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Jannick enceinte, brutalement veuve

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La jeune femme dont l’accouchement est prévu pour le 15 décembre pleure son époux tant aimé qui ne connaîtra jamais sa petite fille. Jerry Legallant est décédé après avoir recu un coup de poignard d’un dénommé Sanjay Padaruth. Le drame s’est déroulé lors d’un match de foot à Pamplemousses

Il voulait l’appeler Océane. Il avait choisi ce prénom car il évoquait la mer et le poisson, son signe astrologique. Mais Jerry Legallant, 26 ans, ne pourra jamais tenir dans ses bras la fille que son épouse, Jannick, mettra au monde bientôt – l’accouchement est prévu pour le 15 décembre. Dimanche dernier, lors d’un match de foot amical à Pamplemousses, un poignard enfoncé dans le cœur du mari a mis fin aux rêves du couple. Le présumé assassin, Sanjay Padaruth, plaide la légitime défense.

Les larmes coulent lentement sur les joues de Jannick, veuve à 23 ans et bientôt mère. Vêtue de noir, une expression de tristesse et de douleur infinie dans le regard, la jeune femme a du mal à croire au coup terrible que le destin vient de lui porter : «Nous attendions la naissance d’Océane avec tellement d’impatience. L’échographie nous a appris que c’est une fille. Jerry était fou de joie d’être père pour la première fois. Maintenant, je serai seule à accueillir notre fille».

Le couple avait tout préparé pour la venue d’Océane dont les autres prénoms seront Marie Émilie Kyara : le berceau, les vêtements, toute la layette pour que bébé ne manque de rien.

Les sentiments, dans le for intérieur de Jannick, se contredisent. Elle est heureuse de mettre bientôt au monde leur petite fille : «C’est une partie de lui que Jerry a laissée. Maintenant, notre enfant sera ma raison de vivre, ma consolation». Mais cette joie est mêlée d’une souffrance intense car son époux ne sera pas là pour prendre soin de son bébé et d’elle et «il ne pourra jamais tenir Océane dans ses bras». Et puis, la fillette ne connaîtra jamais son père

L’accouchement, Jannick en est consciente, ne se passera pas comme prévu : «Jerry ne sera pas avec moi, il ne m’apportera pas le bouquet de fleurs, ni la peluche que j’avais commandée pour après l’accouchement. On ne vivra pas cette joie ensemble». Malgré tout, la jeune veuve a décidé d’être courageuse : «Pour notre fille». Sa famille et sa belle-famille seront là pour l’occasion, pour la soutenir et partager son bonheur.

Océane, le fruit de l’amour de Jerry et de Jannick. Un amour né il y a sept ans qui a culminé avec leur mariage il y a un an et demi . «Nous nous connaissions depuis l’enfance mais c’est en grandissant que nous avons découvert que nous étions faits l’un pour l’autre. Depuis sept ans, nous étions inséparables», dit Jannick, avec un triste sourire.

Vendeuse dans un magasin à Riche-Terre, la jeune femme commence déjà à se demander comment elle va subvenir seule aux besoins de son enfant et rembourser les emprunts que Jerry et elle ont contractés pour construire leur maison à Terre-Rouge. Son époux était receveur d’autobus à la compagnie ‘Triolet Bus Service’ (TBS).

Le directeur du TBS, Viraj Nundloll, nous a assuré que la jeune veuve recevra une compensation dont le montant n’a pas encore été déterminé.

Rêves brisés

Une autre des préoccupations de Jannick est d’obtenir justice pour l’assassinat de son époux : «Il faut que celui qui l’a tué paye. Il a brisé nos rêves , notre bonheur. Il a pris la vie de Jerry et l’a empêché de connaître son bébé. Si je ne suis pas satisfaite du jugement que la Cour infligera à celui qui a poignardé Jerry, je le poursuivrai au civil».

Jannick souhaiterait aussi voir Sanjay Padaruth, le présumé assassin de Jerry, face à face. C’est pour cela qu’elle était en Cour mardi dernier quand ce dernier a comparu : «Je n’ai pas encore pu le regarder droit dans les yeux pour essayer de comprendre pourquoi il a commis un tel acte, mais à chaque fois qu’il comparaîtra en Cour je serai présente».

