Après avoir tergiversé, le député Chady veut mettre sa menace de démission à exécution cette semaine
Ce n’était pas une menace en l’air. Le Dr Siddick Chady compte soumettre sa démission de l’Assemblée nationale mardi prochain.
«Je comptais démissionner depuis vendredi. Je vais le faire lundi, mais c’est plus sûr que ce sera mardi avant les travaux parlementaires», nous a déclaré Siddick Chady, hier à la mi-journée.
«Le vote de la MRA est un des facteurs qui me poussent à soumettre ma démission en tant que député», dit l’élu de la circonscription No 3 (Port-Louis/Maritime) et ex-membre du Parti travailliste. Si les syndicalistes ont accepté certains amendements à la Mauritius Revenue Authority (MRA), c’est «parce qu’ils savent qu’ils n’auraient pu tenir longtemps avec leur mouvement de grève, vu les menaces du Premier ministre à leur égard».
Il est très remonté contre certaines clauses de la MRA, dont celles concernant les pouvoirs de son directeur général : «Cet organisme agira comme l’ICAC ; le directeur de la MRA aura le pouvoir d’arrestation ; il n’aura même pas à passer par le Central Tender Board (CTB) pour des achats allant jusqu’à Rs 50 millions. Ce sera un homme au pouvoir absolu.»
Pour ce qui est de sa démission, Navin Ramgoolam est-il au parfum ? «Je rencontre le leader du Parti travailliste durant le week-end et nous allons aborder la question», répond-il. Sera-t-il candidat à sa propre succession, et si tel est le cas, sous quelle bannière se présentera-t-il ? «Je me porterai de nouveau candidat au No 3. Si le PTr veut me mandater pour défendre ses couleurs, je le ferai», a-t-il eu pour réponse.
Au cas où les rouges le bouderaient, se tournerait-il vers le MMM ou serait-il candidat indépendant ?: «Pas question pour moi d’intégrer le MMM et, comme je ne me vois pas en candidat indépendant, je fonderai un parti politique.»
Dans les milieux travaillistes, on joue à l’attentisme. À l’image de Navin Ramgoolam qui a dit, hier, lors de sa conférence de presse : «C’est sa décision, attendons.» En revanche, un apparatchik du parti, parlant sous le couvert de l’anonymat, estime que «comme Siddick Chady fait partie du groupe parlementaire travailliste, ce serait bien qu’il soit notre candidat. Si le PTr avait son candidat, le MMM le sien, Siddick Chady lui-même et le Hizbullah, ce serait faire le jeu du MMM dans un bastion difficile.»
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MRA : le Parquet pas consulté ?
«Je ne crois pas que ce soit le Parquet qui ait préparé la MRA. » C’est ce qu’a dit Madan Dulloo lors
de son intervention sur le projet de loi
vendredi dernier. Est-ce vraiment le cas ?
La Mauritius Revenue Authority (MRA) est un organisme qui va regrouper cinq départements (douane, VAT, Income Tax, Large Tax Payers et Registry) et qui a pour tâche de recouvrir les taxes pour l’État.
Cette loi comportait tellement de problèmes au niveau de la technicité lors des négociations entre les syndicalistes et le gouvernement que Rashid Imrith s’est également posé la même question. Selon l’interview qu’il nous donne en page 10, le syndicaliste « ne pense pas que le Parquet allait faire autant d’erreurs au niveau de la technicité de cette loi. »
Renseignement pris, il nous revient que la MRA porte la griffe d’un étranger en poste chez nous, d’un conseiller d’un ministre influent et d’un ancien juge. Le gouvernement n’a pas voulu confier la MRA au Parquet pour plusieurs raisons, dont celle relative à un lien de parenté entre un homme de loi du State Law Office et un cadre des services des douanes. Histoire de ne permettre aucune fuite éventuelle d’informations.
Le Parquet a été mis devant les faits accomplis et s’est vu confier la tâche de rédiger la loi, dont le contenu avait déjà été préparé par ces trois hommes.
Des syndicalistes aux anges
Initialement, la MRA prévoyait que tous les employés affectés dans les cinq départements allaient être obligés de passer par un critère de sélection pour se faire embaucher par l’organisme. Après contestation, la sélection a porté sur les Middle et Top Management seulement. Après d’autres négociations de la part des syndicalistes, le gouvernement a accepté que les cadres classifiés comme ‘Principal’ soient exemptés de cet exercice et que les cadres du Top Management allaient avoir priorité pour un emploi au sein de la MRA aux termes d’un exercice de sélection. Le gouvernement a également décidé que c’est le président de la République, et non le PM, qui nommera le président de cet organisme, en consultation avec le Premier ministre et le leader de l’Opposition.
Les syndicalistes sont aux anges. Tulsiraj Benydin trouve dommage « qu’un petit groupe de fonctionnaires devra subir un exercice de sélection que le PM nous a promis va être fait d’une façon neutre», mais estime que le dialogue a décanté la situation. Radakrishna Sadien abonde dans le même sens, tout en ajoutant que « si le gouvernement avait voté la MRA initiale, il y aurait eu des problèmes. »
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La MRA votée après deux renvois
Des amendements à la pelle. Sous la pression, le gouvernement a été forcé de revoir la copie de la Mauritius Revenue Authority (MRA) afin de l’expurger de certaines clauses pour satisfaire des syndicalistes intransigeants.
La MRA a finalement été votée, après deux renvois, aux petites heures hier.
Il est 01h35 en ce samedi matin. Les débats sur la MRA, enclenchés par le Premier ministre à 15h44 la veille, viennent d’être mis au vote. Avant de connaître un tel dénouement, le gouvernement a dû accepter de négocier avec les syndicalistes après intervention de Navin Ramgoolam qui avait demandé de renvoyer les débats pour permettre à tous ceux concernés d’étudier les 14 pages d’amendements que proposait le ministre des Finances.
Il y a eu une première rencontre, mercredi dernier, et deux autres vendredi, dont une alors que les débats avaient déjà été enclenchés à l’Assemblée nationale. Finalement, syndicalistes et gouvernement sont arrivés à un compromis et la MRA a pu être mise au vote.