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Le dernier hommage aux disparus de Béchard Lane

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Mooneshwuar Jhowry, , le mari de Mayadevi et le père de Kesha et de Bavish, pratique les derniers rites avant la fermeture du cercueil de sa femme

De belles fleurs, beaucoup de monde et des visages tristes. Mercredi dernier, 15h00. Le petit Devesh Nunkumar, 11 ans, est le dernier des dix morts retrouvés dans une maison à la rue Béchard, St-Paul, le 27 août dernier à être inhumé. Les proches sont tous là, au cimetière Bigara, pour rendre un dernier hommage à ce petit garçon dont la mort demeure mystérieuse.

Plus tôt le même jour, les funérailles de Kountee, 67 ans, Ravi, 36 ans, Chinta, 30 ans, Critika, 37 ans, - la mère de Devesh et l’épouse de Ashok Nunkumar -, tous membres de la famille Mawooa, ainsi que celles de Rajesh Dhayam et Paul Hervé Janvier ont eu lieu. Kountee, son fils Ravi et sa fille Chinta, sœur de Critika, sont inhumés au cimetière d’Henrietta. Critika est, quant à elle, enterrée au cimetière Bigara tout comme son fils.

Rajesh Dhayam qui selon, la police, aurait été l’amant de Critika, est pour sa part inhumé au cimetière de Montagne-Blanche et Paul Hervé Janvier au cimetière de Phoenix, dans le caveau familial.

La veille, les corps de Mayadevi Jhowry, une habitante de Montagne Longue, et de ses deux enfants, Kesha, 17 ans, et Bavish, 14 ans, ont été inhumés au cimetière de Bois-Marchand en présence de la famille et des proches. Mayadevi était une amie de Critika Mawooa. Les deux femmes travaillaient ensemble dans un salon de coiffure à Trou-aux-Biches.

Des funérailles comme toutes les autres pour le petit Devesh: tristes.

Même si cette mort est qualifiée « d’enn movais la mort» par des badauds présents ce mercredi après-midi au cimetière Bigara à Curepipe, la famille ne cache pas sa tristesse.

L’île Maurice est encore bouleversée par cette mort collective mystérieuse, mais Ashok Nunkumar, le père du petit Devesh, l’est encore plus. Il est inconsolable.

«Devesh voulait venir passer ses vacances avec moi à Madagascar» 

Cet homme d’affaires est rentré dimanche matin de  Madagascar où il travaille dans le secteur de l’import-export. Il a les yeux rougis. Il a beaucoup pleuré : «La dernière fois que j’ai vu mon fils en bonne santé remonte à septembre 2003 et la dernière fois que je l’ai entendu au téléphone date de trois semaines de cela. C’est terrible ce qui lui est arrivé. Il voulait venir passer ses vacances avec moi à Madagascar. »

Ashok Nunkumar est fatigué. Avec Devesh dans une caisse en bois recouverte, d’un drap blanc, (ndlr : Ashok n’a pas voulu faire de cercueil pour, dit-il, ses raisons) qu’il met en terre vers 14h50, c’est une longue journée «pénible» qui prend fin. Cinq minutes plus tôt, il a enterré, quelques mètres plus loin, sa femme, Critika, de qui il vivait séparé depuis quatre ans. Pour enterrer cette dernière, Ashok a fait l’acquisition d’une concession alors que son fils a été enterré dans une fosse familiale. Pas de prière pour l’inhumation de Critika et de Devesh. «C’est parce qu’ils ne sont pas morts de cause naturelle», nous explique un proche des Nunkumar. «C’est d’après les ‘systèmes’ de la religion. On va d’abord attendre quarante jours et après, on verra s’il y aura les prières pour les morts», ajoute ce proche.

Vers 13h10, au cimetière d’Henrietta - avant que Ashok Nunkumar n’enterre sa femme et son fils au cimetière Bigara à Curepipe -, il a enterré sa belle-mère Kountee, son beau-frère Ravi et Chinta, sa belle sœur.

Moment pénible pour les membres de la famille Mawooa qui s’étaient déplacés pour accompagner les morts à leurs dernières demeures.

«Depuis une semaine, nous sommes dans le flou et dans la souffrance. J’ai perdu presque tous les membres de la famille», nous dit Rumila, une des deux sœurs encore en vie de la famille Mawooa.

Moment difficile pour les membres de la famille. Les portières de la camionnette transportant les dépouilles au cimetière s’ouvrent. Malaise ! Une odeur nauséabonde se répand. Les corps sont entreposés dans des caisses en bois qui font office de cercueils.

Les fentes entre les planches clouées laissent échapper une odeur putride. Mais l’heure est au recueillement. L’odeur ne semble pas intimider les proches présents.

Vêtue d’un churidar orange, Sarita Mawooa, la femme de Ravi, est présente, les larmes aux yeux. Elle tient dans ses bras le petit Yohans, son bébé de quatre mois. «C’est mon mari et le père de mon enfant qu’on enterre, je me devais être là. J’ai la tête fatiguée. Mon fils ne connaîtra pas son père», déclare Sarita.

Au même moment au cimetière de Phoenix se déroulent les funérailles de Paul Hervé Janvier, le dixième mort. Ce clerc de notaire était porté manquant depuis deux ans.

À 11h00 ce même mercredi ont lieu à Montagne Blanche les funérailles de Rajesh Dayam. Pour les funérailles de cet ex-cadre du Mahatma Gandhi Institute (MGI), porté manquant depuis le 6 août dernier, famille, proches et collègues se sont déplacés.

«Même si nous étions divorcés depuis six ans, nous étions en bons termes. Je n’arrive toujours pas à accepter sa mort », nous a dit Veena, l’ex-femme de Rajesh Dhayam, présente aux funérailles.

Des pleurs, encore des pleurs au cimetière de Bois Marchand, mardi 18h, lorsque les Jhowry enterrent les leurs. Les cercueils de Mayadevi Jowry, 40 ans, et de ses deux enfants: Bavish, 14 ans, et Kesha, 17 ans, recouverts d’un sari, d’une robe blanche et d’un drap blanc respectivement, sont inhumés après une prière. « J’ai tout perdu », nous déclare Mooneshwuar, le mari de Mayadevi.

L’enquête pour établir la cause de cette mort collective se poursuit. La police penche pour la thèse de suicide collectif par empoisonnement plutôt que pour celle d’un acte criminel. Si, au départ la thèse d’un empoisonnement accidentel avait été évoquée, les enquêteurs l’ont maintenant exclue.

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La police objecte à la crémation

«On a demandé aux familles d’inhumer leurs proches au lieu de les incinérer pour les besoins de l’enquête, si toutefois dans un avenir proche, il faut déterrer les corps pour pratiquer à nouveau des autopsies», nous a déclaré une source policière. «C’est la police qui nous a demandé de ne pas brûler les corps mais de les enterrer. C’est sans doute pour les besoins de l’enquête», nous a déclaré pour sa part, Subhash Jhowry, le beau-frère de Mayadevi Jhowry, une des dix morts de St-Paul. Les familles Mawooa et Dhayam nous ont également assuré que c’est la police qui leur avait demandé de ne pas procéder à la crémation. Effectivement, les familles des dix personnes retrouvées mortes le 27 août dernier, dans une maison à la rue Béchard à St-Paul, ont inhumé les corps de leurs proches décédés au lieu de les incinérer comme le veut la tradition hindoue. (Ndlr : neuf des dix morts sont de foi hindoue alors que Paul Hervé Janvier, le dixième, est de foi catholique).

Par Michaëlla Coosnapen, Nadine bernard,

et christophe karghoo

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