Nadine Chaton et James Mardi
Elle affirme avoir vu l’assassinat de Nadine Dantier en rêve, lui ne croit pas qu’elle ait rêvé. «Nadine Chaton était trop convaincante. Elle a donné trop de détails. Je ne crois pas que ce fût un rêve», soutient le sergent Mardi à 5-Plus dimanche. Accusé de complot avec Nadine Chaton pour faux témoignage dans l’affaire Dantier, James Mardi, relâché sous caution mardi dernier, a décidé de défier Nadine Chaton en contestant la version selon laquelle elle aurait vu l’assassinat de Nadine Dantier en rêve et que le policier lui aurait demandé de dire aux enquêteurs que c’était la réalité.
Nadine Chaton, qui a affirmé aux enquêteurs que le sergent était son «ex-amant», a été relâchée sous caution deux jours plus tard. Le policier, 33 ans, et elle, 24 ans, avaient été arrêtés le 16 septembre.
Le sergent Mardi n’en revient pas de la drôle d’aventure dans laquelle il s’est embarqué. Pourtant, assis dans son salon à Henrietta, il affiche la sérénité ou, du moins, le dit-il : «Je suis serein. J’ai fait mon travail de policier. J’ai la conscience tranquille car je n’ai rien à me reprocher». Pour lui, «la tempête est passée». Il est confiant de retrouver son poste au sein de l’ADSU de Vacoas très bientôt.
Pourtant, l’affaire est loin d’être close. Et le sergent Mardi doit préparer sa défense : «C’est pour cela que je ne peux rien dire par rapport à l’enquête. Il y a une affaire en Cour, il faut laisser la justice faire son travail. De plus, je ne veux pas gâcher mes munitions maintenant».
Il tient tout de même à dire certaines choses, notamment concernant le «rêve» que Nadine Chaton, dans sa deuxième version aux enquêteurs, dit avoir fait sur l’assassinat de Nadine Dantier le 25 juillet 2003. Cette dernière avait été violée et assassinée sur un terrain vague à quelques mètres de sa maison à Albion.
«Toute cette histoire me fait rire. Je ne crois pas que ce soit un rêve que Nadine Chaton a fait. Je suis policier et je sais comment se passe un interrogatoire. Je n’aurais jamais poussé quelqu’un qui m’aurait raconté un rêve à aller dire que c’est la réalité. Cela aurait été trop idiot de ma part», déclare James Mardi.Le policier n’arrive pas à comprendre pourquoi Nadine Chaton s’est rétractée.
Après avoir dit aux enquêteurs qu’elle était près du lieu du drame le jour où Nadine Dantier avait été violée et assassinée, en compagnie du dénommé Gino et qu’elle avait assisté à toute la scène, Nadine Chaton est revenue sur sa déclaration. Elle a déclaré aux enquêteurs qu’elle avait rêvé du drame et que quand elle s’était confiée à son «ex-amant», James Mardi, ce dernier lui avait demandé de dire que cette histoire était vraie et de dénoncer Marcelin Azie et Jean-Yvon Dantier, le beau-père de Nadine Dantier, comme étant parmi les agresseurs de celle-ci.
Interrogé là-dessus, James Mardi réfute cette version : «Nadine Chaton ne m’a jamais dit qu’elle avait rêvé de l’assassinat de Nadine Dantier. Elle m’a dit que c’était la réalité».
En venant dire que Nadine Chaton n’a pas rêvé, que veut-il faire comprendre? Que Nadine Chaton a réellement été témoin du drame? «Je ne peux pas répondre à cette question pour l’instant», déclare le sergent Mardi. Si Nadine Chaton n’a pas rêvé, se peut-il qu’elle ait inventé cette histoire de toutes pièces? «Je ne peux pas répondre non plus», dit-il.
Mais comment le sergent Mardi peut-il être aussi sûr que Nadine Chaton n’a pas rêvé? Est-ce parce qu’il était avec elle à Albion au moment du drame? «Si j’étais à Albion ce jour-là, Nadine Dantier ne serait pas morte. J’aurais fait mon devoir de policier», soutient -il.
«Mo ti laba»
Il refuse de commenter les supposées relations extra-conjugales entre Nadine Chaton et lui. «Je garde cet élément de réponse pour ma défense en Cour», dit-il. De source policière, nous avons appris que Nadine Chaton et James Mardi ont tous deux avoué avoir été amants. Et si Nadine Chaton avait essayé de se venger du policier après une rupture en inventant cette histoire? «Je ne peux rien dire là-dessus», dit-il.
Tout a commencé en juin dernier. «J’avais rencontré Nadine Chaton par hasard et elle m’avait dit qu’elle avait quelque chose d’important à me dire sans préciser de quoi il s’agissait. Deux ou trois jours plus tard, nous nous sommes rencontrés pour en parler. Elle m’a demandé si j’étais au courant de l’affaire Dantier et je lui ai répondu que oui. Elle m’a dit «mo ti laba». Avant de continuer, elle m’a fait promettre de ne pas lui demander ce qu’elle faisait là-bas, ni avec qui elle était. Je le lui ai promis», raconte James Mardi.
