Dharam Gokhool : «Il faudrait veiller à ce que le Youth Employment Programme (YEP) soit bien géré»
Charon Potié : «Je trouve que c’est une très bonne initiative»
Le Youth Employment Programme est synonyme d’espoir pour de jeunes demandeurs d’emploi. Dharam Gokhool, ex-ministre de l’Éducation, et Charon Potié, directrice pédagogique et présidente du Lion’s Club de Rivière-Noire, s’expriment sur le taux de chômage chez les jeunes.
Que pensez-vous du Youth Employment Programme ?
▲ Dharam Gokhool : Il faudrait veiller à ce que le Youth Employment Programme (YEP) soit bien géré. On a vu ce qui s’est passé au niveau de la distribution des repas chauds à des élèves de l’école Bambous A. Ce qu’il faut donc, c’est de bien gérer le programme et ne pas tolérer l’amateurisme. En 2007, une initiative pilotée par le Human Resource Development Council (HRDC) avait porté ses fruits. Quelque 2 500 à 3 000 jeunes avaient pu suivre une formation et d’autres avaient trouvé de l’emploi dans des entreprises.
Charon Potié : Je trouve que c’est une très bonne initiative. C’est une opportunité pour les gradués. Ces derniers pourraient ainsi bénéficier d’une formation, mais aussi de l’expérience d’un emploi. Trop de jeunes quittent l’université et s’attendent à trouver un job avec un salaire de Rs 35 000 ou Rs 40 000, sans être au courant de la réalité du poste en question. Tout n’est pas qu’une affaire de diplôme. Il faut que nos jeunes soient accompagnés et encadrés, et surtout qu’ils soient préparés à la réalité d’un emploi.
Pensez-vous que les programmes d’études aident à orienter les jeunes vers des carrières spécifiques ?
▲ Dharam Gokhool : Lorsque des jeunes terminent l’université avec leurs diplômes en main, c’est qu’ils ont déjà suivi une formation dans certaines matières. Ceux qui ont étudié la gestion, par exemple, vont se tourner automatiquement vers des emplois qui se rapprochent de leur domaine. Par contre, le problème survient quand il y a moins d’emplois disponibles que de demandeurs d’emploi. C’est alors que les étudiants doivent être orientés pour arriver à se trouver une place sur le marché du travail. Au cas contraire, ils risquent de rester sur la touche.
Charon Potié : Je pense surtout que nos étudiants ne sont pas assez conseillés lorsqu’ils choisissent de se spécialiser dans une filière quelconque. Je trouve aussi qu’il y a trop de domaines à Maurice qui n’ont pas été explorés. Beaucoup, par exemple, pourraient se diriger vers la branche sport-études. Je suis sûre qu’on a de nombreux potentiels.
Est-ce que le taux de chômage chez les jeunes est inquiétant ?
▲ Dharam Gokhool : Il y a effectivement une grosse inquiétude parce qu’il y a trop de jeunes qui sont sans emploi. Je connais moi-même des diplômés qui n’ont pas encore trouvé un emploi trois ans après avoir complété leurs études. Certains sont underemployed. C’est primordial de prendre des initiatives pour aider ces jeunes.
Charon Potié : Certes, c’est inquiétant. Je pense que le grand problème de nos jeunes d’aujourd’hui, c’est le manque d’informations. C’est ainsi que beaucoup d’étudiants se retrouvent à faire de mauvais choix. Il y a trop d’avocats ou encore de médecins à Maurice. Il faudrait, selon moi, communiquer davantage sur les métiers et inviter, par exemple, des professionnels dans les collèges pour qu’ils parlent de leur métier, des bons et mauvais côtés de leur profession. C’est par manque d’informations justement qu’on se retrouve avec un personnel frustré, qui n’est pas passionné.