Achamah Bangaroo devant sa maison.
Des habitants de Souillac manifestant leur colère.
Les récentes averses ont eu de graves conséquences dans la sud de l’île : un pont rendu impraticable, plusieurs maisons inondées et la route principale bloquée par des habitants en colère. Mais le beau temps et les promesses du gouvernement de venir en aide aux sinistrés ont quelque peu calmé les esprits.
C’est sur le toit de sa maison qu’elle a dû trouver refuge alors que l’eau envahissait sa chambre aux petites heures du matin. Achamah Bangaroo, une habitante de La Source, Souillac, âgée de 86 ans, fait partie des victimes des pluies torrentielles qui ont frappé le pays, le mercredi 13 avril. «Si mo garson pa ti leve pu al toilet, kapav mo ti pu fini noyé dan mo lasam», lâche-t-elle.
Son fils Balraj, 52 ans, explique, pour sa part, qu’il a tout perdu : «Tous nos meubles et effets personnels sont endommagés. Il va falloir trouver de l’argent pour rénover les huit pièces de la maison.» Et de poursuivre : «On a ce problème depuis 1991. Chaque fois qu’il pleut, le petit ruisseau déborde et l’eau envahit notre maison. Nous ne savons pas à quel saint nous vouer pour résoudre ce problème.»
Chez les Gungabissoon, de l’autre côté de la rue, c’est également la désolation. Satyam, 50 ans, maçon de son état, a également tout perdu. Les inondations ont tout emporté, laissant une épaisse couche de boue sur le sol. Mercredi dernier, le niveau d’eau a même atteint le plafond des six pièces de la maison. Reshmee, 39 ans, l’épouse de Satyam, explique qu’elle dormait lorsque l’eau commençait à entrer dans la maison : «Enn sel cou, nu finn truv dilo gonflé. On a rien pu faire. On a dû trouver refuge chez ma belle-mère à l’étage.»
Marjolaine Joseph, présidente du conseil du village de Souillac, souligne que le gouvernement a promis de venir en aide à ces deux familles mais aussi aux autres qui sont dans le besoin. Mais de préciser que «le ruisseau était obstrué par des ordures. Des volontaires ont dû les retirer pour permettre à l’eau de suivre son cours normal.»
À Pitot et à la rue Lady Barkly, c’est l’absence de drains qui a provoqué la colère des riverains. Ils étaient d’ailleurs des centaines à descendre dans la rue pour exprimer leur colère. Ils avaient volontairement obstrué la route principale du village pour sensibiliser l’opinion publique. Le ministre Arvin Boolell a même dû intervenir pour calmer les ardeurs.
Autre raison de leur colère : l’effondrement des supports mis en place suite aux travaux de rénovation du pont de Souillac. Celui-ci a été fermé jusqu’au vendredi 15 février.
Le gouvernement n’est pas resté insensible aux doléances des sinistrés de plusieurs régions de l’île. Le Conseil des ministres a décidé de mettre sur pied un National Drains Committee pour résoudre le problème d’évacuation d’eau en temps de pluies torrentielles.
Baie-du-Tombeau et Ste-Croix : des réfugiés en attente
Certains sont rentrés chez eux. D’autres pas encore. Le centre communautaire de Baie-du-Tombeau et celui de Ste-Croix (photo) abritent toujours des réfugiés. Les maisons de ces derniers auraient été sévèrement touchées par les grosses pluies de mercredi dernier. Les policiers évaluent actuellement les dégâts. Chaque membre de ces familles reçoit une allocation de Rs 148 pour trois jours.
Des pluies bénéfiques pour le pays
La Central Water Authority (CWA) prévoit un assouplissement de la fourniture d’eau dans les jours qui suivent. Le principal réservoir du pays, à savoir Mare-aux-Vacoas, est rempli à 70,5 % de sa capacité. Piton-du-Milieu est, quant à lui, à 80,3 %.
Le gouvernement aide les planteurs et éleveurs
Le Conseil des ministres s’est réuni le vendredi 15 février et a pris des mesures urgentes après les pluies torrentielles de mercredi dernier. Le gouvernement a décidé d’accorder une aide financière aux planteurs, de même que des semences et du compost gratuits. Environ 35 % des plantations auraient été affectées à travers le pays. Il va pas sans dire que les prix des légumes ont déjà pris l’ascenseur. A titre d’exemple, la pomme d’amour se vend à plus de Rs 80 le demi-kilo. Après une enquête de l’Agricultural Research & Extension Unit, une aide sera également allouée aux éleveurs de bétail.
Manque d’eau : marche pacifique à Tyack
Ils se plaignent d’un grave problème d’eau, alors que divers villages du pays ont été copieusement arrosés ces derniers jours. Les habitants de Tyack organisent une marche pacifique aujourd’hui, à 9h30, pour faire entendre leur voix. La marche débute à proximité de l’usine Sonia Wear et prendra fin à Rivière-des-Anguilles. Plusieurs personnalités à savoir le vice-Premier ministre Rashid Beebeejaun et les minstres Abu Kasenally et Tasarajen Pillay Chedumbrum sont invitées à cette marche organisée par le conseil du village.