécié de tous à Chamouny. «Mais il n’aimait pas vraiment aller à l’école. Ce n’était pas son fort. Il a fréquenté l’école primaire de Chamouny. Puis il a rejoint le Keats College à Chemin Grenier. Il a doublé la Form I, la Form II et la Form III. Il en a eu marre et a arrêté d’aller à l’école. Il vouait une passion pour la musique. Il voulait s’acheter des équipements sophistiqués pour faire
du deejaying», se souvient sa mère, visiblement traumatisée par toute cette affaire.
Un autre triste drame qui nous interpelle. Avec deux jeunes au cœur d’une sombre histoire. À la police de mener l’enquête pour éclaircir les zones d’ombre qui persistent autour de cette affaire. Entre-temps, c’est toute une famille qui est plongée au cœur de l’horreur.