La jeune veuve n’oubliera jamais les derniers moments qu’elle a vécus avec Jerry avant que ce dernier ne la quitte pour toujours : «Il n’était pas prévu ce dimanche-là que nous allions à Pamplemousses où habitent les parents de Jerry et les miens. Jerry devait travailler jusqu’à 21h mais finalement, il est sorti de son travail vers 14h et m’a appelée pour me dire qu’il souhaitait aller voir son frère Jorgen jouer au foot. Il est rentré à la maison à Terre-Rouge et nous sommes sortis ensemble. Une fois arrivés là- bas, je l’ai laissé chez ses parents qui habitent en face du terrain de foot et je suis allé chez les miens un peu plus loin».

Un peu plus tard, alors qu’elle aide sa mère à préparer à manger, le téléphone sonne. Un proche leur annonce que Jerry est blessé. Jannick accourt mais son époux a déjà été transporté à l’hôpital. Elle s’y rend aussi mais ne peut voir Jerry qui était entouré de médecins. On lui demande d’attendre dehors. 15 minutes après, un ami de Jerry vient lui annoncer l’horrible nouvelle : Jerry a rendu l’âme. Pour Jannick, le monde s’écroule.

Les proches de Jerry ont également du mal à croire à ce terrible drame. Sa mère, Danièle, n’arrête pas de pleurer l’aînée de ses deux fils. Elle aussi assistait au match ce jour-là : «Je regardais mon second fils, Jorgen, jouer au foot. Jerry assistait au match également. Il joue aussi au foot mais ce jour-là, ce n’était pas son équipe qui était en compétition».

Le tournoi régional organisé par le Conseil de village de Pamplemousses opposait, dimanche dernier, la Juventus et Bois Rouge Utd, deux équipes régionales. Selon des spectateurs, les supporters de Bois Rouge Utd étaient bruyants et ont même lancé des pierres sur le terrain. Nous avons essayé en vain d’avoir une réaction d’un responsable de Bois Rouge Utd. La mère de Jerry soutient même avoir téléphoné à la police pour demander à une patrouille de venir sur place au cas où la situation se dégénérerait: «Quand les policiers sont arrivés, les supporteurs de Bois Rouge se sont calmés. La patrouille est repartie après quelques minutes».

«Jerry lui a dit de se calmer»

Peu après, selon la mère de Jerry, Sanjay Padaruth s’est rendu du côté des supporteurs de Juventus et a commencé à leur chercher noise : «Jerry lui a dit de se calmer et est parti voir les deux équipes qui s’apprêtaient à tirer des penaltys, le match s’étant terminé sur le score de 2-2. Sanjay Padaruth a suivi Jerry pour aller lui parler et soudain, il a poignardé mon fils avant de s’enfuir».

Jorgen Legallant, le frère, s’en souvient avec douleur: «J’étais sur le terrain quand j’ai vu un petit groupe en train de discuter. J’ai alors vu mon frère faire un mouvement en arrière. J’ai crié son nom et j’ai accouru vers lui. Il m’a regardé et a soulevé son t-shirt pour regarder son torse avant de tomber dans mes bras. Je l’ai accompagné à l’hôpital dans la voiture d’un proche mais en y arrivant, il avait déjà rendu l’âme».

Pour la mère du jeune homme, une chose est sûre : «S’il y avait une présence policière tout au long du match, ce drame ne serait pas produit».

Du côté de la police, on avance qu’aucune demande n’a été faite pour qu’il y ait une équipe de policiers présente durant le match. Toutefois, nous apprenons qu’une patrouille a bien été envoyée sur les lieux suite à un appel téléphonique mais qu’elle est repartie en constatant que la situation était calme. Nous n’avons pu joindre un responsable du Conseil de village de Pamplemousses pour savoir si la demande pour une présence policière a été faite pour le match de dimanche dernier.

Pendant qu’on essaie de situer les responsabilités, Jannick, la jeune veuve, essaie de surmonter sa douleur pour se concentrer sur la venue de sa fille. Celle dont le père est parti trop tôt.

