Sahebdin Mosadeq, de l’Institut pour la Protection des Consommateurs (ICP) et Georges Kan Wah du London Way
Chacun défend sa chapelle. La surconsommation de la population en cette période de fêtes de fin d’année préoccupe Sahebdin Mosadeq qui tire à boulets rouges sur les nombreuses méthodes qui poussent à une frénésie d’achat. Mais le commerçant Georges Kan Wah trouve tout à fait normal que les Mauriciens consomment davantage. Puisque, pour lui, c’est la période de fêtes.
Q : Pensez-vous que des commerçants incitent les Mauriciens à consommer plus qu’il n’en faut en cette période de fêtes de fin d’année?
Sahebdin Mosadeq : La vente par lots, à des prix promotionnels, est une stratégie pour inciter les consommateurs à acheter plus qu’ils ne peuvent consommer. Il faut aussi mettre les consommateurs en garde, en cette période de frénésie d’achat, contre les produits vendus en vrac : biscuits, fruits secs, bonbons. Il s’agit d’une stratégie pour écouler des produits dont la date a déjà expiré.
Georges Kan Wah : Je ne pense pas que les commerçants poussent les Mauriciens à consommer davantage. C’est connu que les Mauriciens ont une tendance à consommer davantage en cette période. Avec leur boni de fin d’année, ils profitent pour acheter des produits que, normalement, ils ne peuvent pas s’offrir. Où est la faute des commerçants ? On profite de cette période pour faire de la pub, mais on n’oblige personne à acheter.
Q : Les Mauriciens consomment-ils n’importe quoi ?
Sahebdin Mosadeq : Selon une étude sur les habitudes de consommation des produits verts faite par l’Université de Maurice et le Mauritius Research Council, les consommateurs se laissent beaucoup influencer par la publicité. L’étude confirme aussi que les Mauriciens considèrent le prix en premier avant de se décider. Ainsi, il y aurait une tendance à acheter des produits bas de gamme, pas nécessairement nutritionnels.
Georges Kan Wah : De plus en plus, les Mauriciens prennent conscience de leur santé et de celle de leurs enfants. À bien voir, de nos jours, les consommateurs mangent plus équilibré qu’ils ne le faisaient dans le passé. Vous constaterez que les grandes surfaces ont aidé à introduire le concept de manger sain, avec, sur les étagères, des produits bio, par exemple.
Q : La surconsommation ne pousse-t-elle pas au surendettement, problème qui frappe déjà la population mauricienne?
Sahebdin Mosadeq : Quelqu’un est surendetté quand son niveau d’endettement a dépassé sa capacité de remboursement. Le surendettement est aussi la conséquence des campagnes publicitaires agressives de certains commerçants. D’autre part, la mise en place de plans de crédit, illégaux ou contournant la Hire Purchase Act, est aussi responsable de la situation de surendettement.
Georges Kan Wah : Il est difficile de chiffrer une surconsommation au niveau alimentaire. Je suis conscient que la surconsommation peut pousser au surendettement de ceux qui ne peuvent financièrement pas se le permettre.
Q : On dit qu’il est temps d’éduquer les consommateurs à faire preuve de discernement au moment de l’achat. tes-vous de cet avis ?
Sahebdin Mosadeq : Il incombe à l’État, qui a tous les moyens à sa disposition, de faire l’éducation des consommateurs. Mais cela ne peut se faire sans la contribution des organisations de consommateurs qui sont les spécialistes dans ce domaine. D’autre part, il est souhaitable que les médias prennent une part active dans cette éducation et accordent plus de soutien aux organisations de consommateurs.
Georges Kan Wah : Je suis d’avis qu’il faut des campagnes de sensibilisation pour éduquer la population pour qu’elle fasse preuve de discernement au moment de l’achat. Cela lui éviterait d’acheter n’importe quoi.