Jean-Éric Gassy a plaidé non-coupable de l’assassinat par balles de son ex-supérieure, le Dr Margaret Tobin. Il envisage de faire appel du jugement rendu par un jury de la ‘South Australian Supreme Court’
«Mon fils est innocent, nous allons faire appel du jugement.» C’est ce que nous a déclaré Xavier Gassy au téléphone depuis Sydney. Son fils Jean-Eric, 48 ans, a été condamné par un jury de la ‘South Australian Supreme Court’ le 23 septembre dernier pour l’assassinat par balles du Dr Margaret Tobin. Cette dernière était son ancienne supérieure au ‘Sydney’s St Georges Hospital’ où notre compatriote exerçait comme psychiatre.
La famille Gassy, d’origine mauricienne et établie à Sydney depuis 1967, attend la sentence de la Cour qui sera connue bientôt avant d’entamer les démarches pour faire appel. Jean-Éric risque une peine d’emprisonnement à vie pour l’assassinat du Dr Tobin, 50 ans, le 14 octobre 2002.
Se défendant lui-même lors du procès, le psychiatre mauricien a toujours plaidé non-coupable. En Cour, Jean-Éric a soutenu qu’il pense que le Dr Tobin a été tuée par un membre du ‘Lesbian Underground Group’ dont la victime, selon lui, faisait partie ou par quelqu’un que les réformes du Dr Tobin aux ‘South Australia Mental Health Services’ où elle était chef de service, dérangeaient.
Xavier Gassy croit dur comme fer dans l’innocence de son fils : «Aucune preuve n’a été trouvée contre mon fils. On a seulement
retrouvé chez lui deux fusils du même calibre que celui utilisé par l’assassin mais on n’a pas pu conclure que l’un d’entre eux a servi à tuer le Dr Tobin. Mon fils faisait partie d’un club de tir depuis sept ans, c’est pour cela qu’il y avait des armes chez lui. Aucun des témoins n’a pu l’identifier formellement comme étant l’assassin.»
De plus, selon Xavier Cassy, la police n’a pas voulu accepter l’alibi de Jean-Éric pour le soir de l’assassinat : «Il était seul à la maison car mon épouse et moi étions en vacances. Il a fait un appel vers 19h30 et est parti se coucher. Même si la compagnie de téléphone a confirmé cet appel, les enquêteurs n’ont pas voulu l’accepter.»
Hallucination
Le jour du drame, le Dr Tobin revenait d’une séance d’encadrement des victimes de l’attentat de Bali qui avait eu lieu deux jours plus tôt. Elle sortait d’un ascenseur aux ‘South Australia Mental Health Services’ à Adélaïde quand l’assassin lui a tiré quatre balles dans le dos avant de s’enfuir.
Les informations glanées auprès des témoins devaient orienter les enquêteurs vers Jean-Éric. Selon la police, le psychiatre aurait loué une voiture à Sydney et fait 1600 km jusqu’à Adélaïde.
Durant le procès, la poursuite a soutenu que Jean-Éric Gassy a commis l’assassinat car il avait une dent contre le Dr Tobin. Celle-ci aurait joué un rôle dans sa radiation de l’Ordre des psychiatres il y a quelques années. La raison de cette radiation était que le psychiatre souffrait de ‘delusional disorder’, c’est-à-dire qu’il souffrait d’hallucinations, et ne pouvait plus exercer.
«Il y a neuf ans, Jean-Éric avait demandé un congé de trois mois au Dr Tobin, qui était à l’époque sa supérieure à l’hôpital St-Georges, car il était surmené. À son retour, cette femme a trouvé qu’il était soi-disant fatigué et stressé et elle l’a fait examiner par un médecin qui a conclu qu’il était ‘delusional’. On a alors voulu le radier de l’Ordre des psychiatres et on l’a convoqué devant un board mais il n’y est jamais allé. Mon fils a été radié», soutient Xavier Gassy.
Le père du condamné ainsi que des proches de la famille à Maurice décrivent Jean-Éric comme une personne calme et studieuse. La famille Gassy a quitté Maurice pour l’Australie en 1967 juste après que Jean-Éric eut obtenu une bourse après les examens de fin de cycle primaire. Il a fait ses études secondaires et supérieures à Sydney.
La dernière visite à Maurice de Jean-Éric, célibataire endurci, date de 2000. Il ne risque pas de retrouver son île natale «qu’il adore» de si tôt.
Par Michaëlla Coosnapen, Nadine bernard
et jean marie gangaram