La gestion du dossier brûlant de la réforme de la pension par le ministre de la Sécu irrite la majorité gouvernementale
L’Opposition a fait ses choux gras de la pagaille autour du formulaire de la pension de vieillesse. Sam Lauthan en a fait les frais et a - comme son leader - présenté ses excuses à nos aînés.
C’était mardi dernier, à l’Assemblée nationale lors de la Private Notice Question (PNQ) consacrée à la pension de vieillesse ciblée. Ce ciblage est vivement contesté par les syndicalistes et l’Opposition qui parlent d’un début de la fin de l’État providence.
Acculé, le ministre de la Sécu l’a été. Poussé dans ses derniers retranchements, Sam Lauthan est venu confirmer ce que beaucoup redoutaient : ceux qui ne retournent pas les formulaires de la Sécurité sociale dûment remplis avant le 15 septembre prochain ne toucheront pas leur pension de vieillesse.
Il y a à Maurice quelque 120 000 pensionnés, a dit le ministre.
Après la Prison, le scandale MCB/NPF, voilà un autre dossier qui semble avoir été maladroitement géré par le ministre Sam Lauthan.
Tâtonnant, balbutiant, hésitant, le ministre a prêté le flanc aux critiques de l’Opposition qui s’en est donnée à cœur joie. Au grand dam du PM qui ne tenait pas en place et qui a tenté, à travers un ‘Point of Order’, de venir à la rescousse de son ministre. En vain ! Une situation qui ne manquait pas de gêner les parlementaires de la majorité dont certains, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, ont fait des commentaires défavorables sur la performance du ministre.
Le ministre noie le poisson
La réponse du ministre Lauthan à la PNQ était kilométrique; il a mis l’accent sur ses réalisations à la tête de son ministère. Manifestement, il voulait noyer le poisson. Il a été rabroué par le Speaker qui lui a demandé de ne pas faire du hors-sujet. Cela a créé davantage de confusion, ce qui a fait dire à Navin Ramgoolam, à l’adresse de Sam Lauthan : « J’ai peur que, dans votre tête, vous ne soyez pas clair. »
Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval et Madan Dulloo ont critiqué le caractère « intrusive » du formulaire envoyé à nos vieux. Ils se sont surtout appuyés sur l’une des clauses du formulaire qui fait mention d’un possible emprisonnement si les informations qui y sont inscrites se révèlent fausses.
Quand l’Opposition a réclamé la tête du ministre, Sam Lauthan a énuméré ses « nombreuses réalisations » et son « courage » à la tête de son ministère. Ce qui justifie, selon lui, qu’il conserve son poste de ministre. Et quand le Speaker a mis fin à la séance de la PNQ, le ministre de la Sécu a poussé un ouf de soulagement avant de prendre un grand verre d’eau. Pour faire passer un bien mauvais moment.
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Les bons mots
L’abc d’Ashok Jugnauth
Le ministre de la Santé a bien fait rire la Chambre en défendant les réalisations du gouvernement : «L’Opposition dit que nous n’avons pas fait a, b, c, d. Je leur réponds que nous avons déjà fait w, x, y, z »
Le PM «Papi Clown» ?
Accusant le coup à chaque fois que l’Opposition allègue que le gouvernement protège les barons sucriers, Paul Bérenger a attendu patiemment qu’il intervienne sur le projet de loi du ministre Lesjongard pour répondre à ses détracteurs. «L’Opposition nous critique d’être à la solde du secteur privé. Quand les Travaillistes étaient au pouvoir, ils étaient dans les poches des barons sucriers. Les barons sucriers étaient alors des petits copains et on dansait même ensemble à Albion », a dit le PM. Avant de critiquer l’absence de Navin Ramgoolam à l’heure des débats : «Le leader de l’Opposition est un déserteur. » James Burty David a alors dit, tout haut : «Papi Clown.» À l’adresse de qui ?
L’estomac dans les talons
Il est 12h58. La prochaine question est destinée au ministre de l’Éducation. Le PM consulte sa montre et regarde en direction du Speaker. Il croyait que ce dernier allait ajourner les travaux pour la pause-déjeuner. Or, tel n’a pas été le cas. La question B/722 a été admise, car elle concernait les problèmes survenus dans une école gouvernementale de Triolet. Paul Bérenger n’a pas caché sa déception et s’est frotté le ventre en regardant le Speaker. Le PM avait manifestement l’estomac dans les talons.
Une loi vieille d’un demi-siècle
La ‘Planning and Development Bill’ vient remplacer une loi qui date de plus de 50 ans. Le ministre Joe Lesjongard a voulu que la nouvelle loi qui entre en vigueur en octobre prochain «élimine la lourdeur bureaucratique.» Il a apporté plusieurs amendements pour «permettre au secteur des affaires de mieux se développer.»
L’un des principaux buts de cette loi est d’éliminer l’octroi d’un permis de développement «à des projets résidentiels mineurs.» L’Opposition a critiqué la constitution d’un comité de douze personnes, principalement la présence de trois membres du secteur privé.