Une affaire peut en cacher une autre. Le nom de Gita Lutchigadoo a refait surface dans l’affaire de St- Paul en début de semaine. Son nom avait déjà été cité dans l’affaire Deelchand. C’est l’arrestation, vendredi le 3 septembre dernier, du policier Bupendra Aukhaj - cité dans la lettre de confession de Critika Nundkumar dont le cadavre a été retrouvé parmi les dix de St-Paul - et d’un dénommé Jeetendra Junghee, dit Carol - un ami d’enfance du policier Auckaj appréhendé lui aussi dans un bungalow à Flic-en Flac- qui a mis la police sur sa piste.
C’est à la suite des interrogatoires que le suspect Junghee a cité le nom de Gita Lutchigadoo comme étant le cerveau du vol allégué d’un terrain appartenant à deux familles de Route Bassin à Quatre-Bornes.
Gita Lutchigadoo, la femme d’affaires de route Bassin, Quatre-Bornes, qui travaille comme courtière se défend. « Je réfute toutes ces accusations. Pour l’instant, l’enquête est en cours, je ne peux en dire plus », nous a-t-elle déclaré.
La police a arrêté le suspect Aukhaj parce qu’il avait aussi des liens avec Paul Hervé Janvier -considéré comme l’ex-clerc de notaire à l’étude de Marcel Joson - retrouvé, lui aussi, mort dans la maison de St-Paul. Le policier Aukhaj lui louait un bungalow à Flic-en-Flac, mais il dit qu’il ne savait pas si c’était Janvier car il s’était présenté à lui sous un nom d’emprunt : Labonté. Le policier Aukhaj est accusé provisoirement d’avoir, le 9 avril 2004, voulu falsifier un acte notarié d’un terrain (criminally and wilfully commit a forgery in a private writing, to wit a deed of sale of portion of land at Bassin Road Quatre-Bornes, between Chattergoon Oogur and Mrs Saraswatee Lutchigadoo). La police tente aussi de savoir si la proposition de vente d’un lopin de terre à Route Bassin par Critika Nunkumar, née Mawooa, considérée comme le cerveau dans la mort mystérieuse de dix personnes à St- Paul, peut être liée à Gita Lutchigadoo.
Roger Lutchigadoo, l’époux de la courtière, soutient celle-ci dans ses dénégations. Âgé de 57 ans, Roger, un entrepreneur, demeure prudent dans ses propos : «Sur les conseils de notre avocat, nous ne voulons pas trop faire de déclaration à la presse. Ma femme a tenu à apporter des précisions dans les médias en début de semaine car il y avait trop de choses fausses qui circulaient sur elle ainsi que sur notre famille. Pour l’instant, on se tait mais dès demain (lundi) on va réagir. Il se peut qu’il y ait des poursuites car notre nom est sali.»
Selon cet homme, sa famille, encore moins sa femme Gita, n’a rien à se reprocher. Interrogé sur les allégations de fraude sur des terrains qui pèsent sur sa femme (Voir texte plus loin « La femme d’affaires controversée), il nous déclare : «Depuis 14 ans, ma femme bénéficie de mon aide et, quelquefois, celle de ma fille aînée et de mes deux fils. Nous sommes dans ce métier, nous n’avons jamais escroqué personne. Nous avons vendu plusieurs terrains à Route Bassin. Nous avons tout le temps fait un travail honnête. »
« Janvier ? « Connais pas »
Roger Lutchigadoo nie tout lien avec les dix cadavres de St-Paul : «Ni ma femme, ni mes enfants, ni moi, ne connaissons ce Janvier, considéré comme le clerc de notaire de Marcel Joson. Nous ne connaissons aucune des victimes de St-Paul, ni même la dénommée Critika. »
Qu’en est-il du notaire Deelchand ? : «Nous connaissons très bien le notaire Deelchand et Antoine Chetty, mais je ne vous en dirai pas plus sur nos relations.» Il a observé le silence quand nous lui avons demandé si sa fille travaillait pour le notaire Deelchand.
Pour ce qui est du suspect Jeetendra Junghee qui aurait incriminé sa femme, Roger avoue : «Nous connaissons Junghee comme courtier. Encore une fois, je ne peux vous en dire plus pour l’instant».
Roger Lutchigadoo, père de six enfants, nie aussi que sa femme ait pu être impliquée dans une affaire de kidnapping d’un bébé l’année dernière à Flic-en-Flac. Il récuse l’allégation selon laquelle un de ses fils serait impliqué dans une autre affaire de séquestration d’un skipper: «Ce sont de fausses accusations. »
Sollicité pour une déclaration, Me Joy Beehary, qui représente Gita Lutchigadoo, nous a fait la déclaration suivante : «Ma cliente n’a pas été convoquée par la police. Je ne connais même pas les charges - s’il y en a - qui pèsent sur ma cliente. J’attends. »
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Allegation de fraudes
La femme d’affaires controversée
Prenez la Route Bassin, Quatre-Bornes et demandez Gita Lutchigadoo. L’expression des visages change. Elle est décrite comme « une escroc », « une arnaqueuse » et «une voleuse.» Bien qu’elle réfute ces accusations - elle est soutenue par son époux Roger Lutchigadoo - des allégations de fraude pleuvent sur elle. Les présumées victimes affirment avoir consigné des dépositions à la police contre Gita Lutchigadoo.
De source policière, nous avons appris qu’environ une dizaine d’allégations de fraude pèsent sur Gita Lutchigadoo. «Nous voulons qu’elle arrête ses arnaques », nous dit Bijaykumar Ramdewon, le fils de Indrawtee Ramdewon, née Seebaluck, une des héritières d’un terrain d’un arpent et 79 perches à la Route Bassin, Quatre-Bornes.
Cette famille raconte que c’est le 14 juin dernier que le cauchemar a commencé pour elle.
«Tout d’un coup, nous avons vu des pelleteuses sur notre terrain. Ensuite, Mme Lutchigadoo avait planté un écriteau sur lequel elle avait fait inscrire ‘Morcellement Lutchigadoo’. Nous lui avons demandé ce qu’elle faisait sur notre terrain et elle nous a répondu que c’était son terrain en nous montrant un contrat », nous raconte Bijaykumar Ramdewon : « Nous sommes tout de suite allés à la police pour signaler la chose et nous avons, par la suite, fait une entrée à la Land Fraud Squad et depuis, cette affaire ne fait que durer. Il y a un ordre en forme d’injonction sur ce terrain. Gita avait été convoquée en Cour le 2 août dernier mais elle ne s’était pas présentée. La Cour l’a à nouveau convoquée pour le 30 septembre prochain.»
Depuis, la famille se demande constamment comment son terrain lui a été «volé. »
« Elle a un contrat d’achat, ce qui nous rend perplexe», nous dit Bijaykumar Ramdewon.
Selon Bijaykumar Ramdewon, sur le contrat d’achat du terrain que leur a montré Gita Lutchigadoo, il y aurait le nom d’un certain Chattergoon Oogur qui lui aurait vendu un terrain. «Le terrain en question de ce monsieur Oogur se trouve juste à côté du nôtre. C’est peut-être là qu’il y a eu un malentendu », nous fait part Bijaykumar.
Sollicité pour une déclaration, un membre de la famille Oogur, habitant aussi à Route Bassin, nous a déclaré : «Notre terrain est toujours en notre possession. Ce terrain appartenait à mon père et il ne peut pas avoir vendu notre terrain en 1998 puisqu’il est mort en 1975 », nous dit la fille de Chattergoon Oogur.
Par Christophe Karghoo et Nadine bernard