Porte-parole du National Trade Union Congress (NTUC), Tulsiraj Benydin estime l’augmentation du prix du riz ration, du ticket d’autobus et de l’essence injustifiée et invite le gouvernement à compenser les travailleurs dont le pouvoir d’achat s’érode davantage.
Q : Vous revoilà au front avec, cette fois-ci, un combat contre l’augmentation du prix du riz ration, du ticket d’autobus et de l’essence. Votre centrale vient de réclamer une rencontre d’urgence avec le ministre des Finances, pourquoi ?
R : Tenir une réunion tripartite une fois par an sur la compensation salariale n’est pas une bonne chose. Je suis d’avis que le gouvernement et les syndicalistes doivent souvent se mettre à la même table pour discuter aussi des augmentations. Il faut favoriser une politique de dialogue sociale continue. Ainsi, si le gouvernement et les syndicalistes s’étaient rencontrés plus régulièrement, on aurait pu faire des propositions qui auraient pu éviter toute augmentation. D’où notre lettre au ministre des Finances pour une rencontre tripartite. Il faut un réajustement salarial pour compenser l’augmentation du prix du riz ration, du ticket d’autobus et de l’essence.
Q : Vous parliez de propositions syndicales, quelles sont-elles ?
R : Toute augmentation a un impact direct sur ceux au bas de l’échelle. Leur pouvoir d’achat est érodé de jour en jour. Le gouvernement ne semble pas saisir la portée de ces augmentations quand il vient dire, à titre d’exemple, que le coût du ticket d’autobus est remboursable pour les salariés. Et pour les étudiants et ceux qui voyagent en famille alors? Il y a des parents qui ont deux ou trois enfants qui étudient; le budget consacré au transport devient énorme avec cette augmentation, même si elle est d’une roupie.
Q. Le gouvernement dit que ces augmentations sont dues aux facteurs extérieurs.
R : Un gouvernement qui se dit ‘caring’ devrait songer à protéger les plus faibles de ses citoyens. Je ne vois pas la population crier au gaspillage si le gouvernement augmente les subsides sur des denrées de base. J’ai l’impression que le gouvernement agit en fonction du système macro-économique en ayant les yeux rivés sur le taux d’inflation. Le peuple ne s’intéresse pas à l’inflation, mais à ses poches. Je ne pense pas que la décision d’augmenter les prix vient du gouvernement, mais d’institutions comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) qui font pression pour éliminer les subsides sur des denrées de base. Le gouvernement devrait tenir tête au FMI et être solidaire de son peuple.
Q : Suivant votre raisonnement, l’État devrait-il alors subventionner et pousser la State Trading Corporation à la perte ?
R : Augmenter les subsides sur le riz ration ne pousserait pas la STC à la faillite. Il y a d’autres moyens de faire entrer l’argent dans les caisses de l’État. Je pense ici aux grandes firmes : contribuent-elles suffisamment à notre économie ?
Q : Paul Bérenger a parlé de « gaspillage » concernant le riz ration. Pensez-vous que certains achètent le riz ration pour nourrir des animaux ?
R : Je ne vais pas entrer dans ce débat, car rien n’est prouvé à ce sujet. Les syndicalistes sont plus préoccupés à protéger les nombreuses familles mauriciennes qui consomment le riz ration. Et il y en a beaucoup, alors que ceux qui consomment le riz Basmati sont une minorité.
Q : Pensez-vous que la STC devrait jouer la transparence quand il y a des augmentations de prix de l’essence et du riz ration?
R : La State Trading Corporation se doit d’être transparente dans ses transactions et non pas annoncer que les coûts du fret et les prix à l’achat ont flambé. Je le répète : une réunion tripartite aurait permis de baliser le terrain et, pourquoi pas, éviter des augmentations abusives.
Q : Si le ministre des Finances refuse de convoquer une réunion tripartite, quelle serait votre démarche ?
R : Toutes les centrales syndicales sont contre l’augmentation du prix du riz ration, du ticket d’autobus et de l’essence. Si le ministre des Finances refuse une tripartite pour une révision salariale, nous prendrons les décisions qui s’imposent. Il est possible que nous organisions une marche, voire une grève.