Il ne se départ pas de son calme et continue : «Nadine Chaton m’a alors dit qu’elle se trouvait dans les bois près de l’endroit où Nadine Dantier avait été assassinée. Elle a ajouté qu’elle avait vu la jeune fille en compagnie de trois hommes, dont le beau-père de cette dernière et Marcelin Azie (ndlr : ce dernier a été inculpé pour l’assassinat de Nadine Dantier quelques jours après le drame). Nadine Chaton m’a dit que le beau-père avait violé la jeune fille avant de lui assener un coup de poing. Cette dernière avait alors dit «mo pu dir mama» et l’homme lui avait répondu «to pa pu gagne letan». Ensuite, selon Nadine Chaton, il avait demandé à ses deux acolytes de faire ce qu’ils avaient à faire. Nadine Chaton m’a dit qu’à ce moment-là elle avait réussi à s’éclipser sans se faire remarquer».
Complot
Après avoir entendu le récit de Nadine Chaton, le sergent soutient qu’il avait été «convaincu» par la multitude de détails concernant les lieux et la scène ainsi que par «la teneur de la conversation entre Nadine Dantier et son beau-père». Tout de suite, dit-il, il a commencé à mener sa petite enquête. «Après quelques jours, n’ayant rien trouvé de constructif, j’ai passé l’information à mes supérieurs qui l’ont ensuite passée à la MCIT qui s’occupe de l’enquête».
Le jeudi 16 septembre dernier, alors que tout le monde attend un développement majeur dans l’affaire Dantier grâce à un témoin «oculaire» qui aurait assisté à l’assassinat, c’est le choc. Nadine Chaton, le témoin qui devait contribuer à l’arrestation d’autres suspects dans l’affaire Dantier, ainsi que le sergent James Mardi de l’ADSU de Vacoas, sont tous deux arrêtés. La jeune femme s’est rétractée et les deux sont provisoirement accusés de complot pour faux témoignage dans cette affaire.
Que ce soit la thèse du complot ou le désir de monter en grade ayant motivé ce faux témoignage, le sergent Mardi nie tout en bloc. Il soutient également n’avoir rien à voir avec l’arrestation de Marcelin Azie : «C’est un collègue à moi qui est aussi sergent qui avait eu l’information. Je n’ai rien à voir avec l’affaire Dantier, à part d’avoir mis le témoin oculaire Nadine Chaton en lien avec les enquêteurs».
Pourtant, Jean-Yvon Dantier persiste à dire qu’un complot a été monté contre lui pour lui nuire : «Ce complot monté par la dénommée Chaton et celui qui dit être sergent de police ne m’intimide nullement. C’est déplorable et vil. Il y a une personne derrière la mort de ma fille. Je ne connais pas les motivations des personnes qui tentent de m’incriminer à travers ce complot».
Concernant ses relations avec Gino Trouba, le père biologique de Nadine Dantier, le sergent Mardi affirme avoir fait sa connaissance après les révélations de Nadine Chaton : «Un collègue avait ses coordonnées et j’ai pris contact avec lui pour vérifier certains renseignements que m’avait donnés Nadine Chaton. J’avais aussi cherché à joindre le petit ami de Nadine Dantier, Bruno Tadebois mais en vain».
En attendant, James Mardi n’a qu’un seul souhait : que cette affaire se termine et qu’il réintègre son poste à l’ADSU de Vacoas. Le sergent Mardi est entré dans la force policière en 1992. Il a été affecté tour à tour à la station de police de Quatre-Bornes, à celle de Phoenix et à Agaléga, à la ‘Special Support Unit’ (SSU) avant d’intégrer l’ADSU de Vacoas en 2000. La même année, il réussit à ses examens pour devenir sergent. «J’adore mon travail et il me manque beaucoup», dit-il.
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Isabelle, l’épouse de Mardi : «Je fais confiance à mon mari»
C’est une femme qui se dit sereine. Isabelle Mardi, 27 ans, mère d’un garçon de 5 ans et actuellement enceinte de trois mois, croit dur comme fer en l’innocence de son mari, James Mardi, 33 ans, accusé provisoirement de complicité avec Nadine Chaton pour avoir donné un faux témoignage dans l’affaire Dantier : «Je lui fais entièrement confiance. La justice triomphera».
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Jean-Yvon Dantier : «Il y a quelqu’un derrière le complot»
Jean-Yvon, le beau-père de Nadine Dantier, est un homme en colère : «Ce complot monté par la dénommée Chaton et celui qui se dit être un sergent de police ne m’intimide nullement. C’est déplorable et vil. Il y a quelqu’un derrière la mort de ma fille et derrière le complot ourdi pour tenter de m’incriminer».
Le nom de Jean-Yvon Dantier, le père adoptif de Nadine, l’étudiante, violée et assassinée le 25 juillet 2003 à Albion, a été cité la semaine dernière par Nadine Chaton, 24 ans, une habitante d’Henrietta. Celle-ci avait dit qu’elle avait vu les agresseurs de Nadine Dantier, dont Jean-Yvon et Marcelin Azie, en compagnie d’un troisième homme, sur un terrain à Albion, non loin de la maison de la victime.
