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Simla Soodon, caterer : «Je demande aux parents de m’excuser …»

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Nafiza Payette, dans les bras de sa mère, a pu rentrer chez elle après deux jours d’hospitalisation.

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Christabelle Zamir se trouve toujours à l’hôpital.
Sa mère Nadine ne cache pas sa colère devant la mauvaise expérience vécue par sa fille.

Elle est au centre de toute la polémique autour de l’intoxication alimentaire survenue à l’école primaire de Bambous A, le jeudi 7 février. Plus d’une centaine d’élèves de cet établissement sont tombés malades et plusieurs autres ont été admis à l’hôpital après avoir consommé de la nourriture préparée par Simla Soodon. Cette dernière dit regretter ce qui s’est passé, alors que les parents, très remontés, ne cachent pas leur colère.

Un «repas chaud» qui donne des nausées. Avarié, au goût amer et qui sent mauvais. Voilà ce à quoi les 600 enfants de l’école primaire ZEP de Bambous A ont eu droit, le jeudi 7 février, à l’heure du déjeuner. Bilan : plus d’une centaine d’écoliers malades, dont plusieurs admis à l’hôpital. Et des parents révoltés qui n’arrêtent pas de crier et d’exprimer leur colère contre celle qui s’occupe de fournir des repas chauds à cette école. Simla Soodon, la caterer, gérante du Sim’s Snack à Bambous, dit, elle, être complètement traumatisée depuis jeudi.

Mais cette femme de 40 ans, mère de deux enfants, dit surtout regretter ce qui s’est passé. Visiblement affaiblie, accompagnée de son frère et son mari qui la soutiennent dans cette épreuve, elle se livre en espérant compter sur la compréhension des parents, dont les enfants ont été intoxiqués. «Je regrette ce qui s’est passé. Je demande aux parents de m’excuser. À ce stade, je ne comprends pas comment une telle chose a pu se produire. J’attends les conclusions des analyses. J’ai aussi mes deux enfants qui sont admis dans cette école ainsi que ceux de mes employés et mes neveux et nièces qui habitent à Bambous. Je ne peux pas mettre la vie de mes proches délibérément en danger. Toutes les mesures d’hygiène ont été prises lorsque le repas a été préparé. Je suis une mère avant tout. Je ne vais pas mettre en péril la vie des enfants pour de l’argent, contrairement à ce que les gens peuvent penser», déclare Simla Soodon.

Elle prépare, depuis janvier, le déjeuner pour 600 élèves de l’école primaire de Bambous et 200 enfants de l’école de Cascavelle. Elle précise qu’elle n’est pas la seule à mettre la main à la pâte pour la préparation des repas car, une équipe de huit personnes travaille avec elle. «Jeudi, je me suis rendue à mon snack vers 2 heures du matin. J’ai commencé à bouillir les œufs, 800 au total, que j’avais achetés chez un fournisseur à Albion. Ensuite, je les ai épluchés, mais je ne me souviens pas à quelle heure j’ai préparé la daube d’œufs qui était composée de légumes surgelés achetés la veille dans une grande surface. Puis, vers 5 heures du matin, j’ai fait cuire le riz et un bouillon de lentilles rouges. Une salade de concombre a été préparée en dernier lieu avec l’aide de mes employés.»

Simla continue son récit péniblement : «Une fois la préparation terminée, le repas a été placé dans des barquettes take away et livré à l’école à 10h10. C’est en route vers Cascavelle que j’ai appris que les élèves de Bambous avaient eu des malaises car, il y avait un problème avec la nourriture. J’ai aussitôt vérifié le repas que j’allais livrer à Cascavelle car, le menu était le même, mais je n’ai rien noté d’anormal, tout comme la personne qui m’accompagnait. J’ai voulu me rendre à Bambous pour vérifier, mais on m’a déconseillée de le faire pour ma propre sécurité.» Elle précise que c’est la première fois qu’elle rencontre ce genre de problème.

