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Les dessous d’une nomination

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Le Cabinet comporte une nouvelle femme, ministre. L’événement n’a pas été célébré comme il se doit vu que pas moins de neuf ministres, dont six du MMM, étaient absents

Elle est celle que l’on n’attendait pas. Leela Devi Dookun-Luchoomun, membre du MSM, a été nommée ministre en remplacement de Sylvio Michel, démissionnaire. Une nomination qui, a-t-elle avoué jeudi dernier à la State House, l’a «prise de court». Comme ceux aussi qui lorgnaient le poste.

Tous K.O. Françoise Labelle, Maurice Allet, Jean-Claude Barbier, Mico Arunasalom, Gérard Paya ont vu passer sous leur nez un poste tant convoité.

Pourquoi ? Paul Bérenger, dit-on dans son entourage, n’aime pas qu’on fasse pression sur lui. Il n’a pas apprécié qu’en son absence du pays, certains aient fait du lobbying dans la presse et sur les ondes des radios privées pour avancer qu’ils méritaient le poste laissé vacant au départ de Sylvio Michel.

Il n’a pas apprécié, non plus, que certains membres du Politburo de son propre parti aient mis leur veto à la nomination de Françoise Labelle, alors que lui voulait respecter l’engagement pris par le pays auprès de la SADC, à savoir, permettre à un plus grand nombre de femmes d’intégrer des instances dirigeantes du pays.

À 16h00, mardi dernier, Maurice Allet, leader du PMSD - que le MSM soutenait officieusement - était ‘in’. On a appris qu’un Senior Minister l’avait appelé à 15h00 ce jour-là pour lui annoncer la bonne nouvelle : il allait être ministre. Quatre heures plus tard pourtant, le leader du PMSD apprendra par la télévision qu’il était ‘out’.

«Ils ne reconnaissent plus Bérenger»

Que s’est-il passé entre 16h00 et 19h00 ? Selon une source au sein de l’alliance gouvernementale, il y a eu une rencontre entre Paul Bérenger et Pravind Jugnauth – ce dernier étant fraîchement rentré de vacances. Joe Lesjongard, président du MSM, était mis au parfum de la teneur des discussions. Le PM et le VPM ont discuté et le choix s’est finalement porté sur la seule femme parlementaire non-MMM, car le Premier ministre voulait absolument d’une deuxième femme au Cabinet.

Le Premier ministre envoyait ainsi un signal fort à tous ceux au sein du MMM qui contestaient son choix : pas de Labelle, pas de ministre MMM non plus. Il a préféré offrir au MSM un poste de ministre sur un plateau. D’où l’étonnement de Leela Devi Dookun-Luchoomun qui nous a dit, toutefois, qu’elle a été choisie «sur la base de mes compétences».

Pourtant, le MSM n’a jamais été demandeur. La preuve : lors d’une réunion du Comité central du MSM avant le départ de Pravind Jugnauth pour l’étranger, ce dernier avait déclaré que le maroquin ministériel devait revenir au MMM, puisque Prithviraj Auroomoogha Putten du MSM avait été nommé suite au départ de SAJ pour le Réduit. Le leader du MSM avait même dit ce jour-là à Gérard Paya de faire une croix sur le poste.

Que ce soit Jean-Claude Barbier, Gérard Paya ou Mico Arunasalom, nul n’a voulu commenter le choix de Paul Bérenger. «No comments» pour tout le monde. Mais, ils ne s’expliquent pas pourquoi un Sylvio Michel démissionnaire n’est pas remplacé par un élu issu de la même communauté que lui.

«Je rencontre beaucoup de personnes en colère qui disent qu’ils ne reconnaissent plus Bérenger», nous a déclaré sous le couvert de l’anonymat l’un d’entre eux, vendredi après-midi. Celui-ci se dit très déçu et ajoute que même si le poste ne lui est pas revenu et que si le Premier ministre voulait l’offrir au MSM, «il fallait que ce soit Gérard Paya, issu de la même communauté que Sylvio Michel».

Comme Françoise Labelle a été

sacrifiée, elle a pris logiquement la place de Devi Dookun qui était PPS. Celle qui paraissait avoir les préférences de son leader estime que «c’est la première fois que les femmes politiques ont eu une telle promotion. Paul Bérenger écrit une nouvelle fois l’Histoire».

En revanche, nul ne s’explique la nomination de Danielle Perrier comme PPS. Soudainement, le titulaire, Eric Guimbeau du MMM, a rendu son tablier pour, officiellement, des raisons professionnelles. Pourtant, lors d’une réunion du comité parlementaire sur la Commission anti-corruption, la semaine dernière, «à aucun moment Eric ne m’a laissé comprendre qu’il envisageait de démissionner», nous a confié l’un de ceux présents.

Selon des sources MMM et MSM, Eric Guimbeau a été invité à céder sa place pour «caser» Danielle Perrier. Pourquoi ? Parce que Labelle, nouvelle au sein du MMM, a été promue PPS et cela risquait de créer des remous. Invitée à commenter cette information, Danielle Perrier nous a dit ne pas «être au courant» et qu’elle a compris que «Eric allait se voir offrir d’autres responsabilités». A-t-elle fait pression pour être nommée PPS ? «Je suis une militante de longue date et un vrai militant travaille, nomination ou pas», nous a-t-elle répondu.

Quant à Eric Guimbeau, il n’a jamais retourné nos nombreux appels depuis jeudi dernier. Son entourage dit de lui qu’il est «triste» par ce qui se passe.

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Des absences remarquées

Ils brillaient par leur absence. D’un Cabinet ministériel de 25 ministres, on dénombrait neuf absents, dont six du MMM, pour la prestation de serment de Leila Devi Dookun-Luchoomun, jeudi denier à la State House.

Le vice-Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, s’est également fait excuser. Selon Kobita Jugnauth, son épouse, il a attrapé «un petit virus pendant son récent voyage».

L’ambiance était bon enfant sauf à un moment où, par inadvertance, un des invités a renversé le vin blanc du Premier ministre sur lui. «Et ou la!», lui a lancé un Paul Bérenger manifestement hors de lui. «Sirma shervani la nef», a dit sur le ton de la plaisanterie le président de la République. L’homme, choqué, s’est humblement excusé, alors que le premier ministre essuyait sa veste à l’aide d’une serviette en papier.

Puis, après un brin de causette avec lady Jugnauth et la bru de celle-ci, Kobita Jugnauth, Paul Bérenger a quitté les lieux non sans avoir annoncé que le premier gros dossier de la nouvelle ministre sera l’exposition à venir des œuvres d’André Masson.

Il faut également noter que la lettre de démission d’Eric Guimbeau - absent lors de la fonction - en tant que PPS n’est arrivée à la présidence que vers 16h00 ce jeudi-là, soit une heure et demie avant que Danielle Perrier ne reçoive officiellement à la State House sa lettre de confirmation au poste de PPS.

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