Nadine Chaton, qui disait avoir été présente au moment de l’agression, s’est par la suite rétractée et a affirmé qu’elle avait vu l’agression en rêve et que c’est James Mardi, 33 ans, son ex -amant, qui lui a demandé de dire que le rêve était réel. Nadine Chaton affirme aussi qu’elle a toujours dit au policier James Mardi que son récit n’était qu’un rêve. James Mardi affirme, pour sa part, que Nadine Chaton ne lui a jamais dit que son récit n’était qu’un rêve. Il nie toutes les accusations portées par Nadine Chaton contre lui.
Aujourd’hui, Nadine Chaton précise qu’elle n’a jamais formellement accusé Jean-Yvon Dantier et Marcelin Azie mais qu’elle avait dit qu’il y avait des gens qui leur ressemblaient. De son côté, James Mardi nous a fait la déclaration suivante : «Nadine Chaton était trop convaincante. Elle a donné trop de détails. Je ne crois pas que ce fût un rêve.»
Jean-Yvon dit avoir tout le soutien de sa femme, Caroline : «Ma femme est partie de son plein gré aux Casernes centrales, lundi dernier, pour dire ce qu’elle pensait de cette histoire de complot.»
Il souhaite que la vérité éclate sur les circonstances dans lesquelles sa fille adoptive a trouvé la mort : «Je vais réclamer qu’une prise d’ADN soit faite sur le sergent de police Mardi et aussi sur l’autre personne qui veut m’incriminer dans la mort de ma fille adoptive.» Jean-Yvon nous a révélé l’identité de cette autre personne. Interrogée, celle-ci nous a fait la déclaration suivante : «Je ne vais pas vous faire de déclaration. Je laisse toute cette affaire entre les mains de Dieu.»
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Élucider l’affaire par la prière
Il croit dur comme fer en la justice divine. C’est pour cela que cet habitant de Moka, âgé de 63 ans et chauffeur de taxi de son état, s’est rendu sur les lieux où Nadine Dantier avait été assassinée pour demander à Dieu de «fer trappe sa criminel la ki fine touye Nadine Dantier là. Soit le ou les criminels se rendent, soit il ou ils perdent l’usage de leurs parties intimes.»
Le 18 septembre dernier, le sexagénaire se rend à pied à Albion. Sur place, il allume un bâtonnet d’encens et verse sur la terre un peu de sang qu’il a extrait de ses veines avec une seringue et mis dans une fiole avant de venir à Albion. «Je me suis laissé guider par ma foi en Dieu. C’est un sacrifice et cela n’a rien à voir avec la sorcellerie», soutient notre homme. «J’ai aussi fait une prière catholique et j’ai fait appel à Jésus et à plusieurs saints parce que les Dantier sont catholiques», explique cet homme qui est de foi hindoue mais qui prie le Dieu de toutes religions. «C’est un seul et même Dieu qui a différents noms.»
Ce n’est pas la première fois que cet habitant de Moka fait des prières pour retrouver le meurtrier d’une victime. Il en a fait pour Leena Banee, une adepte de Sai Baba décédée il y a quelque temps après avoir été heurtée par un véhicule. La session de prières qu’il a faite à Albion a été appréciée par les Dantier qui nous ont déclaré : «Sa démarche nous a touchés, nous n’avons rien vu de louche.» Par contre, du côté de la famille du chauffeur de taxi, cette action n’est pas vue d’un bon oeil.
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Un «independent evidence support» recherché par les enquêteurs
La police cherche un «independent evidence support», soit le témoignage d’une tierce personne, pour éventuellement corroborer la version du sergent Mardi ou celle de Nadine Chaton. Toutefois, jusqu’ici, certaines sources proches des enquêteurs soutiennent qu’il y a toutes les raisons de croire que Nadine Chaton a bien rêvé de l’assassinat de Nadine Dantier et qu’elle a ensuite monté un complot avec le sergent Mardi. «Il n’y a aucune ‘evidence’ pour croire le contraire», soutient une source.
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Me Jim Seetaram ne veut pas d’amalgame
«Il y a malheureusement une certaine perception que mon client James Mardi est mêlé à l’assassinat de Nadine Dantier. C’est tout à fait faux. Il ne faut pas faire d’amalgame», soutient Me Jim Seetaram qui, avec Me Yousuf Mohamed, assure la défense du policier accusé. «Mon client est accusé provisoirement de complot avec Nadine Chaton pour faux témoignage dans l’affaire Dantier. Cela n’a rien à voir avec le ‘case’ d’assassinat directement. Il est juste celui qui a rapporté qu’il y avait un témoin oculaire. D’ailleurs, nous sommes confiants qu’il pourra prouver facilement qu’il n’a jamais comploté avec Nadine Chaton. Tous les faits dans cette affaire jouent en sa faveur», ajoute Me Seetaram.
Par Michaëlla Coosnapen et Christophe Karghoo