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Sanjay Padaruth évoque la légitime défense

Il n’a pas, dit-il, voulu tuer Jerry Legallant. Dans sa déposition à la police, Sanjay Padaruth dit avoir quitté le groupe de spectateurs avec lequel il était venu pour aller s’acheter des cigarettes. En revenant, Jerry Legallant et ses amis auraient tenu des propos désagréables à son encontre. S’ensuivit, selon le présumé assassin, une dispute avec la victime. Celle-ci, toujours selon Sanjay Padaruth, tenait dans sa main une arme tranchante. Lors de la bagarre, soutient-il, il est tombé sur Jerry Legallant qui s’est empalé sur l’arme. Il se serait ensuite enfuit en voyant la victime blessée.

Il a été arrêté à Port-Louis le lendemain du drame par les hommes du CI Bissoon de la CID du Nord. Le présumé meurtrier, qui est sous le coup d’une charge provisoire d’assassinat, est défendu par Me Subash Lallah. À l’heure où nous mettions sous presse samedi dernier, l’arme tranchante dont il nie être le propriétaire n’avait pas été retrouvée. De source policière, nous avons appris que Sanjay Padaruth, employé à la ‘Development Work Corporation’ (DWC), est fiché à la police pour des cas d’agression et de vol.

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Une réunion pour «calmer les esprits»

Une réunion regroupant des hommes religieux, un politicien, un représentant de la police, les parents et l’épouse de Jerry Legallant ainsi que quelques habitants de la localité s’est tenue hier après-midi à Pamplemousses . Le but de cette rencontre est de «calmer les esprits pour ne pas entrer dans une spirale de violence», comme nous a déclaré un membre de la famille Legallant. Par ailleurs, une association socio-culturelle a consigné une déposition jeudi dernier comme mesure préventive suite à l’assassinat de Jerry Legallant.

Michaëlla Coosnapen et Nadine Bernard

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Vinod Persunnoo : «La MFA n’a rien à faire avec ce tournoi»

Le match de football - dans le cadre d’un tournoi 8-a-side - entre Juventus et Bois Rouge qui a provoqué la mort de Jerry Legallant était organisé par le Conseil du village de Pamplemousses et non par la ‘Mauritius Football Association’ (MFA).

La ‘MFA’, par la voix de son président, Vinod Persunnoo, fait ressortir que la ‘MFA’ n’a aucun lien avec cette rencontre.

«La MFA n’a rien à faire avec ce tournoi. Les équipes qui y ont participé ne sont affiliées ni à la MFA ni au comité régional de Pamplemousses. Ce sont des formations amateurs. Nous, au sein de la MFA, nous n’avons sous la main que les équipes qui sont affiliées aux fédérations et aux comités régionaux».

Ce tournoi, disputé sur le terrain de l’école vis-à-vis de l’église St- François d’Assise, avait débuté le mois dernier selon le système ‘knock-out’ et les matchs étaient d’une durée de 70 minutes.

Au total, huit équipes de la région de Pamplemousse y avaient participé. «Ce tournoi a été organisé par les membres du Village Council à l’intention des jeunes footballeurs de la région de Pamplemousses afin d’empêcher les jeunes de la localité de se tourner vers la drogue et l’alcool», a déclaré un membre du Conseil du village de Pamplemousses qui a voulu garder l’anonymat.

Si c’est la toute première fois dans les annales du football mauricien qu’il y a eu mort d’homme entre footballeurs et supporteurs, en revanche, les cas de violence dans les stades sont légion. On se souvient des accrochages, dans les années 70, entre les fans de Fuel Youth et du Scouts Club, entre ceux du Cadets Club et des Scouts, et de l’incident au stade Anjalay à Belle Vue lors de la rencontre mettant aux prises Sunrise et Zamalek de l’Égypte. Et, surtout, il y a ces incidents de triste mémoire du 29 mai 1999. Après la rencontre Fire Brigade-Scouts Club, il y a eu mort d’hommes à L’Amicale de Port-Louis.

Vikash Greedharry

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