Craindre pour sa sécurité

«Je n’ai jamais eu de reproches. D’ailleurs, c’est le maître d’école et les parents d’élèves qui m’ont alloué ce contrat depuis janvier. Ils me connaissent et étaient très satisfaits de mes services lorsque je préparais la nourriture pour 200 élèves pour le winter & summer school programme. De plus, je suis moi-même une ancienne élève de cette école où j’ai étudié jusqu’en CPE avant de rejoindre la Bambous SSS jusqu’en Form V. J’ai ensuite travaillé à l’usine avant de rejoindre le business familial. Mes parents aussi vendaient de la nourriture à l’école de Bambous.»

Aujourd’hui, celle qui dit craindre pour sa sécurité et celle de ses enfants n’a qu’un souhait : que les parents des écoliers de Bambous fassent preuve de compréhension envers elle. «On a saccagé mon snack. Mais c’est mon gagne-pain. Tôt ou tard, il faudra que je reprenne le travail. Je demande à la population de me pardonner et de faire preuve de compréhension car, je n’ai jamais voulu faire du mal à qui que ce soit. Je demande même aux inspecteurs sanitaires de faire des visites car je n’ai rien à me reprocher ou à cacher quant aux normes d’hygiène.»

Quoi qu’il en soit, les parents ne décolèrent toujours pas et les écoliers se souviendront encore longtemps de leur mésaventure de jeudi dernier. Une situation qui aurait pourtant pu être évitée car, ces enfants avaient attiré l’attention de leurs enseignants sur la mauvaise qualité de la nourriture servie ce jour-là, comme en témoigne la petite Sabrina.

«Dès que j’ai ouvert ma barquette de take away pour manger mon repas, j’ai su que la nourriture n’était pas bonne. Cela sentait très mauvais. J’en ai fait la remarque à mon enseignante, mais elle m’a dit de manger pour faire plaisir à la dame qui prépare le repas tous les jours», confie l’enfant que nous avons rencontrée en présence de sa mère Nadine, vendredi, peu de temps après qu’elle soit rentrée de l’hôpital Candos où elle avait été admise jeudi après-midi. Les yeux cernés et les traits fatigués, l’enfant avoue qu’elle n’oubliera pas de sitôt ce jour cauchemardesque. Alors que sa mère, elle, ne cache pas sa colère vis-à-vis de celle qui a préparé ce repas.
«Ma fille aurait pu y laisser la vie. C’est révoltant que cette personne ait donné une mauvaise nourriture à mon enfant ainsi qu’aux autres élèves. Je me demande à quelle heure elle a préparé cette nourriture et dans quelles conditions. Si ma fille était morte, est-ce qu’elle aurait pu me rendre mon enfant ?», s’insurge Nadine, entourée d’autres parents d’élèves tout aussi remontés par cet incident.

À l’heure où nous mettions sous presse, une élève, Christabelle Zamir, qui est en STD III, était toujours admise à l’hôpital de Candos. Sur son lit d’hôpital, la fillette se plaint de douleurs au ventre. À ses côtés, sa mère Sandra, qui tient un bébé dans ses bras, est révoltée par ce qui s’est produit jeudi. «Ma fille est sous perfusion depuis jeudi. Pourtant, ce jour-là, elle ne voulait pas manger cette nourriture qui sentait mauvais. Mais elle l’a fait sur les conseils de son enseignante. Voilà dans quel état elle est aujourd’hui», lance-t-elle. En ce samedi 9 février, Christabelle, elle, les larmes aux yeux, voit partir encore une de ses camarades qui était admise dans la même salle qu’elle à l’hôpital de Candos. Il s’agit de la petite Nafiza Payette.

