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Prakash Hurry : «Pourquoi j’ai été évincé du No 7»

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On l’a carrément débarqué. Présenté en grandes pompes pour défendre les couleurs de l’alliance gouvernementale à la partielle au No 7, Prakash Hurry a finalement dû céder sa place à Prakash Maunthrooa, la veille du dépôt de candidatures. Une année après, il lève le voile sur les «vraies raisons» de son évincement.

Ce ne sont pas pour des raisons professionnelles que le Dr Prakash Hurry a quitté la barque MSM/MMM, avoue-t-il aujourd’hui. «On m’a demandé de céder ma place», dit-il sur un ton sérieux. Peut-il dire qui ? «Mon leader d’alors», répond-il naïvement, vêtu de sa blouse de médecin dans son cabinet médical bourré de patients à Goodlands.

Ainsi, Pravind Jugnauth lui a demandé de s’écarter. Ne faisait-il plus le poids ? Avait-il fauté ? « Pas que je sache, sauf qu’il me demandait de faire des choses auxquelles je ne suis pas habitué ». Quoi par exemple ? «On me demandait d’aller au marché ‘pou cose cosé’, de me rendre aux cérémonies de ‘marche sur le feu’. Je fréquente ce lieu et me rends à ce genre de fonction, mais pas pour faire de la politique politicienne», dit Prakash Hurry.

Est-ce uniquement pour ces raisons futiles que l’alliance MSM/MMM l’a remplacé à la dernière minute ? Il a ceci à dire : «Bien sûr que non. Pravind Jugnauth m’a dit qu’il subissait des pressions et qu’il ne pourrait plus me soutenir durant les vingt derniers jours de la partielle. J’ai compris qu’on me prenait pour un incompétent et que la direction du MSM pensait que je ne pouvais faire le poids face à Rajesh Jeetah».

L’homme aux mille bêtises

Il se rappelle aussi qu’il a commis de grosses bévues et, qu’en politique, cela se paie cher. «Je suis nouveau en politique et j’admets avoir agi avec beaucoup de franchise et que certaines de mes déclarations ont mal été encaissées».

Parmi ce chapelet de « bêtises », le Dr Prakash Hurry se souvient avoir débité celles-là : «90 % de la population avait des doutes sur l’accession de Paul Bérenger au poste de Premier ministre»; «Je suis déçu de cette foule clairsemée à Roches Noires», phrase qui lui avait d’ailleurs valu une «opération brosse la tête» de la part des dirigeants de son parti; ou encore «Je suis assez charismatique pour remplacer sir Anerood Jugnauth».

La direction du MSM avait des sueurs froides à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, nous avoue Prakash Hurry. Il était comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. «Un jour Radio One m’avait invité et j’avais répondu positivement, mais la direction m’a prié d’annuler l’entretien. C’est ce que j’ai fait », se souvient-il.

A-t-il des regrets avec du recul ? «Disons que je m’étais sincèrement engagé ; j’avais sacrifié mon travail et mes patients pour le parti et voilà la récompense que j’ai eue», dit-il de sa manière de parler haut et vite. Il ne règle pas ses comptes, mais dit vouloir «ôter un poids sur le cœur».

Comment est-il tombé dans la marmite politique ? «Un ami m’a approché en me disant que le MSM cherchait un notable pour être candidat en remplacement de SAJ. Il m’a convaincu que j’avais le profil». Premier rendez-vous avec Pravind Jugnauth et la direction du MSM en septembre 2003. Il passe la rampe avec succès. On lui promet le ticket, avec le consentement de Paul Bérenger. Ce dernier n’aura que des mots élogieux à son égard lors du premier meeting de l’alliance gouvernementale au collège Universal, mais lui reproche amicalement son débit tâtonnant.

Puis, c’est le déroulement de la campagne. On sent le désarroi dans le camp gouvernemental. On critique «la mollesse» du Dr Hurry. À un moment, on le surnomme «Mr Bean» à cause de ses gestes et son sourire un peu bébêtes qui le caractérise quand il parle. «J’en étais conscient, mais je pensais réellement pouvoir faire la différence, car je suis médecin de profession et je suis très connu au No 7, comme au No 6», a-t-il à dire. Son constat de la défaite de Prakash Maunthrooa, son remplaçant ? «Il n’a pas obtenu des votes du Labour, alors que je savais que j’aurais eu des votes de sympathie qui m’auraient aidé à être élu», argumente-t-il.

Son avenir est-il toujours sous les couleurs du MSM ? «Pas si sûr. Savez-vous que le MSM m’avait demandé de soutenir son candidat, mon remplaçant, et qu’en retour je serais nommé à la présidence d’un corps para-étatique ? J’attends toujours, même si je ne cours pas après un tel poste».

Ainsi, dès janvier 2005, il choisira son camp : son cœur balance entre le MSM et le PTr qui l’a approché, dit-il. Sans le dire, il donne des indications qu’il plantera sa tente au Square Guy Rozemont. Histoire pour lui de régler un petit compte. À qui de droit !

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À cœur ouvert

Cet homme de 47 ans a trois amours dans sa vie : son épouse Rohanita, ses deux enfants Kreshma, 12 ans et Yeshav, 6 ans, et le sport. Il adore le foot et l’équipe d’Anfield Road.

Il faut dire que Monsieur est cardiologue et qu’il est pleinement conscient que garder la forme aide grandement le cœur.

Après ses études au collège Royal de Port-Louis, Prakash Hurry obtient une bourse pour des études en Inde où il obtient son MBBS ; il fait son internat dans la Grande Péninsule avant de réussir son Diploma in Cardiology.

Rentré à Maurice en décembre 1990, il se met à son compte, aidé en cela de papa qui tient une grande boutique au cœur de Goodlands. Il trouve sa charmante moitié dans les basses Plaines Wilhems et se marie fin 1991.

Bien vite, Prakash Hurry se fait un nom dans son village natal et est approché par les nombreux clubs de foot de la région qu’il aide volontiers. «J’aime faire des dons à des sportifs et à des associations caritatives. Je suis un homme heureux quand je rends des gens heureux», dit ce bon cardiologue.

Pour Noël, il a offert un voyage à sa petite famille. Avant le grand saut politique en janvier.

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