Ashfaq Madar et Steven Lascar étaient promis à un bel avenir.
Ces deux jeunes sont morts noyés la semaine dernière, à 48 heures d’intervalle, dans la baie de Tamarin. Un mois plus tôt, un vigile habitant le village de Tamarin a également perdu la vie au même endroit.
Le bilan est lourd. Depuis le début de l’année, trois personnes ont péri dans les eaux de la baie de Tamarin. Mardi dernier, Ashfaq Madar, 20 ans, a perdu la vie en mer, à cet endroit. Cet habitant de Bell-Village s’était rendu dans l’Ouest de l’île avec des amis. Deux jours plus tôt, Steven Lascar, 19 ans, a également connu une fin tragique lors d’une baignade dans la baie de Tamarin. Un premier cas avait été enregistré le 8 janvier. Celui de Baliram Gopal, un agent de sécurité de 45 ans, mort noyé dans le lagon de Tamarin.
Les proches des disparus, eux, sont plongés dans une profonde tristesse. Violette, la mère de Steven Lascar, explique que le jour du drame, ce dernier s’est rendu à Tamarin en voiture, accompagné de quelques collègues : «Ils étaient à sept. Quatre d’entre eux se sont jetés à l’eau. Ils ont été surpris par une grosse vague, alors qu’ils regardaient en direction de la plage. Les témoins de cette tragédie m’ont dit que mon fils s’est noyé en allant secourir un ami».
Steven Lascar, décrit comme «un bon nageur» par ses proches, n’a toutefois pas pu s’en sortir. Il avait déjà rendu l’âme lorsque des volontaires ont tenté de lui porter secours.
Le jeune homme était le cadet de sa famille. Il était un garçon exemplaire, avancent ses proches. Steven Lascar était servant d’autel à la paroisse de Sainte-Anne, à Stanley. Il travaillait dans un centre d’appels en attendant de trouver un emploi dans sa filière de prédilection : l’informatique. Son plus grand rêve était de s’offrir un 4x4.
Au domicile des Lascar, le temps semble s’être arrêté depuis la disparition de Steven. D’autant qu’en novembre 2010, un autre membre de la famille a perdu la vie dans des circonstances tragiques. Cette année-là, le cousin de Steven a été victime d’un accident de la route.
Le même sentiment de tristesse anime les Madar, à Bell-Village. Mais aussi la consternation depuis la disparition en mer du jeune Ashfaq. Siddick, le père de ce dernier, se confie : «Notre famille est complètement bouleversée. L’émotion est trop forte pour arriver à exprimer notre état d’esprit. C’est une épreuve très difficile pour notre famille. Mon fils suivait des cours pour décrocher un Diploma in Building Engineering. Sa jumelle Henna et son frère aîné Haydar sont inconsolables.»
Le jour fatidique, Ashfaq avait dit à ses parents qu’il se rendrait soit à Flic-en-Flac ou à Mon-Choisy, avec des amis de cours, pour aller jouer au foot. C’est l’incompréhension totale pour Siddick. Comment son fils s’est-il donc retrouvé à Tamarin ? s’interroge-t-il.
La douleur de Siddick est d’autant plus grande du fait que son fils n’a pu réaliser son rêve : «Il travaillait dur pour devenir ingénieur en bâtiment. Mon fils ne méritait pas de mourir de cette façon. C’était un garçon responsable et très appliqué. Il était très gentil.»
La police, elle, très critiquée pour sa présumée lenteur à secourir Steven Lascar et Ashfaq Madar la semaine dernière, est pourtant catégorique. «Ce n’est pas un délit, à Maurice, de nager là où les autorités ont placé des panneaux indiquant que la baignade est dangereuse. La police ne peut donc empêcher le public de nager dans les zones dangereuses. Mais celui-ci doit cependant respecter les consignes de la police lorsqu’il y a des communiqués d’alerte de mauvais temps ou de grosses vagues. Les forces de l’ordre vont également essayer d’être plus visibles sur les plages pour rassurer le public», laisse entendre le responsable du service de presse de la police.