La mère de cette dernière, Sakira, déplore qu’aucun membre du personnel de l’école de Bambous n’ait daigné les prévenir le jeudi 7 février. «J’ai appris la nouvelle à travers une amie qui s’était rendue au dispensaire de Bambous. Elle a vu ma fille ainsi que d’autres élèves là-bas auxquels des infirmiers faisaient des injections. Elle m’a appelée tout de suite pour me prévenir. Lorsqu’à mon tour je suis arrivée au dispensaire, ma fille n’était plus là. Je suis allée à l’école et je l’ai vue en train de se lamenter. Elle disait ne plus pouvoir respirer. Puis, j’ai vu apparaître une fourgonnette avec plusieurs enfants à son bord. Quelqu’un a demandé aux élèves les plus mal en point de prendre place à bord du véhicule. Ma fille est montée. Il n’y avait pas de place pour que je l’accompagne. Plus tard, j’ai appris qu’elle s’était évanouie à cinq reprises durant le trajet et que ce sont d’autres gamins malades qui ont pris soin d’elle. À part le chauffeur, aucun adulte ne les accompagnait.»

Pour éviter ce genre de dérapage à l’avenir, le ministère de l’Éducation a adopté 46 nouvelles mesures qui doivent être suivies et appliquées par les traiteurs qui fournissent des repas chauds aux écoles ZEP à travers l’île (voir hors-texte). Encore faut-il s’assurer que ces mesures soient respectées. Pour le bien-être des petits écoliers.

Nourriture avariée : Le ministère de la Santé confirme
Le riz et les œufs servis ce jour-là à l’école primaire du gouvernement de Bambous A étaient bel et bien avariés. Ce sont là les retombées des analyses faites par le ministère de la Santé après que des échantillons de la nourriture servie ce jour-là ont été envoyés au laboratoire. La Government Analyst Division et le Central Health Laboratory ont conclu que la nourriture consommée par les écoliers le jeudi 7 février était avariée et contaminée. D’autres résultats d’analyse sont attendus cette semaine.

Food Safety Guidelines : 46 mesures pour le bien-être des enfants
Les traiteurs qui livrent des repas chauds dans les écoles de la ZEP doivent désormais se plier aux 46 règlements mis en place par le ministère de l’Éducation. Ils devront respecter le Food Act & Regulations et les normes d’hygiène prescrites par la loi. Parmi ces règlements, il est stipulé qu’ils devront disposer d’un bâtiment en bon état et bien équipé, et les fenêtres et autres ouvertures doivent être bien protégées pour éviter l’accumulation de poussière ou la prolifération des insectes. La cuisine doit être munie d’un extracteur vérifié et approuvé par des officiers concernés avant son installation, les plans de travail doivent être recouverts de feuilles d’aluminium ou être en stainless steel et les éviers qui doivent être installés dans des endroits stratégiques pour procéder au lavage des légumes, du poulet, du poisson, de la viande et autres aliments.

Des parents d’élèves crient leur colère

Ils sont plus que révoltés. Eux, ce sont les parents d’élèves de l’école primaire de Bambous A. Stéphanie Eveillée, entourée de plusieurs autres mamans, crie au scandale. «Nou pa avoy nou zanfan lekol pou al manz manzé pouri. Gouvernma koné zanfan Bambous mizer. Akoz sa in mete sa program repas chaud la. Aster la dimoun pe fer ou zanfan manz manzé gaté. Li pa normal», avance-t-elle, approuvée énergiquement par les autres mamans. Aux dires de ces mères de famille, ce problème de nourriture avariée à l’école de Bambous ne date pas du jeudi 7 février. Selon elles, une pétition était même en circulation pour que le contrat alloué à Simla Soodon soit résilié. «Deux jours avant le scandale, les enfants ont eu des dholl puri impropres à la consommation. Le maître d’école était au courant de cela et avait dit qu’il allait donner une nouvelle chance au traiteur. Nous avons eu une rencontre avec lui le vendredi 8 février et il nous a sorti la même histoire de nouvelle chance accordée à madame Simla», témoignent les parents. Le maître d’école, que nous avons rencontré vendredi après-midi à l’école de Bambous, s’est, lui, refusé à tout commentaire.

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