Parvez Nuckcheddy est un homme en colère. Pour cause, le 29 janvier, sa fille Hannah a été «expulsée injustement» de l’école. Le père revient sur les circonstances de ce «drame» et dénonce la manière de faire de la Child Development Unit et du ministère de l’Éducation, qui, lui, rejette la faute sur les parents de l’élève (voir hors-texte).
«Hannah Valentina Nuckcheddy ne sera pas admise à l’école Raoul Rivet.» Dixit l’attaché de presse du ministère de l’Éducation, que nous avons eu au téléphone, hier. Voilà une déclaration qui n’est pas pour arranger l’état d’esprit du père de la petite Hannah Valentina Nuckcheddy. Celui-ci est un père «révolté», qui ne cache pas son mécontentement quant au traitement qu’a subi sa fille à l’école Raoul Rivet, le mardi
29 janvier.
Pour cause, l’enfant de 5 ans a été, dit-il, «expulsée injustement» de l’école avant d’être «abandonnée» entre les mains de la police et de la Child Development Unit (CDU). Tout cela, pour une histoire d’admission qui a pris une ampleur considérable depuis que l’affaire a éclaté. Pour comprendre comment les choses en sont arrivées là, il faut remonter jusqu’en mai 2012.
«Je me suis rendu dans une école pour remplir les formulaires d’inscription afin que mon enfant puisse être admise en STD 1 en 2013. J’ai opté pour l’école Raoul Rivet qui se trouve à 50 mètres de notre maison. Mon enfant peut même y être en cinq à dix minutes à pied», explique Parvez Nuckcheddy. Toutefois, en janvier, ne recevant aucune lettre de l’école stipulant que sa fille y a bien été admise, il décide de mener sa petite enquête.
«Je n’ai reçu aucune correspondance depuis que j’ai fait mes démarches, en mai 2012. Et le 7 janvier, je suis allé à l’école Raoul Rivet, m’assurer auprès de la direction qu’Hannah serait bien admise. C’est là qu’on m’a informé verbalement que ma fille n’avait pas été reçue. Donc, je suis allé au ministère de l’Éducation pour rapporter le cas. Les membres du personnel ont cherché le dossier de ma fille, mais ne l’ont pas trouvé. Ils ont toutefois promis qu’ils allaient enquêter. Le lendemain, je me suis à nouveau rendu là-bas et un employé m’a informé qu’Hannah ne sera pas admise à Raoul Rivet. J’ai alors demandé une lettre officielle faisant état de la chose», avance notre interlocuteur.
Des ennuis
Le vendredi 11 janvier, il accompagne sa fille à l’école Raoul Rivet où cette dernière est placée en salle I Blue. «Ce jour-là, j’ai eu des ennuis avec la direction concernant l’admission de ma fille. Mais j’ai réclamé une lettre officielle disant qu’elle n’était pas admise dans cette école. J’ai reçu une lettre le 17 janvier disant que mon enfant devait se rendre à l’école Beaugeard qui se trouvait auparavant à la rue Edith Cavell, à cinq minutes de notre maison. Mais cela fait des années que cette école a été délocalisée à Tranquebar, à au moins 30 minutes de chez moi, alors que l’école Raoul Rivet est à seulement 10 minutes», précise Parvez Nuckcheddy. Les jours suivants, la petite fille a continué à se rendre à l’école Raoul Rivet.
Mais les choses se sont gâtées mardi dernier. «Ce jour-là, vers
10 h, j’ai reçu un appel de Reza Uteem m’informant que des gens prenaient ma fille de l’école pour l’emmener je ne sais trop où. C’est inadmissible. Lorsque je suis arrivé devant l’école, une femme prenait ma fille par la main et parlait en même temps au téléphone. Je l’ai priée de me rendre mon enfant. Mais elle s’est montrée résistante et j’ai dû lui arracher Hannah. Je ne l’ai pas agressée comme elle le prétend.» Lors de cette affaire, un officier de la CDU a porté plainte pour agression contre Parvez Nuckcheddy. Arrêté et présenté en cour, il a été libéré après avoir payé une caution de Rs 10 000 et signé une reconnaissance de dettes de Rs 40 000.
À son tour, il a porté plainte pour enlèvement. Dans une vidéo qui circule sur Facebook, on voit Hannah perdue dans une foule d’adultes qui discutent de son sort alors que, visiblement traumatisée, elle ne semble pas comprendre ce qui se passe. On la voit entrer dans un véhicule de la police, puis en ressortir sur insistance de Reza Uteem.
Pour Parvez Nuckcheddy, le traitement qu’a subi sa fille est «inadmissible et révoltant». Selon lui, celle-ci a tous les droits de fréquenter la Raoul Rivet Government School. Ce qui le révolte davantage, c’est qu’il y aurait des enfants venant de Montagne-Longue, de Vacoas ou d’autres régions éloignées de ce catchment area qui y seraient admis. «Où est la justice ? Où est l’égalité des chances ? Je demande à ce qu’on fasse une enquête pour savoir combien de parents ont falsifié leurs adresses afin que leurs enfants obtiennent une place à l’école Raoul Rivet.» Son combat ne s’arrête pas. Demain, il compte aller déposer sa fille à l’école… Raoul Rivet. Qu’arrivera-t-il ? Affaire à suivre...
Le ministère de l’Éducation se défend
Il tient les parents de la petite Hannah pour seuls responsables dans cette affaire. Le ministère de l’Éducation, qui a émis un communiqué de presse, hier, avance que toutes les procédures ont été respectées dans le cas de l’admission de la fillette en STD I. Selon Jayen Teeroovengadum, attaché de presse du ministère, les parents d’Hannah Nuckcheddy ont reçu une correspondance de l’école Beaugeard, en décembre, dans laquelle il aurait été clairement stipulé que sa fille avait été admise dans cette école. Le ministère assure que les lettres ont été distribuées à temps, comme l’aurait confirmé le service postal.
Le communiqué souligne aussi qu’en janvier 2013, le Responsible Party de la fillette «has been forcing and insisting for his ward to attend classes only at Raoul Rivet Govt School. He has thus been leaving the child at R. Rivet Government School and has even been reported to be intimidating and threatening the Head of School, accompanied by aggressive outsiders». Et que ce ne serait que le 15 janvier, devant l’insistance du parent, que l’assistance de la police, de la Brigade des mineures et de la CDU a été sollicitée avant que l’affaire ne soit référée au State Law Office.
S’agissant de l’incident du mardi 29 janvier, le ministère avance qu’une multidisciplinary team, comprenant un policier de la CDU, un educational social worker et un school inspector, était sur place «to implement the decision as per notice served not to allow access to school premises as the responsible party had left the child unattended…»