Prakash Maunthrooa et Arvind Boolell
On n’entend parler que d’élections ces temps-ci. Démission de Siddick Chady oblige. Élection partielle, élections générales anticipées ou amendements pour présenter le budget en juin avant les législatives ? Les paris sont ouverts mais tous semblent être en faveur d’élections générales. Mais qu’en est-il des programmes électoraux. N’est-il pas temps de les rendre publics? Les partis et les alliances ne semblent pas pressés de les divulguer. Prakash Maunthrooa du MSM et Arvind Boolell du PTr nous expliquent.
Q : À un an ou moins des élections générales, n’est-il pas temps que les partis politiques rendent publics leurs programmes électoraux ? Si non, pourquoi?
Prakash Maunthrooa: En ce qui concerne l’alliance MSM/ MMM, qui en est à sa quatrième année au pouvoir, elle continue à appliquer le programme qui a été plébiscité par l’électorat en septembre 2000. Nous avons encore une année pour compléter ce qui a été entrepris jusqu’ici dans différents secteurs. Nous avons encore du temps devant nous avant les prochaines législatives et une équipe va plancher sur le programme qui sera rendu public en temps et lieu, plus près des élections.
Arvind Boolell : Lors de ses deux derniers congrès, le PTr a animé des ateliers pour tracer les feuilles de route du nouveau contrat social. Les porte-parole du ‘Policy Forum’ - qui sont sous la responsabilité de Rama Sithanen – animent aussi régulièrement des conférences pour expliquer l’engagement pris par le PTr à définir le nouveau contrat social. Par ailleurs, tous les samedis, le leader de l’Opposition anime des conférences de presse pour réagir aux problèmes, au déclin de certains secteurs et à la banqueroute des idées du gouvernement. Puisque le leader de l’Opposition a annoncé que nous étions en campagne, nous attendons la dissolution du Parlement et l’ ‘issue of the writ’ pour rendre public le ‘policy’ du PTr.
Q : Partant des priorités du parti ou de l’alliance à laquelle vous appartenez, quelles seront, selon vous, les grands axes du programme électoral ?
Prakash Maunthrooa : C’est un peu prématuré de parler des grands axes du prochain programme électoral. Toutefois, nous savons déjà que les priorités sont les grands défis économiques qui nous guettent. Il ne faut pas oublier l’incidence de la libéralisation du commerce qui va commencer à se faire réellement sentir à partir de 2005. Ce sera une situation sans précédent car Maurice a toujours été protégée. Les autres grands défis économiques que nous nous efforcerons de relever sont la relance de l’investissement, la lutte contre le chômage sans oublier le côté social.
Arvind Boolell : Le leader de l’Opposition a parlé en termes très clairs. Notre fer de lance demeure la démocratisation de l’économie avec la mise en œuvre d’un développement intégré et soutenu basé sur la méritocratie, la justice sociale, entre autres. Cela s’inscrit contre les effets d’une mondialisation froide, amorale et inhumaine et vise à rallumer la flamme de la reconstruction sociale. Nous sommes pour une économie de marché et non pour une société de marché. Il faut aussi continuer à prendre avantage des bénéfices économiques découlant de la coopération Nord/Sud et Sud/Sud à travers le reengineering’ de notre ‘Foreign Economic Policy. Nous croyons également à la participation de la diaspora mauricienne au développement de Maurice
Q : Quelle est la mission d’un programme électoral ? Les partis au pouvoir le respectent-ils toujours?
Prakash Maunthrooa: La mission d’un programme électoral est très simple. Il s’agit de définir d’une manière générale les grands axes d’intervention dans divers secteurs, que ce soit sur le plan économique ou autre. C’est la ligne directrice qui permet de tracer le chemin à parcourir au cours d’un mandat électoral. Bien sûr, le programme électoral ne trace que les grandes lignes de ce qu’un gouvernement veut réaliser. Comme n’importe quel programme, il peut évoluer. Aucun plan n’est sacré. Je peux vous assurer que dans le cadre de l’alliance MSM/MMM, la majeure partie du programme a été respectée et que dans un an, nous en aurons réalisé la quasi-totalité. Nous avons fait beaucoup de choses dont certaines très symboliques comme la libéralisation des ondes.
Arvind Boolell : Un programme électoral a pour objectif de provoquer des idées à travers le dialogue, la concertation et la consultation. D’ailleurs, une élection, c’est une consultation populaire. L’électorat sait très bien qu’il faut consolider les acquis sans remettre en question le changement. Le programme électoral a pour mission de répondre légitimement et moralement aux aspirations du peuple. C’est un contrat entre le parti et la population. Le PTr a toujours su honorer ses engagements. Il a concrétisé les grandes décisions annoncées. Le PTr a un passé glorieux de par sa politique qui évolue sans remettre en cause sa philosophie.